Le sorgho ? Pas pour Antoine Thibault (27)
TNC le 28/04/2023 à 09:12
Si le sorgho est parfois présenté comme la plante miracle pour remplacer le maïs, l'implantation de la nouvelle culture n'est pas toujours avantageuse. Pour Agriskippy, le maïs reste plus sécurisant. Une réflexion à mener à l'échelle de chaque exploitation.
Pourquoi Antoine Thibault, persiste « tel un âne borné et réac » à cultiver du maïs ? Parce que le sorgho… ce n’est pas du maïs ! Si la substitution réussit à certains agriculteurs, d’autres systèmes, comme celui d’Agriskippy, sont moins adaptés à l’implantation de cette nouvelle fourragère.
Avec 30 000 ha de sorgho fourrager implantés en France d’après Semae en 2022, la culture reste loin derrière celle du maïs fourrage, qui avoisine les 1 270 000 ha.
« Le sorgho c’est une plante qui se sème tard, et qui adore la chaleur. Pour nous en Normandie, les variétés ne sont pas assez précoces pour arriver à maturité suffisamment tôt », explique l’éleveur de l’Eure, qui s’est intéressé à cette nouvelle fourragère.
C’est la période des semis de maïs !
Mais pourquoi, en cette période de pénuries d’eau et que tous les penseurs de l’agriculture préconisent le sorgho, je persiste tel un âne borné et réac à cultiver du maïs ? pic.twitter.com/lzqeUD6If6
— Antoine Thibault (@AgriSkippy) April 25, 2023
Un semis tardif
La culture est particulièrement adaptée aux climats chauds, avec une température optimale supérieure de 4°C à celle du maïs. Le sorgho supporte aussi mieux le stress hydrique, avec un système racinaire permettant de capter l’eau en profondeur. Mais revers de la médaille : la nouvelle fourragère a besoin de sols bien réchauffés et d’eau à l’implantation. En deçà des 12°C, difficile d’espérer une levée homogène. « En Normandie, cela revient souvent à attendre la mi-mai pour l’implanter. A cette époque, la sécheresse superficielle des sols commence déjà à s’installer ».
« Il y avait eu des essais réalisés il y a quelques années sur des sols séchants. Sans irrigation, les semis tardifs de sorgho n’avaient rien donné », précise l’agriculteur. D’autant que le rendement en matière sèche d’un sorgho reste inférieur à celui d’un maïs en situation favorable.
Des valeurs alimentaires différentes
Sur les 73 ha de son exploitation, Antoine Thibaut dispose de 47 ha de prairie permanente. La base de la ration est donc constituée d’herbe. « Le sorgho n’est pas forcément adapté pour complémenter l’herbe, déjà riche en sucre. Mieux vaut une complémentation en amidon ».
Mais cela ne veut pas dire que la culture ne présente aucun intérêt. « Pour moi, le sorgho n’est pas adapté à la complémentation d’une ferme où la ration est à base d’herbe, mais cela ne veut pas dire qu’il n’est pas intéressant pour d’autres systèmes ». L’introduction de sorgho dans une ration à base de maïs ensilage riche en amidon peut par exemple être une solution pour éviter l’acidose. D’autant que le sorgho n’a pas forcément besoin d’eau aux mêmes périodes que le maïs.
Oui mais je fais pas ça parce que papa le faisait ou comme tous les voisins, c’est une vraie réflexion qui intervient après une MAE réduction d’intrants (et de maïs) où j’ai bien vu ce que ça donnait comme précarité financière et fourragère de le diminuer.
— Antoine Thibault (@AgriSkippy) April 25, 2023
En bref, à chacun d’avoir une « vraie réflexion » pour adapter son système fourrager au changement climatique, explique Antoine Thibault en commentaire.