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Changement climatique

La culture du sorgho gagne du terrain


TNC le 09/03/2023 à 17:45
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Pour Valérie Brochet de Sorghum ID, « le sorgho grain gagne à être connu pour son débouché en alimentation humaine ». (©Pixabay)

Grâce à la sélection variétale notamment, le sorgho s'est acclimaté au territoire hexagonal et met en avant ses atouts face au réchauffement climatique. Aujourd'hui, la production française de sorgho sert principalement à nourrir les animaux d'élevage, mais la culture offre aussi d'autres débouchés sur lesquels la filière travaille.

D’origine africaine, le sorgho a conquis, au fil des siècles, tous les continents pour devenir la 5e céréale la plus consommée au monde, avec 60 millions de tonnes produites en 2022. Parmi les principaux producteurs : le continent africain, ainsi que les États-Unis, l’Argentine et l’Australie. Les climats européens se sont également très bien adaptés à la culture notamment en Italie, en Ukraine, en Hongrie ou encore en Roumanie. Néanmoins, c’est la France qui se place en tête des pays producteurs européens avec 90 000 ha cultivés (dont 60 000 ha de sorgho grain et 30 000 ha de sorgho fourrager environ).

Si le Sud-Ouest reste le bassin historique de production de sorgho dans l’Hexagone, la sélection réalisée par les entreprises semencières permet d’obtenir des variétés nouvelles, mieux adaptées à nos territoires. Valérie Brochet, déléguée Sorghum ID, souligne ainsi « l’émergence de nouveaux bassins dans le centre et une remontée des zones cultivables vers le nord ».

Surfaces de sorgho en France. (©Arvalis, données Agreste 2021)

Des atouts face au changement climatique

Pour Jacques Groison, directeur général adjoint du groupe Arterris, il existe encore un potentiel de développement important pour le sorgho en Europe et en France particulièrement. Ses origines africaines lui confèrent des atouts intéressants face au réchauffement climatique, sa bonne tolérance à la sécheresse notamment. Installé récemment sur l’exploitation familiale en Camargue (200 ha de grandes cultures), Aymeric de Coussergues produit du sorgho semences. Il témoigne : « la culture dispose d’un système racinaire ramifié (très profond, jusqu’à 2 m), qui lui permet de mieux mobiliser l’eau disponible. Sa faible surface foliaire et sa cuticule cireuse limitent aussi le phénomène d’évapotranspiration », explique-t-il.  

Attention le sorgho aime l’eau et en a tout de même besoin ! Mais ses périodes de sensibilité (démarrage et stade gonflement principalement) sont différentes des autres cultures de l’assolement, ce qui permet à l’agriculteur de privilégier l’irrigation pour d’autres cultures.

Autre atout du sorgho : il est économe en intrants. Ses longues racines permettent à la culture de puiser les nutriments du sol dont il a besoin, réduisant ainsi l’utilisation d’engrais. De plus, sa faible exposition aux maladies et aux prédateurs limitent également le recours aux produits phytosanitaires. Son fort pouvoir couvrant lui confère l’avantage de protéger le sol et d’étouffer les adventices, précise aussi Semae. 

Ainsi, même si le chiffre d’affaires du sorgho est moins important, les faibles charges opérationnelles compensent et offrent « une marge économique équivalente aux autres cultures semences de l’exploitation », observe Aymeric de Coussergues. Il cultive également du maïs, du tournesol, du colza, du blé et du riz en production de semences.

« Une céréale d’avenir pour l’alimentation humaine »

Aujourd’hui, la production française de sorgho sert majoritairement à l’alimentation animale mais la filière travaille à multiplier les débouchés possibles pour la culture. Il faut préciser que dans la grande famille des sorghos, on distingue deux catégories principales : 

– le sorgho fourrager, monocoupe ou multicoupe. Il présente une composition chimique similaire à celle du maïs, avec toutefois un taux de protéines légèrement supérieur. Cette céréale peut être intégrée aux rations de la plupart des filières d’élevage (vaches laitières, bovins et ovins). Certaines variétés de sorghos monocoupes sont utilisées aussi en méthanisation pour leur biomasse.
– le sorgho grain est également utilisé en alimentation animale (volailles, porcs ou aliments composés). Mais 40 % de la production mondiale du sorgho grain est aussi destinée à l’alimentation humaine. 

Retrouvez sur la carte interactive ci-dessous le détail des surfaces de sorgho grain en France par département, leur évolution sur un an et par rapport à la moyenne quinquennale 2017-2021 :

Pour Valérie Brochet, « le sorgho grain gagne à être connu » sur ce dernier point.  « Il est nutritionnellement comparable aux principales céréales en termes de protéines, d’acides aminés et de vitamines et riche en fibres, et permet aussi de produire des farines sans gluten et faibles en glucide adaptées aux régimes spécifiques (diabète et maladie cœliaque). Le sorgho peut également être consommé en grain entier, comme le riz et en semoule, ou, après transformation, sous forme de sucre, ou malté et fermenté, sous forme d’alcools (bière, spiritueux…). Si l’utilisation de cette céréale est ancestrale en Afrique et en Asie, cela reste encore relativement nouveau en Europe.

Des recherches sont alors en cours, par exemple, pour améliorer les propriétés organoleptiques et technologiques des produits fabriqués à base de sorgho comme des pâtes, des biscuits et du pop sorgho, et ainsi les faire accepter aux consommateurs. À suivre donc…