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Prix du lait

Le recul du prix du lait gagne aussi la France


TNC le 27/04/2023 à 12:02
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Après une progression en 2022, moindre par rapport aux pays d'Europe du nord, le prix du lait en France reflue depuis mars (©Terre-net Média)

Alors qu’il décroche depuis le début de l’année en Europe du nord, le prix du lait se replie depuis le mois de mars en France, note l’Idele. La demande, notamment chinoise, et l’évolution des prix des ingrédients laitiers devraient influencer son évolution dans les prochains mois.

« Le prix du lait fléchit déjà en France », relève l’Idele dans ses Tendances du mois d’avril : s’il s’est « stabilisé à un haut niveau en février 2023 » – 483 €/1 000 l pour le lait standard 32-38 toutes qualités -, « le prix du lait en France aurait baissé d’environ 10 €/1 000 l en mars et davantage en avril », d’après les premières estimations.

Prix du lait standard en France. (©GEB-Idele d’après FranceAgriMer)

Plusieurs éleveurs signalent d’ailleurs des baisses dans les prix annoncés par les laiteries pour les mois qui viennent. « Lactalis, pour (un lait standard en) 38-32, va payer 436 €/1 000 l en avril, 428 en mai et 416 en juin », rapporte Corentin sur la page (Facebook) des producteurs de lait. Olivier relaie un prix de 430 €/1 000 l chez Terra Lacta en lait conventionnel hors-primes pour avril, et 420 €/1 000 l pour mai.

Décrochage des prix européens

« Après avoir progressé plus tardivement et modérément qu’ailleurs dans l’UE-27 », le prix du lait en France « suit désormais la même tendance baissière que dans la plupart des pays de l’UE », reprend l’Idele.

De fait, le prix du lait européen recule fortement début 2023 face au « décrochage brutal des prix des ingrédients laitiers à l’automne » : – 65 €/1 000 l en trois mois, s’établissant à 518 €/1 000 l en mars (+ 78 € par rapport à mars 2022).

Le prix a surtout dégringolé en Europe du nord : depuis son pic de décembre, il a perdu 127 €/1 000 l en Pologne en trois mois, 120 €/1 000 l aux Pays-Bas, 81 €/1 000 l au Danemark. Entre décembre et février, il a baissé de 118 €/1 000 l en Irlande et de 73 €/1 000 en Allemagne.

Prix du lait conventionnel en France, en Allemagne, en Irlande. (©GEB-Idele, d’après FAM, AMI-ZMB et MMO)

Côté collecte, elle a fortement baissé en France au premier trimestre avec un recul de 2,5 à 3 % en mars par rapport à 2022. Ceci s’explique par « des stocks fourragers au plus bas dans certaines zones, des arrêts d’ateliers laitiers plus nombreux » et « un cheptel laitier en fort repli » : – 2,6 % en mars par rapport à 2022, une baisse record.

Dans l’UE, le dynamisme de la collecte observé depuis septembre commence à ralentir (+ 0,6 % en février/2022). « La forte baisse des prix du lait en Europe du Nord risque de stopper la reprise de la production laitière après le pic saisonnier de mai prochain », présage l’Idele.

Et demain ?

Pour l’heure « rapide et spectaculaire », la chute des prix devrait être influencée par l’évolution de la demande, « avec une attention particulière sur le comportement de la Chine aux achats ». Après une forte baisse en 2022, les importations chinoises restent de fait « modérées début 2023 ».

Les prix des ingrédients laitiers (beurre et poudre maigre) conditionneront aussi l’évolution des prix du lait. Mais si les cotations de ces commodités laitières « semblent se stabiliser depuis plusieurs semaines, le prix du lait devrait continuer de baisser dans les prochains mois en Europe du Nord et par voie de conséquence en France », avance l’Idele.

D’ajouter : « Reste à savoir quelle sera l’ampleur de la baisse du prix du lait français. Avec un risque possible de ciseaux des prix pour les éleveurs au regard des charges engagées à l’automne à des prix plus élevés qu’aujourd’hui ».

Le déficit chronique entre prix et coûts ne doit pas être la norme, selon l’EMB

Après la « situation exceptionnelle » de 2022 qui a « entraîné une couverture des coûts çà et là pour quelques producteurs », l’European milk board (EMB) revient, dans un communiqué du 26 avril, sur la chute des prix et le risque d’effet ciseaux.

Alors que la part de coûts non couverte avoisine voire dépasse 50 cts/kg de lait dans plusieurs pays d’Europe, « le déficit chronique entre prix et coûts ne peut pas représenter la norme sur le marché », martèle l’association d’éleveurs. Il « s’agit d’une exploitation abusive des agriculteurs et de notre système alimentaire », selon son président Kjartan Poulsen (Danemark).

Il exhorte la Commission européenne à prendre au sérieux les difficultés du secteur – 10 % des éleveurs lituaniens ont par exemple abandonné la production laitière en février 2023, les demandes de soutien du pays à l’UE ont été rejetées – et « de tout mettre en œuvre pour éliminer le déséquilibre profond qui se profile ». Il propose pour cela d’activer un programme de réduction volontaire de la production puis d’aller vers un système durable sur le plan social, que l’organisation européenne détaille sur son site.