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Intervalle vêlage vêlage

Le détecteur de chaleur a peu d’impact sur les troupeaux déjà performants


TNC le 03/01/2023 à 05:05
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Si le gain en confort de travail est avéré, l'Institut de l'élevage a cherché à mesurer l'intérêt des détecteurs de chaleurs sur les performances à la reproduction. (©Pixabay)

L'institut de l'élevage a étudié l'impact de l'utilisation de dispositifs de détection des chaleurs sur 56 exploitations normandes afin de voir si la technologie répondait bien aux promesses des fabricants. Le dispositif permet de gagner jusqu'à 17 jours d'IVV sur des troupeaux aux performances dégradées, mais l'effet est presque nul chez les éleveurs inséminant déjà leurs vaches rapidement après le vêlage.

« À l’exception des argumentaires des fabricants d’outils, aucune étude ne s’est penchée sur l’évolution des performances de reproduction des troupeaux avec des dispositifs de détection de chaleur », introduit Fabrice Bidan, chef de projet reproduction à l’Institut de l’élevage, lors d’une présentation à l’occasion des journées 3R.

Un effet significatif en cas de performances dégradées

« L’impact de l’acquisition d’un détecteur de chaleur est beaucoup plus remarquable sur les troupeaux bénéficiant de performances de reproduction dégradées, du fait de l’importance de la marge de progression », explique l’expert. Les troupeaux affichant un intervalle vêlage – IA fécondante supérieur à 135 jours sans détecteur ont ainsi gagné 17,7 jours d’IVV, passant de 437,8 jours en moyenne, à 420,1. L’intervalle vêlage – IA fécondante a également diminué, passant de 141,6 jours, à 125,6 jours.

Il y a peu d’effet s’il n’y a pas de marge de progression possible

Sur des troupeaux ayant un intervalle vêlage – IA fécondante compris entre 120 et 134 jours, une diminution de l’IVV de 9,6 jours a été observée. Dans ce cas, « l’amélioration de la fécondité en nombre de jours est deux fois moins importante par rapport aux troupeaux précédents », note Fabrice Bidan. Les troupeaux avec les meilleures résultats à la reproduction, avec un intervalle vêlage – IA fécondante de moins de 120 jours affichent une baisse de 3,6 jours d’IVV. « Il y a peu d’effet s’il n’y a pas de marge de progression possible. Ce type d’équipement est surtout intéressant pour repérer les chaleurs discrètes, et aider lorsqu’on n’est pas à l’aise avec la détection des chaleurs », confirme Fabrice Bidan. Dans ce cas, l’utilisation d’un détecteur de chaleur relève davantage d’un choix d’organisation du travail, que d’amélioration des performances.

Les troupeaux ayant entre 65 et 99 vêlages sont ceux qui ont le plus profité de la mise en place du détecteur de chaleur, avec une diminution significative de l’IVV de 16,5 jours, contre seulement – 5,7 jours d’IVV pour les troupeaux avec plus de 100 vêlages. Dans ce cas, le détecteur de chaleurs peut aider à passer un « effet de seuil critique où la main d’œuvre ne serait pas suffisante par rapport aux nombres d’animaux à surveiller ».

Problème de détection ou problème de fertilité ?

L’équipement peut permettre d’améliorer les performances à la reproduction quand l’éleveur peine à identifier les chaleurs, mais il n’a aucune action sur la fertilité de l’animal.

Ainsi, pour Fabrice Bidan, l’achat de dispositif s’établit généralement dans une démarche globale d’amélioration des performances à la reproduction. Parmi 19 éleveurs laitiers ayant fait l’achat de l’équipement, tous avaient conjointement fait évoluer leurs pratiques d’élevage. « On peut citer de nombreux leviers, comme l’évolution de la ration, l’augmentation de la main d’œuvre affectée au suivi de la reproduction, la gestion stricte du renouvellement ou encore un suivi plus précis du troupeau », note Fabrice Bidan. Dans ce contexte, difficile de dissocier l’impact du détecteur de vêlage, et des autres leviers actionnés.