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Prix du lait

Lactalis s’attend à une « hausse significative » du prix payé aux producteurs de lait en 2021


AFP le 18/05/2021 à 17:40
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Lactalis, qui collecte le quart du lait français, prévoit de rémunérer davantage les producteurs de lait en 2021 vu la remontée des cours mondiaux, a dit mardi son président, Emmanuel Besnier.

« Nous sommes assez confiants sur une hausse du prix du lait en 2021 », a déclaré lors d’une conférence de presse Emmanuel Besnier, le président du groupe, qui revendique la place de n°1 mondial du lait et collecte le quart du lait français. « Pour 2021, normalement, le prix du lait en France devrait être en hausse significative, il sera tiré par les marchés internationaux » des matières premières que sont le beurre et la poudre de lait, revenus à des « niveaux d’avant Covid », a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse.

L’an dernier, « j’avais été assez pessimiste » sur le prix du lait au vu de la plongée de ces mêmes cours au début de la crise sanitaire, a-t-il souligné. Il avait estimé, début juin 2020, que le prix payé aux éleveurs s’orientait vers « une baisse en moyenne » sur l’ensemble de l’année, s’attirant la colère des producteurs. « Révoltant !!! » avait aussi réagi Guillaume Canet sur Instagram, dans un message approuvé des milliers de fois. L’acteur avait incarné un éleveur plongé dans l’enfer du surendettement jusqu’au suicide, dans le film « Au nom de la terre ».

Finalement, les cours sont remontés, la consommation de lait s’est maintenue et Lactalis a payé le lait de vache 369 euros les mille litres en moyenne en 2020 (toutes qualités confondues, lait biologique compris), contre 370 euros en 2019. Lactalis n’a pas communiqué d’estimation chiffrée pour 2021.

Par rapport aux autres grands industriels du lait français – Sodiaal, Agrial et Savencia – « on est l’entreprise qui valorise le mieux le lait en France », a affirmé mardi M. Besnier. « On est les mieux-disants et on a réussi cette année à stabiliser nos prix », a-t-il insisté.

Le prix du lait dépend des cours mondiaux, mais aussi des négociations entre l’industriel et la grande distribution sur le tarif des produits qui seront mis en rayon. 

Les éleveurs mécontents

Sur ce terrain, les discussions ont été « difficiles » et « ne permettront pas forcément de justifier » une revalorisation supplémentaire du prix du lait, a rapporté M. Besnier.

Le résultat des négociations avec les enseignes de la distribution ne va « pas être génial » mais le rebond des marchés internationaux « va peut-être nous sauver l’année », avait prudemment estimé en avril, auprès de l’AFP, Jehan Moreau, directeur général de la FNIL, la fédération qui rassemble les industriels du lait. Les éleveurs leur reprochent de mettre du temps à répercuter la hausse des cours mondiaux dans leurs prix d’achat. D’autant que les charges des agriculteurs ont aussi fortement augmenté, notamment le coût de l’alimentation du bétail.

« Les producteurs de lait ne sont pas satisfaits du prix payé en ce début d’année 2021, loin de là », affirme mardi dans un communiqué la FNPL, fédération spécialisée du syndicat majoritaire FNSEA. « Les industriels et les distributeurs publient de très bons résultats, ce n’est pas notre cas », écrit-elle encore.

Emmanuel Besnier s’exprimait à l’occasion de la présentation des résultats 2020, organisée dans une des plus grosses laiteries du groupe, à Vitré (Ille-et-Vilaine), qui conditionne 350 millions de litres de lait pasteurisé par an. Sur l’année, le chiffre d’affaires a progressé de 5,9 %, à 21,1 milliards d’euros. Le bénéfice net a quant à lui progressé de 34,3 %, à 427 millions d’euros, revenant ainsi quasiment au niveau de 2018, alors que 2019 avait marqué un net recul en raison de provisions liées à des acquisitions.

En 2021, Lactalis prévoit de boucler l’absorption de la division fromages du géant américain Kraft Heinz (1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires) ainsi que de la marque Leerdammer, auparavant détenue par Bel, une fois obtenu l’aval des autorités de la concurrence.

Interrogé pour savoir s’il était tenté comme des concurrents d’augmenter la part des produits d’origine végétale dans son portefeuille, Emmanuel Besnier a souligné que Lactalis n’était pas prêt de « changer de métier au gré des modes ». « Nous restons avant tout des laitiers », a-t-il dit, convaincu que les produits laitiers sont « bien meilleurs pour la santé et le goût que les jus végétaux ».