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Robot d'alimentation

La SCEA Poussier (14), ferme pilote du DairyFeed F4500 de GEA


TNC le 15/03/2023 à 09:02
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Les éleveurs ont opté pour une stabulation logettes caillebotis la plus ouverte possible. (©TNC)

Clémence Poussier et son père testent depuis quelques mois le tout nouveau robot d'alimentation GEA DairyFeed F4500. Après quelques réglages et ajustements, ils estiment gagner un temps précieux au quotidien.

Après un premier wagon sur rail sorti en 2012, GEA France met sur le marché son tout nouveau robot d’alimentation autonome DairyFeed F4500. C’est dans le Calvados que le premier prototype de l’Hexagone est apparu. La SCEA Poussier, qui souhaitait depuis quelques temps automatiser l’alimentation de son troupeau laitier, fait office de ferme pilote depuis l’été 2022.

Beaucoup de changements en quelques mois pour cet élevage tenu d’une main de maître par un père et sa fille. Le robot d’alimentation a été mis en route dans l’ancien bâtiment, puis les vaches ont déménagé dans leur nouvelle stabulation en septembre 2022, en même temps qu’elles sont passées de la salle de traite aux robots.

« On souhaitait simplifier le travail, ça devenait compliqué de traire 200 vaches dans notre vieille salle de traite et on manquait de places au global, explique Clémence Poussier. Les robots de traite R9500 de GEA nous plaisaient vraiment bien. Quand on a monté le projet, on a parlé de notre volonté à plus long terme de robotiser l’alimentation car mon père prendra sa retraite d’ici quelques années et avec la difficulté à trouver de la main d’œuvre, je ne pourrai pas tout faire seule. GEA nous a proposé de monter leur prototype, nous avons accepté ce qui nous a permis d’automatiser ce poste plus vite que prévu. »

Le robot d’alimentation DairyFeed F4500

« Le tout premier robot d’alimentation avait ses limites et ne correspondait plus aux bâtiments d’aujourd’hui (plus longs et avec des différences de niveaux). C’est pour cette raison que nous avons développé un modèle autonome sur roues. » Patrick Ravier, responsable marché de l’alimentation automatisée pour GEA, détaille les caractéristiques du DairyFeed F4500 : « Il est équipé d’une cuve de 2,2 m3 et a été conçu pour fonctionner 18 h sur 24 en moyenne. Totalement électrique (2 moteurs de 0,85 kW), son coût de fonctionnement varie entre 3 et 5 €/j. Il se déplace à 3 km/h et peut gravir des pentes jusqu’à 10 % et monter des marches de 5 cm. »

Il est capable d’intégrer jusqu’à 15 aliments différents, qu’il charge en se plaçant sous les cellules de stockage. Un fonctionnement que l’éleveuse apprécie : « Ces stockeurs sont simples à remplir, tout le monde peut le faire. Le robot se charge ensuite avec précision. » En effet sur ce point, le DairyFeed F4500 est équipé de 3 pesons et les rouleaux démêleurs des stockeurs ralentissent leur vitesse lorsque 75 % de la ration programmée est chargée, ce qui permet d’être très précis dans la pesée des aliments.

Contrairement à son concurrent rouge par exemple, la cuisine du robot d’alimentation GEA fonctionne avec des stockeurs : le robot se place dessous pour être rempli. Il se recharge lorsqu’il mélange la ration. (©TNC)

Il dispose aussi de 3 capteurs :

– le premier analyse les restes à l’auge : « à son passage, le robot quantifie les aliments restés à l’auge et reprogramme la distribution suivante en fonction d’eux (en décalant son horaire s’il reste assez de ration, ou en remplissant uniquement les points vides de l’auge) » ;

– le second analyse la qualité du mélange dans la cuve : « le temps de mélange est adapté aux aliments pour avoir la ration la plus homogène possible à la distribution » ;

– le troisième analyse le spectre de chaque ingrédient (matière sèche, amidon, protéines…), « cela permet de caler les quantités en fonction des propriétés de chaque aliment ».

Le robot est par ailleurs connecté à DairyNet, le logiciel unique de GEA qui pilote à la fois les robots de traite et le robot d’alimentation. « Cela permet de corréler la production et la traite à l’alimentation », appuie l’expert.

Un gain de temps d’1h30/j pour une ration plus précise

À la SCEA Poussier, les éleveurs sont passés du godet désileur au robot d’alimentation. « Ça a clairement réduit notre temps de travail. On remplit les stockeurs de maïs et d’herbe tous les jours et la paille et la luzerne pour 4 à 5 jours, détaille Clémence. On y passe environ 30 minutes contre 2h avant et les aliments distribués restent toujours frais. »

Aujourd’hui la ration est quasi complète (il reste l’aliment au robot, mais ça ne représente pas autant qu’avec les Dac avant) et Clémence a vu la différence : « La ration est mieux mélangée, les vaches mangent plus. On est beaucoup plus précis niveau pesée et la ration est bien mélangée. Les vaches ne trient pas, on a quasiment plus de refus. »

Les stockeurs font 13 m3 (réhaussables à 16 m3). Dedans (de gauche à droite) : rumiplus, paille, ensilage d’herbe, maïs ensilage. Dans les silos à côté : farine de maïs, minéraux et derrière le concentré. (©TNC)

La ration des vaches laitières : (matière fraiche/animal/j)
41 kg maïs ensilage
6 kg ensilage d’herbe
1 kg rumiplus (luzerne déshydratée en balles)
3 kg aliment 70/30 de soja/colza
2,5 kg farine de maïs
0,25 kg matière grasse (palme)
0,55 kg minéraux
4 kg eau (car maïs 2022 très sec)
Le robot met environ 45 minutes à préparer la ration

+ au robot : aliment 70/30 et aliment de production uniquement pour les VLHP

Les stockeurs font 13 m3 (réhaussables à 16 m3). Dedans (de gauche à droite) : rumiplus, paille, ensilage d’herbe, maïs ensilage. Dans les silos à côté : farine de maïs, minéraux et derrière le concentré. (©Terre-net Média)

Le robot d’alimentation est programmé pour faire 5 rations ici : les vaches laitières, les vaches en préparation vêlage, les taries et deux rations pour les réformes. « Le logiciel permet d’en faire plus bien sûr, mais ici le robot est saturé : il nourrit 300 animaux et il a beaucoup de déplacements à faire d’un bâtiment à l’autre. La cuisine est assez loin de la stabulation des vaches donc ses temps de trajet sont assez longs. Il fonctionne tous les jours de 2h du matin à 23h et repousse à chaque distribution. » Clémence a donc gardé son godet désileur pour distribuer les deux rations génisses. 

Le robot se recharge sur sa base lorsqu’il mélange la ration. (©TNC)

Entre 250 000 et 350 000 €

Difficile de chiffrer l’investissement de la SCEA Poussier puisqu’elle est ferme pilote et que l’installation du prototype s’est faite avant le lancement de la commercialisation officielle. Mais Patrick Ravier de GEA annonce une fourchette comprise entre 250 000 et 300 000 €, « ça dépend du nombre de stockeurs et des options ».

Si la ferme a certes bénéficié d’une version beta du robot, bien moins chère, le partenariat n’est pas sans contraintes et a demandé un certain suivi de la part des éleveurs : « On notait chaque détail (positif comme négatif) et GEA venait régulièrement faire des réglages, des mises à jour et des changements de pièces. »

Autant de modifications qui permettent de mettre aujourd’hui sur le marché un produit fini. Exemple de ce qui a été retravaillé : le repérage du robot. « Il fonctionne grâce à des caméras qui repèrent des points fixes sur son parcours. Il a tourné 3 mois dans l’ancien bâtiment, ça fonctionnait bien. Mais quand on est passés à la nouvelle stabulation, il avait du mal à se repérer car nous avons très peu de murs. On a été obligés d’ajouter quelques petites structures à droite à gauche pour qu’il ne se perde pas. C’est un problème qui n’avait pas été soulevé dans les autres fermes pilotes de GEA car il s’agissait de bâtiments plus fermés. Mais ce sont des fonctionnalités qui vont être améliorées, grâce à notre retour d’expérience notamment. »

Être ferme pilote implique aussi des tests et modifications : les éleveurs ont dû ajouter des repères car le premier prototype du robot avait du mal à se repérer dans l’espace face à ce bâtiment très ouvert. (©TNC) 

Nouveau bâtiment, passage aux robots de traite, mise en route du robot d’alimentation : avec tous ces changements, la production a bien augmenté. « On était bloqués à 28-29 kg de lait et on tourne aujourd’hui à 33-34 kg. Difficile de dire qui des robots de traite ou du DairyFeed en sont la cause car on a tout changé quasiment d’un coup, mais en tout cas on est contents du résultat. »