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Reportage à la SCEA de L'Argilière (80)

« Avec 280 vaches à traire, nous avons opté pour 5 robots GEA »


TNC le 07/01/2022 à 06:02
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De gauche à droite : Églantine Herbet, son frère Grégoire et leur père Francis accompagnés de Cyrille Lichtenberger de DLS élevage. (©TNC)

Mars 2021 a sonné comme un nouveau départ pour le SCEA de L'Argilière avec la mise en route des cinq robots de traite GEA R9500. De la nouvelle technologie poussée par la jeune génération qui a fait évoluer le travail autour des 280 vaches laitières.

C’est à l’est de la Somme (80) qu’est établie la SCEA de L’Argilière à l’ambiance familiale. Pas moins de 7 UTH la composent mais c’est Églantine, la plus jeune et encore salariée à l’heure actuelle, qui gère le troupeau d’une main de maître. « Je m’occupe du suivi des vaches au robot, de l’aspect sanitaire, de la reproduction en gérant les inséminations, de la génétique, ou encore du parage, présente-t-elle. Et depuis la mise en route des robots de traite, mon travail est devenu plus technique que physique », apprécie la jeune femme.

La SCEA de L’Argilière en quelques chiffres :
5 associés (Sybille et son mari Francis, leur fils Grégoire et deux tiers)
2 salariés dont Églantine, la fille, qui devrait prochainement intégrer la structure
340 ha de SAU
280 vaches laitières et leur suite de race Prim’holstein
Référence laitière : 3,1 millions de litres (Sodiaal)
Production moyenne : 10 500 litres
Taux moyens : 43/34
Activité de méthanisation en cogénération : 250 kW de production électrique alimentée à hauteur de 70 % par les effluents d’élevage

Des robots de traite pour la nouvelle génération

« On a toujours été en agrandissement de troupeau, par la croissance interne. On a poussé les murs de la stabulation petit à petit pour arriver à 300 places en logettes. Et en passant de 150 vaches laitières à 280 aujourd’hui, la salle de traite 2×12 était devenue trop petite. » En effet, il fallait compter 2x3h30 de traite quotidienne à 3 personnes, sans compter l’alimentation et les veaux.

Les jeunes passionnés par l’élevage nous motivent. 

Francis Herbet avoue : « On a toujours aimé l’élevage. Et le fait qu’on ait deux enfants passionnés derrière, ça nous booste. En 2018, la structure a connu deux installations : mon fils Grégoire et notre ancien salarié. Ma fille Églantine est aussi revenue en tant que salariée. Et qui dit nouvelle génération dit aussi nouvelles technologies : les jeunes étaient intéressés par les robots. »

Le bâtiment est scindé en deux parties avec trois robots dédiés aux multipares et deux aux primipares. (©TNC)

La marque GEA : le choix de la concession

Les associés ont signé le devis des cinq robots de traite GEA R9500 en 2019 mais le confinement a retardé les travaux et la mise en route finale s’est faite au 15 mars 2021. L’investissement s’élève à 600 000 € dont 500 000 € pour les robots et 100 000 € pour la périphérie (racleurs, cellules de stockage de l’aliment, électricité, transport du lait, sanitaire, etc.). Les éleveurs ont réalisé toute la partie maçonnerie.

Des technologies équivalentes dans les différentes marques, nous avons fait le choix des compétences humaines.

Concernant le choix de la marque, Francis se souvient : « On a visité plusieurs élevages et on a vu toutes les marques. On n’a pas trop accroché avec la politique de Lely et Delaval, très sûrs d’eux. Et puis, après échanges avec le concessionnaire GEA de notre secteur, DLS élevage, on s’est décidé. Finalement, c’est la concession qui a fait la différence : ils nous ont fournis des plans très bien conçus et l’équipe s’est révélée très motivée, le courant est vraiment bien passé ! Je dirais qu’on a plutôt fait un choix humain car concernant les technologies des robots, elles restent bonnes dans toutes les marques. »

Pourtant, GEA partait avec un point faible : la marque est peu développée dans le secteur. Mais aujourd’hui, les éleveurs en sont très satisfaits et les petits plus du robot font la différence, comme la séparation quartier par quartier, le compteur cellulaire, ou encore l’accès facilité à la mamelle.

L’organisation au sein des bâtiments :
Les VL sont séparées en 2 lots sur logettes matelas + paille broyée :
– 180 places et 3 robots pour les multipares
– 120 places et 2 robots pour les primipares
Plusieurs parcs en aire paillée ont aussi été pensés pour y loger les vaches taries et les animaux en soin.
Les génisses sont logées de 0 à 3 mois dans une nurserie toute neuve, puis en bâtiment jusqu’à 8 mois. Elles partent à 8 mois sur le second site à 10 km et reviennent pour le préparation au vêlage.

Le bâtiment des veaux a deux ans et est divisé en deux : une partie cases individuelles sur caillebotis et une autre en lots. La toiture est isolée. (©TNC)

Moins de terrain, plus de logiciel

Sur la SCEA de L’Argilière, chacun a son poste : Églantine sur l’élevage, Grégoire sur la méthanisation et la plaine, tout en aidant sa sœur en période creuse (il l’assiste par exemple aux IA en s’y étant formé également), Sybille et Francis travaillent sur l’élevage (surveillance, soins des veaux, nettoyage des logettes) ainsi que sur la partie administrative, le quatrième associé s’occupe quant à lui des génisses sur le second site, et le cinquième associé ainsi que le salarié se concentrent sur les cultures. Pour autant, l’objectif dans la ferme est que chacun puisse remplacer l’autre. Ainsi, tout le monde met la main à la pâte dans les vaches, même si ça reste Églantine aux commandes.

Et la jeune femme a vu son métier évoluer depuis le début de l’année : « Le logiciel des robots m’a beaucoup aidée dans la surveillance quotidienne. J’ai accès à plus de données. Avant je faisais tout à vue alors que maintenant je peux suivre les chaleurs sur l’ordinateur, par exemple. En gros, le temps de travail a diminué, surtout le matin ce qui nous permet d’ailleurs de commencer 30 minutes plus tard, mais il s’est davantage réparti entre la surveillance dans les vaches et celle sur l’ordinateur. C’est différent. On a gagné en souplesse et en qualité de travail. »

Le robot R9500 est la nouvelle génération GEA. (©GEA)

La ration des vaches laitières :
35 kg de maïs
8 kg de pulpe
5 kg de pommes de terre
5 kg d’ensilage de seigle ou de ray-grass
1,5 de colza
500 g de paille
Au robot : 3 kg de soja et 0 à 2,5 kg d’aliment de production

Son père Francis est d’ailleurs confiant sur les résultats : « Ce n’était pas un souhait d’augmenter la production laitière très rapidement ; on voulait surtout assurer un bon départ. Mais on se rend compte que les animaux vont vite pouvoir exprimer leur potentiel parce qu’on suit davantage les courbes de production, on individualise l’alimentation et on a davantage de réactivité sur l’état de santé des animaux. »

Les associés ne comptent par ailleurs pas s’arrêter en si bon chemin. La prochaine étape sera de revoir le bâtiment des génisses de la période du sevrage à la mise à reproduction pour plus de confort.