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Exploitations laitières

La hausse des charges pénalise à nouveau la trésorerie en 2019


TNC le 28/04/2020 à 05:57
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En 2019, l’augmentation des différents postes de charges grève encore la trésorerie des exploitations laitières, malgré une hausse des prix du lait pour certaines zones. Les revenus restent encore très bas. « Les années de crise récentes et les forts investissements réalisés dans les élevages génèrent des situations financières difficiles, parfois aggravées par la sécheresse », relève l’Idele dans un rapport publié début avril.

Synthétisant ses différents travaux issus des réseaux d’élevage Inosys, les résultats de l’observatoire de la situation financière, l’indicateur de marge MILC et les indicateurs technico-économiques de performance dans les exploitations, l’Institut de l’élevage a publié début avril une analyse des revenus 2019 des exploitations laitières.

La situation financière s’avère ainsi dégradée à la clôture de l’été 2019, pour les exploitations suivies par l’observatoire de l’endettement des trésoreries (principalement situées dans le Grand Ouest et le Cantal).

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Une trésorerie négative pour un tiers des exploitations

Dans ces exploitations, on observe une nouvelle baisse du revenu disponible, en lien avec une hausse des charges dans un contexte de prix stable, note l’Idele. Le revenu disponible s’y établit en moyenne à 20 000 € par unité de travail non salariée, ne permettant pas de générer une marge de sécurité. Les prélèvements privés se maintiennent à 21 000 € par UTANS.

L’évolution des investissements diffère en revanche selon les zones. Dans le Grand Ouest, les niveaux d’emprunts à long et moyen terme restent supérieurs aux investissements nets réalisés. Par contre, après une année 2018 en forte baisse dans le Massif Central, ils augmentent en 2019, financés par l’emprunt.

De plus, avec 102 € les 1 000 litres en moyenne, les dettes court-terme des élevages restent élevées. Un tiers des exploitations observées avait une trésorerie négative lors de la clôture d’été, et un autre tiers est endetté à long ou moyen terme, soit avec une trésorerie nette globale positive, mais un ratio annuité/EBE supérieur à 40 % et un ratio dettes totales/actif supérieur à 40 %. La trésorerie des exploitations reste donc très tendue, même si l’on note une amélioration depuis 2017 : la proportion d’éleveurs en trésorerie négative était alors de 41 %, et celle des éleveurs peu endettés était de 25 %, contre 33 % en 2019. Cependant, la sécheresse qui a sévi cet été dans le Massif Central risque d’aggraver la situation des exploitations de la zone.

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L’Ipampa, l’indice des prix d’achat des moyens de production agricole, s’est maintenu à des niveaux élevés pour le lait de vache en 2019, dépassant son niveau de 2013 avec 104,1 (+ 1,3 % par rapport à 2018, qui marquait déjà une hausse de + 3,6 %). Les charges augmentent surtout du fait de la hausse des prix des matériels neufs (+ 1,3 €/1 000 l), de celle des aliments (+ 0,55 € /1 000 l) et de celle des engrais (0,54 € / 1 000 l).

Réseau Inosys : revenus stables malgré un prix du lait à la hausse

Dans le réseau Inosys, réseau qui associe 1 400 éleveurs et plus de 220 ingénieurs sur l’ensemble du territoire français et dont les performances sont globalement supérieures à la moyenne des exploitations laitières françaises, les prix du lait sont globalement en hausse en 2019, mais la croissance parallèle des charges empêche une augmentation des revenus.

Après une décennie difficile pour la plupart des éleveurs laitiers, ceux-ci semblent donc se stabiliser en 2019, avec deux années successives plutôt favorables à l’ensemble des systèmes, même si les zones de montagne et les piémonts du sud de la France ont été fortement impactés par la sécheresse. Dans ce réseau, les systèmes de plaine, bio et conventionnels, et les systèmes AOP de l’Est obtiennent de rémunérations supérieures à 30 000 €/UMOex, indique l’Idele qui y voit un « fait rare pour la décennie ». En revanche, les revenus restent très bas dans les élevages du Sud.

« Pour la troisième année consécutive, le prix du lait est à la hausse pour l’ensemble des systèmes de production étudiés », indique le rapport, précisant que cette hausse est généralisée mais modérée (de l’ordre de 4 € les 1 000 litres en bio, une dizaine d’euros en conventionnel et une quinzaine pour les AOP de l’Est). Ce signal encourageant est renforcé par une hausse plus modérée de l’indice Ipampa lait de vache, à + 1,3 %, alors qu’il était de + 3,6 % en 2018.

Malgré ces éléments encourageants, il faudra sans doute tempérer son optimisme concernant les trésoreries 2020, la crise de Covid-19 impactant de façon directe la filière laitière française, alors que l’année avait pourtant bien commencé.

Lire : Conjoncture laitière : jusqu’à 30 € / 1 000 litres de moins sur le prix de base en cette période de crise