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Nutrition animale

La filière s’engage à ne plus utiliser de soja importé déforestant d’ici 2025


TNC le 02/03/2022 à 15:07
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Jean-François Arnauld, président de Duralim, David Saelens, président de la Coopération agricole nutrition animale, et François Cholat, président du Snia, lors de la présentation du Manifeste d'engagement "zéro déforestation importée" des fabricants d'aliments. (©Terre-net Média)

Dans le cadre de la stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée, les acteurs privés et coopératifs de la nutrition animale se sont engagés, lors du salon de l’agriculture, à atteindre un approvisionnement en tourteaux de soja « 100 % non-déforestant » d’ici trois ans, contre 38 % actuellement. Mais les signataires du manifeste d’engagement préviennent : le surcoût de cette mesure devra être intégralement répercuté au consommateur final.

Une ration garantie « 100 % non-déforestante » : c’est l’engagement qu’ont pris le Snia et le secteur nutrition animale de la coopération agricole d’ici le 1er janvier 2025 et qui, selon les signataires, s’inscrit dans la stratégie de lutte contre la déforestation importée. La filière de la nutrition animale ambitionne ainsi de s’approvisionner uniquement en protéines végétales importées garanties non déforestantes d’ici 3 ans et, avant cela, à hauteur de 50 % à fin 2022 et 75 % à fin 2023, contre 38 % actuellement.

« Le travail mené depuis 2018 sur la durabilité de nos importations nous ont conduit à créer un observatoire du risque de déforestation importée en 2021. Nous nous engageons désormais sur un objectif zéro déforestation à horizon 2025 », a expliqué François Cholat, président du Snia (syndicat des entreprises de la nutrition animale), lors d’une conférence de presse au salon de l’agriculture, mercredi 2 mars.

En matière d’importations de soja sud-américain non-déforestant, les fabricants d’aliments « ne sont pas tous au même niveau », reconnaît David Saelens, président de la Coopération agricole nutrition animale. « Mais tous sont conscients des enjeux et des attentes sociétales et politiques de la durabilité des importations. » Pour les deux représentants, la signature du Manifeste « vient rendre opérationnel l’engagement pris par le secteur en 2018 avec Duralim, la plateforme collaborative pour l’alimentation durable des animaux ».

Un surcoût entre 2 et 12 €/t à répercuter sur le prix des produits finaux

Pour y parvenir, les fabricants d’aliments pourront s’appuyer sur les lignes directrices de la Fefac, la Fédération européenne des fabricants d’aliments pour animaux. Il s’agit d’inciter les fabricants à n’utiliser aucun soja produit dans des écosystèmes naturels convertis, comme « les forêts, zones humides, prairies naturelles, marais, savanes ».

Les représentants de la filière invitent déjà « tout détenteur de cahier des charges à intégrer cet engagement dans les référentiels filières françaises existants ».

Ceci dit, s’assurer que le soja importé et utilisé dans les aliments composés ne contribue pas à la déforestation en Amérique du Sud aura un coût. « Selon les filières et les critères, cela engendrera un surcout entre 2-3 €/t et 10-12€/t », préviennent les signataires. « Ce surcoût ne pourra pas être supporté par les acteurs de la filière ! » Ni par les fabricants d’aliments, donc, ni par les éleveurs qui verront un nouveau motif de hausse des coûts. « Dans l’esprit de la loi Egalim 2, le surcoût d’un soja « non-déforestant » doit être intégré dans la construction des indicateurs alimentaires des filières animales ».

Un autre moyen d’éviter d’utiliser du soja importé « déforestant » serait de limiter la part des importations au profit d’une production nationale de protéines végétales et, en particulier, de soja. Mais la filière « soja made in France » est encore trop peu développée et le volume produit trop faible pour permettre aux fabricants de s’engager sur une part plus importante d’approvisionnement local. « Avant de s’engager sur des filières plus locales, la filière française du soja doit se développer, la génétique doit progresser pour proposer des variétés plus adaptées à nos territoires ». « On ne pourra jamais se passer complètement du soja sud-américain », résume François Cholat.