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Meilleur éleveur Prim'holstein 2021

La ferme des Délices (42) : la crème de la génétique


TNC le 31/12/2021 à 06:03
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Lionel Vial, passionné de génétique, se consacre au troupeau et à la création génétique. (©TNC)

Le titre de « Meilleur éleveur Prim’Holstein 2021 » au concours de la vache de l’année organisé par Prim’holstein France récompense les cinq meilleures vaches d’un élevage pour leur performance laitière. Le titre revient au Gaec la Ferme des Délices dans la Loire (42), à la famille Giraud et Lionel Vial pour leurs vaches au suffixe Favi, comme FAmille VIal, la crème (glacée) de la race Holstein !

1,8 million de litres de lait, 170 vaches à la traite sur trois robots, 11 400 kg de lait de moyenne, 20 collectes d’embryons, 230 ha en agriculture de conservation, un méthaniseur de 200 kWh, un labyrinthe de maïs de 5 ha, 60 000 litres de lait écrémés pour être transformés en glaces, 16 personnes, et 13 000 visiteurs cette année… Les chiffres de la Ferme des Délices donnent le tournis !

À Saint-Cyr Les Vignes dans la Loire (42), entre Forez et Monts du Lyonnais, la famille Giraud a bâti une étonnante exploitation qui vaut bien une visite (payante !). Guy le père, puis Charles son fils installé en 2004, rejoint par son épouse Céline sur le Gaec de la Ferme des Délices en 2020. Tandis que Geneviève et Julie Giraud gèrent l’atelier de glaces et sorbets de la SARL des « Délices Foréziens » qui emploie cinq personnes en été.

Lionel Vial, alors voisin de l’exploitation, devait refaire un bâtiment pour ses 70 vaches. Mais de fil en aiguille, l’idée a germé de s’associer à la famille Giraud et de regrouper les deux troupeaux sous le même toit qui a donc augmenté de quelques travées supplémentaires ! Suite à l’association de Lionel dans le Gaec en 2014, le bâtiment a triplé de volume, et a permis d’installer le méthaniseur.

Séchage en grange de luzerne 

La première partie du bâtiment construite en 2011 avec 70 places et la nurserie avaient été prévues pour un éventuel agrandissement, sans fosse à lisier mais avec du fumier mou de logettes paillées et une poche à lisier afin de de donner plus de souplesse pour de futures évolutions.

« Nous voulions du séchage en grange, car avec la transformation en glace nous tenons à faire un produit de qualité et l’assolement compte beaucoup de luzerne et de prairies, explique Charles Giraud. Or le séchage en grange est un investissement très long à rentabiliser. La toiture photovoltaïque a permis de financer le séchoir. » Aujourd’hui, le fourrage est en partie séché avec la chaleur dégagée par le moteur du méthaniseur. La paille est aussi stockée en vrac dans le séchoir puis distribuée entre les logettes à l’aide de la griffe à fourrage télescopique Stepa qui coulisse sur l’intégralité de la charpente du bâtiment.

Au sein du Gaec, l’organisation du travail est bien définie et chacun a des tâches qui lui sont attribuées. Pour les associés, « cela permet d’avoir le temps de se consacrer pleinement à son domaine de prédilection, de ne pas avoir trop la tête dans le guidon pour prendre le temps de réfléchir ».

Charles Giraud, passionné d’agronomie, est en charge des cultures avec l’aide d’un salarié, de la méthanisation, de l’alimentation et des stocks. Son père Guy s’occupe beaucoup de la partie administrative avec une secrétaire pour les différentes structures. Céline Giraud s’occupe des visites de la ferme et des saisonniers. Tandis que Lionel Vial se consacre au troupeau et à la création génétique avec un salarié et une apprentie dédiés à l’élevage. Au total, le Gaec emploie cinq salariés et deux apprentis, complétés par des saisonniers en été pour le labyrinthe de maïs. « Nous avons énormément appris et acquis de compétences différentes ces cinq ou six dernières années avec l’évolution de la structure », confie Lionel.

14 à 16 personnes interagissent sur la structure entre les vaches, la fabrication des glaces, le méthaniseur ou encore les visites… (©Ferme des Délices)

65 ha de méteil avant maïs

Côté cultures, Charles prend soin de ne pas travailler le sol et de le laisser toujours couvert. « Nous sommes en agriculture de conservation à 100 % depuis 2015. Nous semons chaque automne 65 hectares de méteils avant maïs, luzerne et prairie. » Ce mélange de semences de ferme est très varié, composé pour 125 kg/ha de céréales (50 kg d’avoine, seigle, triticale, blé), 83 kg de légumineuses (féverole, pois, vesce) ainsi qu’un peu de phacélie, colza et moutarde. Ce méteil est fauché et ensilé à deux périodes :

– le méteil précoce, autour du 15 avril, est destiné aux vaches laitières (1 UF, 20 % MAT),

– et une fauche tardive, mi-mai, (0,8 UF, 15 % MAT) servira à nourrir les génisses sans concentré.

Le semis de maïs se fait en direct dans le méteil fauché, sans travail du sol, après un passage de glyphosate pour freiner la reprise du méteil.

« Bien qu’aucune culture ou couvert ne parte dans le méthaniseur, nous sommes très vigilants à ne pas décarboner nos sols ce qui est un risque avec la méthanisation, fait remarquer Charles. Les deux tiers du maïs sont récoltés en grain ou en épis pour restituer la matière organique au sol. Tous les fumiers sont conservés et épandus. Les haies servent à faire du BRF (bois raméal fragmenté) qui sert en litière pour ramener du carbone au sol. »

Le digesteur engloutit 13 000 tonnes par an, dont 35 % proviennent des effluents d’élevage et 65 % de déchets agro-industriels, notamment des graisses d’abattoir, du caramel ou du lait déclassés et des bio-déchets de table de cantine collectés et triés. Pour cela les quatre associés du Gaec, qui détiennent 100 % capital du méthaniseur, ont dû investir dans une unité d’hygiénisation pour chauffer les bio-déchets à 70 degrés pendant une heure.

Le troupeau de laitières à 11 400 kg de lait de moyenne (40/32,5) est conduit en deux lots. Un robot de traite Lely A3 est dédié à une cinquantaine de primipares afin d’éviter les problèmes de dominance. Les 110 à 120 multipares circulent librement aux deux robots Lely A4 avec 2,6 traites/j en moyenne. Les deux lots ont accès alternativement (jour/nuit) à une pâture de cinq hectares.

Un aperçu de l’exploitation. (©Ferme des Délices)

Côté alimentation, la ration mélangée de base est fixe sur les 60 premiers jours qui suivent le vêlage, puis la complémentation est ajustée au robot en fonction de la production laitière. Les vaches reçoivent systématiquement du propylène glycol végétal au robot durant les trois premières semaines.

Les génisses et les vaches taries sont sur deux autres sites et reviennent pour la préparation vêlage de trois semaines. Les génisses parviennent à vêler à deux ans, sans concentré, avec du pâturage et une ration hivernale faite uniquement de foin et d’ensilage de méteil tardif (mi-mai) à 0,8 UF et 15 % de MAT.

La génétique Favi

L’élevage, connu sous le suffixe « Favi », synthèse de « Famille Vial », vend chaque année environ 45 vaches en lait (essentiellement des primipares), entre 15 et 20 taureaux de monte naturelle ainsi que des embryons. Charles et Lionel sont tous deux passionnés de génétique Holstein et ont acheté leurs premiers embryons ensemble avant de s’associer. Lionel, qui a débuté sa carrière comme technicien Holstein, est également président des éleveurs PH du 42, administrateur à la Coopel, et juge PHF.

132 points d’ISU en moyenne sur le troupeau.

« Nos objectifs de sélection fonctionnent sur deux pieds : le premier est les accouplements pour la voie mâle et le schéma de Gènes Diffusion avec qui nous sommes partenaires. Là nous travaillons essentiellement sur l’ISU qui est de 132 points en moyenne sur le troupeau, ainsi que sur l’indice américain GTPI. Et de l’autre nous travaillons sur la voie femelle à partir d’une vingtaine de familles de vaches très solides et reconnues, explique Lionel Vial. Là je m’attache d’abord au choix du pédigree, à la morphologie, attache arrière, inclinaison du bassin, largeurs de poitrine et ischions et la quantité de matière utile, la quantité de lait brut m’intéresse peu. » L’éleveur ne s’interdit aucun taureau et résonne ces accouplements vache par vache « au feeling » avec plus de 50 taureaux différents par an.

Parmi les souches connues travaillées sur l’élevage on peut citer le rameau des Délia qui a mis l’élevage sur le devant de la scène avec Favi Baronne, ou encore la Renita Ranger Red, Chief Adeen, BlackStar Raven, Lila Z, Barbie, Quarie de Aaron, Cosmopolitan, Oman Elita…

Pour s’y retrouver dans les lignées, chaque veau est nommé par la première lettre de la famille d’origine, indépendamment de son année de naissance. « J’ai beaucoup de plaisir à voir que d’autres élevages de renoms sont parvenus à sortir en concours au plus haut niveau avec des vaches nées chez nous, comme Favi Cindy vendue au Gaec Cabon (29), ou Darly (Pagewire) mère de Du Luvion Harlinda double championne à Paris aux élevages Lepoint, Leroy, Verhille dans le Nord. »

150 veaux issus d’embryons

L’élevage de la Ferme des Délices a réussi à placer plusieurs taureaux au catalogue de Gènes Diffusion comme Favi Fraxa, Imola, Favi Oario et prochainement Favi Roubi proche des 200 points d’ISU. « J’essaye de réinvestir environ la moitié des gains liés à la vente de génétique. Au final, la partie génétique de l’atelier laitier dégage une marge 20 à 25 000 € par an, calcule l’éleveur. Mais si on veut obtenir des résultats, il faut y passer du temps, avec un gros boulot de surveillance des chaleurs, mais c’est ce qui me plaît ! »

En effet, sur les 200 veaux qui naissent chaque année, près de 150 sont issus de la pose d’embryons. Les génisses qui intéressent Gènes Diffusion sont génotypées, 10 à 15 d’entre elles sont collectées une ou plusieurs fois par an. Quelques génisses intéressantes sont inséminées en semence sexée et la grande majorité des vaches servent de receveuses d’embryon. À tel point que quelques vaches d’élevage voisins servent à la « location d’utérus » !

Les 5 vaches retenues pour le prix du meilleur éleveur :

Rg section

Nom

Père

GPM

Elevage/naisseur

Âge

Lait

MP

MU

TB

TP

NG

Moy. Cell.

IntVel
/ans

MP/jdv

Mu/jdv

Lait/jdv

1

FAVI ZIDANE

Disanto

Letit Snow

Gaec La Ferme Des Delices (42)

4a10m

32524

1040

2398

41,8

32

87

69

487

0,64

1,48

20

2

FAVI QUARI NOEL

Doorman

Gold Chip

Gaec La Ferme Des Delices (42)

3a10m

14692

513

1024

34,8

35

87

43

395

0,46

0,93

13,3

1

FAVI BETTIE

Sillian

Capital Ga

Gaec La Ferme Des Delices (42)

4a04m

20794

672

1486

39,1

32,3

87

40

574

0,53

1,17

16,4

1

MINNIE DES FOUILLOUSES

Abs Silver

Seaver

Gaec La Ferme Des Delices (42) /Gaec Ferme Des Fouillouses (69)

5a09m

37975

1164

2566

36,8

30,7

88

60

602

0,61

1,36

20,1

4

FAVI JOUKA

Dkr Pedro

Dempsey Li

Gaec La Ferme Des Delices (42)

7a02m

57271

1753

4139

41,6

30,5

89

100

422

0,75

1,77

24,5