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Meilleur éleveur Prim'holstein 2020

SCEA des Quarante (59) : une conduite simple permettant d’atteindre l’excellence


TNC le 22/12/2020 à 14:16
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Passionné de génétique depuis ses 12 ans, Pascal Lévêque remporte cette année le prix de meilleur éleveur au concours Vache de l'année organisé par Prim'holstein France. Un titre de plus pour cet élevage qui mise pourtant sur la simplicité, et ce après avoir gravi la première marche du classement top lait brut 2020.

À 35 ans, c’est en toute modestie que Pascal Lévêque se voit remettre son titre de meilleur éleveur 2020 au concours Vache de l’année organisé par Prim’holstein France. « Ce sont mes vaches qui ont gagné, pas moi. Je n’ai fait que poursuivre le travail entrepris par mes parents et leur associé des années en arrière », explique-t-il.

La SCEA des Quarante, située dans le Nord, réalise pourtant un beau doublet en 2020 en cumulant la première place du top lait brut avec 12 969 l de moyenne et le titre de meilleur élevage. Il concourrait cette année avec 15 vaches dont Lesly des Quarante (fille de Commander et petite-fille de Shottle) qui se classe 7 e de la catégorie vaches de l’année, remportée par Almacombe de l’élevage de M. Girard Jean-Bernard (25).

Les 15 vaches de la SCEA des Quarante (59) inscrites au concours :

Nom (section)Père/GPMLaitTPTBMUNGCellIVVMU/JDVLait/JDV
NATIONALIT (1)Tabasco/Mardigras1868130.240.013138324.55081.0915.5
NAMIBIE (1)Koning/Kingboy1631933.241.6122084178.14671.0213.6
NICOTINE (1)Galore/Payton Mat1368931.146.6106476258.24340.9412.1
LESLY (2)Commander/Shottle2847533.951.124368460.43871.6519.3
LIBANAISE (2)Commander/Meridian2611234.237.1186084458.73471.3318.7
LIBYE (2)Abs Silver/Meridian3303230.839.1232586132.64821.3919.8
LETTONIE (2)Kingboy/Meridian2744733.341.1204185154.14161.3518.2
LITUANIE (2)Kingboy/Meridian2451535.740.5186784552.74121.2416.3
LUMIERE (3)Rubicon/Day3821731.639.02698831973701.521.2
ITALIE (4)Mayfield/Tigger La5869730.540.8418187271.34111.7925.1
IRISE (4)Iota/Couscous6321533.647.751448597.54182.1726.6
HASHLEY (5)Iceman Co/Mickey6227432.341.8462284124.63791.824.2
HELODIE (6)Planet/Mascol7332230.842.9537883112.73671.8725.5
FINLEY (7)Mickey/Marion9574732.242.27150851593822.1428.6
GRIOTTE (7)Gerard/Bolton9860531.241.9720985215.43862.1629.5
Lettonie des Quarante (Kingboy x Meridian), vache de la SCEA des Quarante (59), a produit plusieurs taureaux connus comme Nigeria DQ et Norty DQ. (©Alger Meekma)

Une conduite simple et efficace

Pour Pascal, il existe trois piliers fondamentaux dans l’élevage laitier : « C’est d’abord le troupeau, sa  génétique mais aussi la conduite d’élevage, les fourrages (tant en qualité qu’en quantité), bien ce soit compliqué dans certaines régions, et le management du troupeau. J’entends par là la régularité, l’exigence, la mise en place de process tenus sur la durée et performants. »

La SCEA des Quarante (59) en quelques chiffres :
3 UMO (Pascal et 2 salariés)
256 ha de SAU (120 ha blé, 30 ha maïs, 30 ha betteraves sucrières, 30 ha lin, 20 ha pommes de terre, 16 ha prairies, 10 ha pois de conserve)
90 VL Prim’holstein
12 500 l/VL réalisés en moyenne sur 2019
Taux : 42/34
210 000 cellules en moyenne
Référence laitière : 1 180 000 l (Sodiaal)

Si l’élevage a vu passer une dizaine de vaches à plus de 100 000 l dans son troupeau, la conduite est pourtant très simple : en un seul et même lot, seules les taries étant divisées en deux lots. Pascal ne dispose pas de mélangeuse et distribue la ration au godet. « Je gère principalement les quantités en fonction des refus, explique-t-il. Je prépare toujours 5 à 8 % de rations supplémentaires pour être sûr qu’elles en aient assez. Et ça me permet de donner les refus ensuite aux mâles et vaches taries. »

Ration des vaches laitières :
45 kg de maïs
12 kg de pulpes
10 kg d’enrubannage
4 kg de soja
1,2 kg de tourteau de lin
En moyenne 2 kg d’aliment (VL 3 l avec du lin)
400 g de minéraux
50 g de sel
50 g d’argile

En ce qui concerne les élèves, c’est tout aussi simple : les veaux sont au foin + un aliment du commerce. Ils passent à 6 mois sur la ration des génisses composée de paille à volonté, d’enrubannage de ray-grass/trèfle d’automne (riche en eau) et d’1,5 kg d’aliment complet. Elles n’ont du maïs dans leur ration que deux mois avant le vêlage car comme l’explique Pascal, « le maïs sert à faire du lait, pas des vaches. »

« Une sélection du troupeau quasi naturelle »

C’est à 12 ans, en participant à une vente d’animaux que Pascal Lévêque met le pied à l’étrier. Très vite passionné par la génétique, il se souvient : « Mon père aimait ça aussi mais il ne regardait pas les papiers en se fiant qu’à la descendance. Moi si et j’adore ça. Nous étions alors très complémentaires. »

En ne gardant que les meilleures vaches, on arrive après 20-30 ans de sélection à avoir un troupeau performant.

« Le troupeau a vite évolué dans le bon sens. À l’époque des quotas, la pression de sélection était assez importante et se faisait naturellement puisqu’on ne gardait que les meilleures vaches dans l’objectif de ne pas dépasser le quota. Le taux de réforme était important. C’est aussi pour cette raison qu’on est maintenant à un bon niveau de fertilité alors qu’on ne sélectionne pas spécialement sur ce critère. C’est une sélection plutôt naturelle. » Pascal a même arrêté la semence sexée il y a 3 ans.

Il conserve pourtant en ligne de mire quelques critères importants à ses yeux : les pattes (étant en aire paillée), les cellules et la solidité globale. « Mon objectif, c’est la profitabilité, explique-t-il. La vache rentable est pour moi celle qui donne beaucoup en consommant le moins (notamment du côté du vétérinaire et de l’inséminateur). La vache parfaite vient en chaleur, remplie bien et vêle bien. En fait, on ne la connaît pas puisqu’elle passe inaperçue. Et pour cela, il n’existe pas de recette. À chacun de trouver son équilibre dans son système. »

Ses meilleures génisses sont génotypées par Gènes Diffusion pour être collectées et produire des mâles intéressants (environ 35 mâles vendus/an à 10 mois). Parmi eux, quelques-uns bien connus issus de ses vaches : Luxembourg, Liban (son frère), Nigeria DQ ou encore Norty DQ. L’an dernier, l’éleveur a collecté une dizaine de génisses mais n’en a pas refait cette année par manque de temps. Pourtant l’éleveur reste convaincu : « La  génomique est un outil intéressant. Elle a révélé chez nous de très bonnes vaches qu’on n’avait pas forcément remarquées. »

Né en 2015 sur l’élevage, Luxembourg est l’un des taureaux marquants produits par la SCEA des Quarante (59). (©Alger Meekma)

Lever le pied sur le lait

Sur la SCEA des Quarante, la situation a bien évolué depuis l’installation de Pascal en 2012. En effet, s’il était à l’époque associé à ses parents et un tiers, il est aujourd’hui seul dirigeant, épaulé de deux salariés. Et la situation lui pèse : « En élevage, on manque cruellement de main d’œuvre. Je cours partout. »

Et la motivation s’effrite : « J’ai une vache dans le ventre, ça c’est sûr ! Mais je n’en peux plus d’être 7 jours sur 7 dans mon troupeau. Je ne suis pas fait pour m’associer donc je cherche plutôt à embaucher, voire à réduire la production laitière », confie l’éleveur.

Pascal se fixe un nouvel objectif : assouvir sa passion pour la génétique en se libérant du temps pour développer ses compétences à ce sujet, « et pourquoi pas mettre mon expertise à disposition d’autres éleveurs… » C’est en cours de réflexion. L’éleveur ne se ferme aucune porte et est même disposé à travailler à l’extérieur pour vivre de sa passion au maximum. (Il est d’ailleurs ouvert aux offres d’emploi).