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Vétérinaire et ostéopathe

Elle aide les vaches à retrouver l’équilibre


AFP le 20/02/2021 à 12:05
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Dans une ferme de Loire-Atlantique, ses mains accrochées sur le dos d'une vache bretonne, elle cherche « les points de tension » de l'animal de 600 kg qui peine à retomber sur son postérieur. Une manipulation longue et physique pour Elsa Louvet, vétérinaire et ostéopathe bovine.

Cette « véto » rurale de 32 ans, au regard vif et au physique sportif, propose aux éleveurs une alternative à la médecine traditionnelle animale, sans médicaments ni anti-inflammatoires.

Après une matinée passée à soigner des chiens et chats à la clinique vétérinaire du Sillon, à Blain, Elsa Louvet enfile sa tenue noire, ses chaussures de sécurité, et s’installe au volant de son véhicule utilitaire pour emprunter les chemins cahoteux de la campagne nantaise qu’elle sillonne depuis 2015. Elle retrouve à Malville, Philippe Maillard 56 ans, éleveur de vaches laitières, dans la cour de sa ferme baignée par un soleil hivernal. Après avoir paré au plus urgent – soigner une plaie infectée sur une chienne -, Elsa Louvet vient revoir une vache qui marche difficilement. L’animal se positionne mal sur son postérieur, compense la douleur en repliant une patte.

« Je vais faire un certain nombre de choses derrière. Je vais aussi travailler par voie rectale », explique à l’AFP le Dr Louvet, avant de plonger sa main protégée d’un gant dans la partie interne de l’animal qu’elle manipule pendant de longues secondes. La vache meugle doucement mais ne se débat pas. Il s’agit de mettre l’animal en confiance. « Si je suis tendue, je transmets ma tension, et je ne peux pas aller jusqu’au relâchement de l’animal », commente la jeune femme qui est aussi « la première à savoir quand un coup va partir. » L’éleveur n’hésite pas à intervenir pour maîtriser sa vache.

« En ostéopathie animale, on superpose plusieurs techniques. Il y a le cracking qui consiste à faire vibrer les vertèbres, c’est la même chose quand on a un écrou qui est coincé : on tape dessus pour le faire vibrer et le dégripper », explique la vétérinaire. Au niveau du cadran viscéral, « on va chercher les points de tension, ceux qui sont le plus dysfonctionnants, à l’origine de tensions dans l’organisme. Beaucoup sont sous la voûte lombaire », ajoute-t-elle, avant de saisir une patte qu’elle tient repliée. Une demi-heure après, notre noiraude a rejoint ses congénères. Une patte est toujours recroquevillée mais éleveur et docteur s’accordent à ne pas l’isoler, pour éviter un « stress » supplémentaire.

« Bien-être animal »

« Je suis arrivée au bout de ce que je pouvais faire aujourd’hui », glisse la jeune femme, pour qui le rétablissement « peut prendre deux jours comme deux semaines ». « On va retomber sur l’équilibre de manière automatique. C’est comme enlever les cailloux d’une rivière qui empêchent l’eau de couler ». 

Moyennant une cinquantaine d’euros la séance, Philippe Maillard s’est laissé convaincre par l’ostéopathie. « C’est la même chose que les phytosanitaires. À un moment donné, on nous a inculqué que c’était la solution miracle, comme le médicament chez les vétérinaires », fait remarquer le quinquagénaire derrière la barrière de son étable. Cette technique connaît depuis plusieurs années un regain d’intérêt et suit la tendance récente du législateur à considérer les animaux comme des « êtres sensibles ».

Elsa Louvet, qui consacre 25 à 50 % de son activité à l’ostéopathie, estime que cette pratique, comme l’acupuncture et « toutes ces médecines qui prennent le corps dans sa globalité, vont permettre d’éviter un certain nombre de maladies ». « Tout ce qui est gestion de l’immunité, tout ce qui est bien-être de l’animal en global, va permettre aux animaux de mieux se défendre contre les agressions et les infections », souligne-t-elle.

Selon les derniers chiffres de l’Ordre des vétérinaires, 384 vétérinaires inscrits à l’Ordre ont déclaré réaliser des actes d’ostéopathie sur le territoire français, dont 131 qui sont titulaires du diplôme d’école ou diplôme inter-école des ENV (Écoles nationales vétérinaires) qui dépendent du ministère de l’agriculture. Si l’ostéopathie animale par des non-vétérinaires est autorisée par décret depuis 2017, « pour pouvoir réaliser des actes d’ostéopathie sur des animaux, tout non-vétérinaire doit valider ses compétences au préalable », rappelle l’Ordre des vétérinaires qui souligne qu’à défaut, il s’agit d’un exercice illégal de la médecine vétérinaire.