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Autonomie fourragère

Du semis à la récolte, réussir son méteil fourrager


TNC le 02/02/2022 à 05:49
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Les implantations de méteil d'hiver se font aux environs de la mi-octobre. (©Dominique Luherne)

Autonomie protéique et fourragère, récolte avant la sécheresse estivale... les avantages des méteils fourragers sont nombreux ! Mais comment les cultiver ? Implantation, fertilisation, récolte : Antoine Buteau, ingénieur fourrage nous explique !

Avant même l’implantation, il est bon de rappeler que les protéagineux ont des besoins importants en P et K. On considère qu’un apport de 20 t/ha de fumier de bovin (50uP, 110 uK) couvre les exportations des protéagineux.

En ce qui concerne la préparation du sol, un labour ou un faux semis permet de gérer les problèmes de salissement. Un roulage après semis est conseillé pour améliorer la levée, et éviter d’avoir trop de terre ou de cailloux à la récolte. 

Viser une profondeur de semis entre 2 et 3 cm

La profondeur de semis à viser se situe entre 2 et 3 cm pour convenir à la fois aux céréales et aux protéagineux, généralement semés plus profonds. Si le méteil fourrager contient de la féverole, le semis doit être plus profond (entre 7 et 8 cm). Un second passage sera alors nécessaire. « Comme les graines constituant le mélange sont de poids différents, il est important de régulièrement les mélanger dans la trémie pour assurer une répartition homogène des diverses variétés sur la parcelle », rappelle Antoine Buteau, ingénieur fourrage à la ferme expérimentale des Bordes à l’occasion d’un rendez-vous technique organisé par Arvalis. 

Trouver une fertilisation azotée qui améliore le rendement sans pénaliser les légumineuses

La fertilisation azotée est à raisonner à partir du stade épis 1 cm. La présence de blé, ou d’orge dans le méteil peut justifier un apport plus précoce, car ces céréales ont des besoins en azote plus important en sortie d’hiver que le seigle, l’avoine ou le triticale. L’essentiel est de ne pas laisser trop jaunir ses céréales. Comme pour une prairie, un apport tardif aura tendance à améliorer la teneur en MAT des fourrages.

La présence de légumineuses dans le mélange permet de limiter la fertilisation azotée. « Des essais ont été réalisés par le GDA Centre Nivernais. Différentes doses d’ammonitrate 33,5 ont été apportées à des méteils de diverses compositions. De manière générale, on s’aperçoit qu’un apport entre 30 et 45 unité d’azote (uN) permet d’augmenter le rendement de 1 à 2,8 t de MS/ha selon les mélanges. C’est un bon compromis entre le gain de rendement et le maintien d’une proportion équilibrée de graminées et légumineuses. Au-delà de 45 uN, on pénaliserait les légumineuses sans avoir un réel grain au niveau du rendement », explique Antoine Buteau.

Un apport de 30 à 45 uN permet d’augmenter le rendement de 1 à 2,8 t de MS/ha (©Chambre d’agriculture de la Nièvre)

Les méteils riches en protéagineux : longs à sécher, et délicats à travailler

« Le pourcentage de matière sèche sur pied est en moyenne de 13,6 % pour des méteils à dominante protéagineuse. Plus le méteil est récolté tôt, plus le taux de matière sèche est bas, car les légumineuses sont prépondérantes. La structure du fourrage le rend également difficile à sécher. Avec des méteils riches en protéines, on a un fort ratio tige/feuilles, avec de grosses tiges, ce qui donne un couvert assez dense qui retient l’humidité et les andains vont avoir tendance à s’affaisser sur eux-mêmes. Bref, il est essentiel de préfaner au champ à la récolte. »

Pour la récolte, il est conseillé d’avoir une faucheuse la moins agressive possible, comme une faucheuse à plat ou une faucheuse conditionneuse à rouleau, ou alors de prêter une attention particulière aux réglages d’une faucheuse conditionneuse à doigts. Une hauteur de coupe de 8 à 10 cm est à privilégier, « cela permet de poser les andains le plus haut possible sur les chaumes pour les reprendre plus facilement par la suite. Il faut également faire attention à ne pas rouler sur les andains pour ne pas le plaquer au sol. L’objectif est de viser un ensilage du méteil à 27 % de MS ». Le fanage n’est pas approprié, car l’on risque de perdre des feuilles, voire d’incorporer de la terre ou des cailloux dans le fourrage. Un andainage peut avoir lieu si besoin 12 à 24h avant l’ensilage.

Il est important d’atteindre 30 voire 35 % de MS pour assurer la bonne conservation du fourrage. « Quand on récolte ce type de méteil, le premier risque est l’écoulement de jus au silo. Le jus contient des sucres solubles, de l’azote… Lorsqu’on observe des déperditions de jus, c’est de la valeur alimentaire qui est perdue » insiste Antoine Buteau.

Les méteils riches en céréales plus faciles à récolter

Avec des teneurs entre 30 et 35 % de MS au stade laiteux/pâteux de la céréale, la coupe directe est possible. Les préconisations sont de régler l’ensileuse pour faire des brins de 2 à 3 cm et de bien tasser le silo. « À ce stade, les tiges sont creuses. Il est important de bien tasser le silo pour chasser l’air. » Une récolte en enrubannage du méteil est également possible, à un stade plus précoce, aux environs de 45 % de MS.