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Double actif, D. Blandin veut des vaches « bien élevées » pour se faciliter le travail


TNC le 08/11/2024 à 05:25
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Pour David Blandin, le temps investi à apprivoiser les animaux permet de faciliter les soins. (© TNC)

Chez David Blandin, en Haute-Loire, les Charolaises apprennent les bonnes manières. Double actif avec une cinquantaine de vêlages, l’éleveur sélectionne les animaux selon leur docilité pour gagner en confort de travail.

S’il est une chose pour laquelle David Blandin est intransigeant, c’est le comportement de ses Charolaises. Double actif avec 50 mères, l’agriculteur demande à ses vaches un minimum d’éducation. « De nos jours, les troupeaux sont de plus en plus gros avec de moins en moins de personnes pour les encadrer, alors il faut de la docilité », tranche l’éleveur. « Je n’ai plus de vaches que je n’ai pas plaisir à garder ».

Mais derrière cette apparente fermeté se cache un véritable amoureux des bêtes. À peine le temps de rentrer en pâture que ces dames accourent. « J’ai un outil magique », sourit David, avec une étrille à la main. « Elles aiment bien quand on leur gratte le ventre, ou entre les pattes. Ce sont des endroits où elles ne savent pas accéder ».

Insémination et prophylaxie au pré

Chaque jour, il passe au moins une heure au contact de son troupeau. « Un investissement rentable », selon les dires de David, qui lui permet de réaliser insémination, soins ou encore vaccination au pré. « Une nouvelle véto est venue faire la prophylaxie il y a quelques mois. Lorsqu’elle a vu que les vaches étaient libres, elle a commencé à s’inquiéter ! Au final, tout s’est bien passé. Une fois les prélèvements terminés, elle a trouvé génial de pouvoir travailler comme ça ».

« Avant, je me demandais toujours comment gérer les changements de parcelle seul. Aujourd’hui, je prends un seau de granulés et tout le monde me suit », résume David. « C’est vrai que les animaux ne sont plus du tout les mêmes depuis que David travaille avec », remarque son frère. « Maintenant, lorsque vous voulez charger une bête dans la bétaillère, elle n’avance plus quand vous passez derrière », charrie Eric. « C’est vrai qu’elles n’ont plus peur. On est obligés de les faire avancer avec des granulés », confirme David, qui sait maintenant charger des animaux seuls en pâture.

Il faut faire partie du troupeau.

La mise en place de cette relation est un travail de longue haleine. « L’idéal, c’est de commencer à travailler l’approche dès la naissance, pour habituer les veaux à notre voix, notre odeur… ». Mais c’est surtout au moment du sevrage que l’éleveur redouble d’efforts. La méthode n’a rien de compliqué : « je passe simplement du temps avec eux », explique David. Progressivement, il apprend ses futures génisses à se laisser approcher, gratter, manipuler… « Je leur apprends à se laisser toucher le pis, ça peut être utile au moment du vêlage. Je veux aussi qu’elles se laissent toucher la queue pour les piqûres ou l’insémination », poursuit l’agriculteur, pendant qu’un cobaye se prête à l’exercice pour la photo.

Pour David Blandin, le temps investi à apprivoiser les animaux permet de faciliter les soins. (© Terre-net-Média)

Pas de vaches mal élevées chez moi !

L’éleveur impose aussi des limites. Les bovins doivent apprendre à gérer notre gabarit. « Les coups de tête pour réclamer des caresses, c’est non ». Pas question de se laisser intimider par des animaux dix fois plus lourds que soi. « On n’est pas dans l’éducation positive ! », plaisante l’éleveur. « Il faut récompenser les bonnes actions, mais aussi réprimander les mauvaises. D’autant que sur la ferme, un mauvais comportement est un motif de réforme. « J’avais une très bonne vache qui était mauvaise au vêlage. Je ne l’ai pas gardée ».

Pour chaque situation, l’éleveur a ses astuces. « Pour les piqûres, je les habitue à ressentir une pression sur la zone concernée. Bien sûr, elles sentent quand je pique pour de vrai, mais la surprise est moins grande ».

La proximité avec les animaux aide également à déceler les petits maux du quotidien. « On parle parfois de communication animale. Ça peut sembler surréaliste pour certains, mais je crois que ça existe », poursuit l’agriculteur, anecdote à l’appui. « J’ai une vache qui me suivait partout en pâture. Elle était à un mois du terme, et je sentais bien qu’elle voulait me faire passer un message. Alors je suis allée chercher la bétaillère. Elle est rentrée dedans toute seule ! Je l’ai mise au bâtiment et un mois plus tard, elle donnait naissance à des jumeaux. Je pense qu’elle était fatiguée, peut-être un peu dominée en pâture, et qu’elle voulait que je la soulage ». Une expérience qui conforte l’éleveur dans son approche du métier.