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Alimentation animale

Difficultés d’approvisionnement pour les fabricants d’aliment


TNC le 11/05/2022 à 05:14
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Le 5 mai 2022, Unéal a inauguré sa nouvelle unité de production d’alimentation animale : l'occasion de réaffirmer son soutien à la filière élevage. (©TNC)

À l'occasion de l'inauguration de l'usine d'aliment de Neuville-sur-Escaut (59), la coopérative Unéal revient sur les difficultés d'approvisionnement que rencontrent les fabricants d'aliment. Si la production se maintient, la fabrication d'aliment via des coproduits place les alimentiers dans une situation de dépendance vis-à-vis des autres industriels, qui les conduit à sans cesse devoir s'adapter.

Les Hauts-de-France sont une région riche en industries agroalimentaires, une aubaine pour l’alimentation animale qui dispose ainsi de nombreux coproduits. Cependant, la conjoncture haussière place les fabricants d’aliment dans une situation délicate : les coproduits ne sont pas la priorité des industriels, et certains contrats passent à la trappe. « Les triturateurs en huile ont tout intérêt à tourner vu le contexte, mais pas forcément autour de la matière première dont on a besoin, et ce même avec des contrats ! », explique François Ryckebusch, directeur production animales pour la coopérative Unéal à l’occasion de l’inauguration de l’unité de production d’alimentation animale de Neuville-sur-Escaut (59) le 5 mai 2022. Les fabricants d’aliment sont donc moins en position de choisir quels produits intégrer aux rations, qu’obligés d’ajuster la formulation en fonction des disponibilités en matières premières.

La rénovation de l’usine d’aliment montre cependant la volonté du groupe de maintenir la production d’aliment du bétail sur le territoire pour garder ce savoir-faire, valoriser les coproduits issus des industries de la région, et rester un acteur de proximité pour les éleveurs. 

Des fournisseurs ne respectent pas leurs contrats

Pour l’industrie comme pour les agriculteurs, il est de plus en plus difficile de contractualiser. « Les amidonniers avec qui nous travaillons doivent produire avec des matières premières et de l’énergie très chères. Vu le contexte, il n’y a pas d’avance de production, ils tournent au strict minimum. » Sans contrats et avec une activité restreinte, il devient difficile d’obtenir des coproduits, lorsque ce ne sont pas les usines qui sont à l’arrêt, jugeant plus rentable de fermer un site que de produire aux niveaux de prix actuels. 

Au-delà des volumes, la qualité des marchandise est à prendre en compte : « un éthanolier belge qui nous fournit en drèche de maïs a décidé de se rabattre sur du maïs brésilien OGM, mais ça n’est pas le même produit. » S’il est possible de trouver les volumes de produits nécessaires, les matières premières non OGM se font plus rares sur les marchés, alors que la prime non-OGM dépasse les 250 €/t pour les tourteaux. 

Les fabricants d’aliments n’ont pas plus de visibilité à long terme que les agriculteurs. « On nous prévient une semaine à l’avance qu’une usine va s’arrêter et que l’on aura un trou dans l’approvisionnement. On a déjà vu des usines s’arrêter, mais ce qui est inédit, c’est que ça concerne toutes les filières en même temps ».

« On rationne les éleveurs », poursuit Cédric Cogniez, directeur du groupe Advitam, qui cherche à répondre aux besoins de tous ses adhérents sur un marché à flux tendu. « C’est déjà arrivé que ça se joue à quelques heures entre l’arrivée de la matière première à l’usine et le départ des camions vers les fermes. » 

Le directeur d’Advitam invite les éleveurs travailler sur la résilience des exploitations. Un plan d’adaptation est en réflexion au sein de groupe pour accompagner les agriculteurs, mais pour Cédric Cogniez, il n’y a pas de secret :  « Il faut être au top techniquement. Un agriculteur doit être un bon technicien et un bon gestionnaire. Il y a encore de trop grandes disparités de coûts de production entre les exploitations. »

Étaler ses achats pour constituer un prix moyen

Difficile d’avoir de la visibilité dans ce contexte et d’établir des stratégies d’achat. « Il n’y a pas de malin, celui qui prétend savoir ce que vont faire les prix a tout faux. » Dans un tel contexte, la solution la moins risquée, c’est d’étaler ses achats (ou ses ventes) sur toute l’année pour bénéficier d’un prix moyen. 

Si la grippe aviaire contribue à limiter la pression sur le marché des tourteaux, il est difficile pour Cédric Cogniez de se prononcer sur la prochaine campagne. « Il fait sec en France comme ailleurs, les stocks sont déjà très tendus et je vous passe la situation en Ukraine et en Russie. À ce niveau de tension, le moindre aléa peut avoir des répercussions sur les cours. »