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Alimentation animale, méthanisation...

Des coproduits de plus en plus convoités


TNC le 06/04/2022 à 14:12
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Les industriels travaillent à optimiser leurs chaines de production pour limiter la production de coproduits (©TNC)

L'entreprise Pollen propose aux agriculteurs des mélanges de coproduits aux valeurs alimentaires intéressantes. Si les coproduits ont longtemps permis aux éleveurs de bénéficier d'un aliment peu onéreux, la concurrence sur ce marché fait monter les prix.

Avant, on était jugés sur notre capacité à débarrasser l’industriel, maintenant on regarde le prix qu’on peut mettre

« Notre objectif, c’était de proposer des mélanges coproduits pour en faire des aliments intéressants pour les éleveurs, tout en maîtrisant le coût de production. Assez rapidement, on s’est rendu compte que le revers de la médaille, c’était la tension à l’achat. Une grosse partie des coproduits est maintenant utilisée en mélange, d’où l’augmentation des prix. Avant, on était jugés sur notre capacité à débarrasser l’industriel toute l’année, maintenant ce sont des négociants qui s’occupent de ce marché, et le facteur prix est devenu le plus important. Le coproduit n’est bientôt plus un déchet mais un aliment en tant que tel. Sur certaines brasseries, le prix des drêches a été multiplié par 3 en 15 ans. Ce qui était une bonne affaire devient un aliment comme un autre », explique Dominique Neige, directeur de l’entreprise Pollen, un négoce de matières premières et coproduits à destination de l’alimentation animale dans le cadre des rencontres Coprame organisées par l’Idele.

Les éleveurs bovins de la région Grand Est utilisent entre 1 et 4 coproduits sur leur exploitation. Le trio de tête des coproduits est composé de la pulpe de betterave (29 %), du tourteau de colza (18 %) et des drêches de brasserie (16,4 %). Plus d’un tiers des volumes consommés est utilisé sous forme de mélange.

Les coproduits humides plus difficiles à travailler

Pollen travaille avec 60 % de coproduits humides issus de l’industrie agroalimentaire. L’objectif est de les mélanger au plus vite pour assurer leur bonne conservation en silo, et d’éviter le transport de matière inutile : « lorsqu’on transporte de la drêche de brasserie, on transporte 80 % d’eau », explique Dominique Neige. Cela répond également à une demande des industriels, qui écoulent davantage leurs coproduits sous ce format « avec la prise en compte des impacts environnementaux, les entreprises évitent de sécher les coproduits car cela aurait un impact négatif sur leurs émissions de carbone », complète le chef d’entreprise.

La méthanisation est un moyen de bras de fer dans les négociations

La méthanisation fait également évoluer le marché, « avant, on pouvait dire aux industriels que s’ils montaient trop les prix, on ne prendrait plus leur marchandise. Mais maintenant, ils n’ont plus peur de ne pas être déchargés. Certains en profitent pour faire monter des hausses de prix en jouant sur cette concurrence ».  

Certifications, et cohésion pour contenir l’envol des prix

Pour faire face à cette concurrence, Dominique Neige tente de se différencier. Il dispose par exemple de la certification VLOG (sans OGM) demandée par certaines laiteries, ou encore de la certification ISO 14 001. « Beaucoup des industriels avec qui nous travaillons ont ces certifications et sont sensibles à ces aspects. Une entreprise m’a contacté parce qu’elle travaillait avec un agriculteur qui mettait des bennes, mais elles restaient longtemps devant l’usine, et elle ne voulait pas qu’on lui reproche un problème sanitaire. En travaillant avec nous, le coproduit devient un mélange Pollen, stocké comme de l’ensilage. On s’assure de la bonne conservation des produits. »

Le groupement « Les éleveurs de l’Est » a également été mis en place pour établir un partenariat avec les brasseurs locaux. L’objectif est de sécuriser l’approvisionnement des éleveurs et de limiter les fluctuations de prix. En contrepartie, les brasseurs sont débarrassés et participent à l’activité économique des filières locales.