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Santé des veaux

Diarrhées et maladies respiratoires : agir pour éviter de lourdes conséquences


TNC le 11/11/2019 à 06:04
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40 % de la mortalité des veaux se fait dans le premier mois de vie. Les maladies digestives et respiratoires en sont les deux causes principales. Si le colostrum joue un rôle capital pour la santé des veaux, d'autres leviers de prévention existent comme la vaccination qui n'est pourtant que peu considérée en élevage et agit trop souvent en curatif.

« Le taux de mortalité des veaux de moins de 6 mois est encore relativement important en élevage. Les deux causes principales sont les maladies digestives et respiratoires. Or, les signes cliniques de ces maladies ne sont pas toujours visibles, « d’où l’importance de prévenir plutôt que de guérir », rappelle Thibault Jozan, vétérinaire au sein de l’entité MSD santé animale.

Veau malade : future carrière laitière impactée

« La mortalité des veaux pèse lourd dans le bilan de l’exploitation et dans le cas où les animaux touchés s’en sortent, la future carrière de l’animal sera quant à elle impactée. En effet, ces maladies obligent à retarder la mise à la reproduction, ce qui impacte le renouvellement et fait grimper les frais d’élevage des génisses », explique l’expert. D’ailleurs, les études révèlent qu’une génisse présentant des lésions pulmonaires sur ses 2 premiers mois de vie diminuera sa production laitière de 550 kg de lait sur sa première lactation.

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En ce qui concerne les diarrhées, plusieurs signes permettent de les repérer : le pli de peau, la profondeur de l’œil, le réflexe de succion et la température. Parmi ses conseils pour repérer les signes de déshydratation et de diarrhées chez les veaux, Sarah Neumann-Raoux, vétérinaire chez Eilyps, rappelait d’ailleurs de « toujours mettre de l’eau à disposition des veaux, et ce depuis la naissance. »

En engraissement aussi, la santé des veaux pèse lourd

« Perdre un veau en élevage allaitant, d’un point de vue économique, c’est pire qu’en lait puisqu’il s’agit de la principale source de revenu », affirme Thibault Jozan. En revanche, tout se joue au premier mois d’ engraissement, contrairement à l’élevage laitier où on se focalise sur le premier mois de vie.

C’est donc au rassemblement des animaux pour l’engraissement que les problèmes s’imposent. « La plupart des animaux arrivent sans qu’on ne connaisse leur passé. Il est donc primordial que le naisseur vaccine ses veaux avant cette phase d’engraissement. Ainsi, le protocole à appliquer sera le même qu’en lait. » Le suivi des lots est aussi très important avec une prise de température et des pesées régulières. Des essais menés en élevage prouvent d’ailleurs que la vaccination permet de réduire le recours aux antibiotiques en ateliers d’engraissement.

Prévenir des diarrhées et maladies respiratoires

Plusieurs leviers indissociables permettent de prévenir des maladies : les conditions de logement, la nutrition de la mère en phase de tarissement pour conditionner la future immunité du veau, les conduites d’élevage -notamment l’hygiène- et bien entendu l’immunité du veau apportée par le colostrum et la vaccination. Pour ce qui est du colostrum, il faudra bien vérifier sa qualité (tant sur la teneur IgG mais aussi sur la qualité bactériologique) et ne pas lésiner sur les quantités à apporter.

Quant à la vaccination, le vétérinaire recommande : « Le but est de renforcer l’immunité apportée par le colostrum permettant de couvrir les 2 premiers mois de vie. Pour les maladies digestives qui surviennent sur les 3 premières semaines de vie, il faudra compter sur l’immunité transmise par le colostrum. Cette immunité peut-être renforcée en vaccinant les mères en fin de gestation. »

« Du côté respiratoire, la période à risque s’étend jusqu’aux 6 premiers mois de vie du veaux. Il faut donc prendre le relai de cette immunité colostrale par la vaccination le plus tôt possible. » D’un vaccin à l’autre, le délai d’installation sera plus ou moins rapide. L’idéal est donc de vacciner à 15 jours d’âge. Le vaccin couvre alors le veau durant ses 3 premiers mois, d’où l’importance du rappel pour pousser jusqu’aux 6 mois d’âge. Le protocole reste bien sûr à définir avec le vétérinaire référent de l’élevage et s’adaptera en fonction des pratiques et des risques qui évoluent d’une année sur l’autre.

Vacciner pour prévenir et non pour guérir

Habitué à être sur le terrain, Thibault Jozan constate qu’il y a « une grosse disparité entre les productions : la vaccination contre les maladies digestives et respiratoires est mise en place dans environ 50 % des élevages de bovins viande contre 15 % seulement des élevages laitiers. D’ailleurs, nombreux sont ceux qui l’instaurent suite à la détection d’un problème et l’arrêtent au bout d’un moment lorsque ça va mieux, mais ça n’est pas la solution. Le vaccin ne doit pas être employé en curatif. »

Le vétérinaire incite les éleveurs qui souhaitent en savoir plus de se rendre sur la plateforme Veaucation pour améliorer ses connaissances sur la santé des veaux sous la forme d’un jeu.