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Stockage des effluents

Des solutions à moindre coût sur mon exploitation


TNC le 04/12/2018 à 09:25
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La réglementation évolue et pour rester en conformité, le stockage des effluents doit être adapté. Avant d'entamer des travaux souvent coûteux, mieux vaut vérifier si les changements intervenus sur la ferme ou intégrés au Programme d'actions nitrates ont une incidence. Quelques éléments de réponse issus d'un document édité par l'Idele.

La situation des élevages évolue et la réglementation est de plus en plus précise quant au stockage des effluents. Selon une plaquette réalisée par l’Idele, différentes solutions existent sur l’exploitation pour être conforme à moindre coût.

Au préalable, il est nécessaire de vérifier si les changements intervenus sur la ferme, ou intégrés au nouveau Programme d’action nitrates (PAN), ont une incidence sur les produits stockés sur l’exploitation.

Par exemple, mon élevage produit davantage d’effluents si :

  • le cheptel a augmenté ;
  • la productivité des animaux a progressé ;
  • la traite a été robotisée ;
  • les vaches pâturent moins longtemps.

Zone vulnérable ou pas ?

Le type d’effluent et la quantité produite varient si l’intérieur du bâtiment a connu des modifications (aire paillée intégrale complétée par une aire raclée ou remplacée par des logettes). Autres possibilités : le niveau de paillage des animaux à changé, un atelier de transformation à la ferme a été mis en place…

Vérifier absolument si l’installation est située en zone vulnérable : de nouvelles communes (ou morceaux de communes) sont dorénavant classées vulnérables en lien avec la concentration nitrique élevée dans l’eau de consommation. Inversement, le dépôt de fumier ou fiente reste possible au champ, à condition de répondre aux dispositions indiquées dans le tableau ci-dessous.

Origine Caractéristiques
Effluents solides Fumier compact Litière accumulée Fumiers non susceptible d’écoulements dès lors qu’il a maturé deux mois en bâtiment ou fumière.
Fumier pailleux d’étable entravée
Fumier de pente paillée
Raclage d’aire d’exercice et couloir de logette fortement paillée
Fumier mou à compact Raclage d’aire d’exercice et couloir de logette moyennement paillée Fumier susceptible d’écoulements de purin mais pouvant évoluer en fumier compact par égouttage ou en mélange avec de la litière accumulée avant stockage.
Fumier mou Raclage d’aire d’exercice et couloir de logette peu paillée Fumier produisant des écoulements de purin au stockage. Il est toujours susceptible d’écoulements.
Fientes, fumier de volailles Fientes séchées, fumier pailleux Produits non susceptibles d’écoulements.
Fientes humides, fumier gras Produits susceptibles d’écoulements.
Effluents liquides Lisier, purin, jus de silo Caillebotis, raclage d’aire peu paillée, égouttage de fumier, jus d’ensilage Effluents concentrés en éléments nutritifs.
Lixiviat, eaux brunes Surface découverte : aires d’exercice, couloir de circulation, fumière Eaux de pluies souillées et effluents dilués par la pluie.
Eaux de traite Eaux blanches et vertes de salle de traite Effluents et eaux de lavage peu chargées.

 

Le tableau ci-dessous reprend les possibilités de stockage par dépôt au champ et les conditions à respecter.

Possibilités de stockage par dépôt au champ et conditions à respecter Dispositions de base obligatoires « dépôt au champ »
Fumier compact Oui, si Fumier maturé ayant séjourné plus de deux mois sous les animaux et/ou sur fumière Dépôt au champ à réaliser au choix :
– sur prairie ;
– sur lit de 10 cm de matériau absorbant (paille, copeaux…) ;
– sur cultures de plus de deux mois ou CIPAN bien développée et couverture du tas du 15/11 au 15/01.
Fumier mou à compact Non À stocker sur fumière jusqu’à l’épandage
Fumier mou à compact égoutté Oui, si Fumier évoluant en fumier compact après égouttage et deux mois de maturation sur fumière pente avant ou sur fumière couverte en mélange avec fumier très compact. Dépôt au champ à réaliser au choix :
– sur prairie ;
– sur lit de 10 cm de matériau absorbant (paille, copeaux…) ;
– sur cultures de plus de deux mois ou CIPAN bien développée et couverture du tas du 15/11 au 15/01.
Fumier mou Non À stocker sur fumière jusqu’à l’épandage
Fientes sèches Oui, si Fientes à plus de 65 % de matières sèches. Couverture du tas avec bâche imperméable à l’eau et perméable à l’air.
Fumier de volailles Oui, si Fumier non susceptible d’écoulements. Couverture du tas.
Fientes humides, fumier gras Non À stocker sur fumière jusqu’à l’épandage
Lisier, purin, jus de silo Non A stocker dans une fosse jusqu’à l’épandage
Lixiviat, eaux brunes Oui Bassin tampon + épandage sur prairie toute l’année
Eaux de traite Oui Filtre planté de roseaux, recyclage eaux blanches

 

L’agriculteur doit tenir compte des interdictions d’épandage hivernal. Certaines d’entre elles ont été allongées de 15 jours pour éviter les pertes azotées liées au fait que les plantes n’absorbent pas à ce moment-là. La durée du stockage est forfaitisée en fonction de la catégorie animale, de la durée de présence des bêtes dans le bâtiment et de la zone pédo-climatique.

Adapter ses pratiques pour ne pas modifier le stockage

En cas de capacité insuffisante, l’éleveur doit trouver des solutions. Avant d’entamer des travaux lourds et coûteux, mieux vaut regarder si l’installation actuelle ne peut pas être optimisée. Souvent, il est possible d’adapter ses pratiques sans modifier le stockage en place :

  • Changer le nature du fumier produit : à la place de matière molle, le but est de généré du fumier plus pailleux. Il suffit d’augmenter la dose de 1 à 2 kg par UGB. Ainsi, le stockage au champ pourra se faire après deux mois (au lieu de quatre pour le fumier mou).
  • Limiter le temps de stockage : l’éleveur épand les effluents de façon plus régulière sur l’année. Il est parfois nécessaire de diversifier l’assolement pour accroître les épandages d’automne. La fumière (ou fosse) est vidée plus souvent donc inutile d’augmenter la capacité.
  • Réduire la production d’effluents : par exemple, les animaux restent plus longtemps au champ, suppression de l’aire de raclage au profit d’une litière accumulée ou encore supprimer les fuites au niveau des abreuvoirs. En clair, le stockage se rempli moins vite et la durée de stockage s’allonge.
  • Céder une partie des effluents à une unité de méthanisation ou de compostage : en éliminant une quantité de fumier mou ou de lisier, le stockage existant suffit. Autre avantage : je récupère du digestat pour épandre ultérieurement.
  • Chercher du stockage disponible dans le voisinage : l’agriculteur passe une convention avec son voisin et pense à déclarer le changement à la DDCSPP. Certes, il y a plus de transport à effectuer mais la solution évite les travaux à court terme.

Modifier l’existant à moindre coût

D’autres préfèrent modifier l’existant pour optimiser l’installation à moindre coût :

  • Mettre en place un système d’égouttage du fumier pour qu’il tienne mieux en tas (plus compact). Le produit se tient mieux, ce qui autorise l’agriculteur à stocker en hauteur et donc à accroître la capacité du stockage.
  • Rajouter ou surélever les murs de la fumière : construire trois murs de 2,5 m de hauteur double la capacité de stockage.
  • Mettre en place un système de traitement des effluents peu chargés. Ce dispositif évite de les stocker.
  • Couvrir la fosse ou la fumière : inutile de stocker de l’eau de pluie. La contenance utile gagne 8 % en moyenne. Cette solution est particulièrement recommandée en zone à forte pluviométrie.

Avant de se lancer, les éleveurs doivent valider leur choix technique. L’Idele a mis en place un outil capable d’effectuer rapidement un auto-contrôle de conformité pour les éleveurs. Pré-Dexel, la version facilitée et moins précise que Dexel, permet aux agriculteurs d’estimer les capacités de stockage dont ils ont besoins sur leur exploitation. Le logiciel teste également l’effet des ajustements envisagés par le fermier. Il suffit de télécharger gratuitement l’outil sur le site de l’institut de l’élevage.