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Choix variétal et semis

Des outils gratuits, ergonomiques et facilement accessibles


TNC le 19/05/2021 à 18:02
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L’offre de nouvelles variétés s’enrichit en permanence et de nombreux critères doivent être pris en compte dans certaines espèces pour faire les bons choix. Avec les outils numériques créés par les instituts techniques et les semenciers, l’exploitation des importantes bases de données de résultats d’essais à l’aide de filtres est simplifiée.

Rien qu’en 2020 ont été inscrites au Catalogue officiel français des espèces et variétés végétales 65 nouveautés en céréales à paille, 46 en maïs, une vingtaine de nouveaux colzas d’hiver ainsi qu’une vingtaine de plantes protéagineuses. D’année en année, la gamme de variétés disponibles pour les agriculteurs s’élargit et faire son choix n’est pas toujours facile, surtout avec un nombre élevé de critères à considérer. C’est le cas, par exemple, en blé tendre où sont pris en compte précocité, productivité, mais aussi critères de qualité (poids spécifique, protéines) ainsi que tolérances et résistances à diverses maladies et à la verse.

Depuis quelques années, instituts techniques et semenciers s’efforcent donc d’exploiter les potentialités offertes par le secteur numérique pour mettre au point des outils de choix et de comparaison, plus ergonomiques que les longs tableaux aux multiples colonnes de chiffres ou les lourds catalogues de fiches variétés. Arvalis-Institut du végétal a ainsi lancé en 2019 l’outil interactif Choix des variétés de blé tendre disponible gratuitement sur son site. Il permet, à l’aide de 19 critères, de faire le tri parmi 300 variétés. Les données utilisées pour caractériser ces dernières sont des synthèses réalisées à partir des résultats d’essais durant la phase d’inscription au catalogue (CTPS/Geves), et/ou des résultats d’essais du réseau de post-inscription (Arvalis-Institut du végétal, distributeurs, sélectionneurs, chambres d’agriculture, Inra).

« Nous avons au moins quatre ans de recul sur chaque variété, indique Philippe Du Cheyron, du pôle Variétés, génétique et semences d’Arvalis-Institut du végétal. Parfois davantage pour les meilleures variétés que nous gardons plus longtemps dans le réseau de post- inscription. L’intérêt de ce réseau est surtout de repérer d’éventuels contournements de résistance aux maladies. Nous mettons à jour la base de données à l’issue de chaque campagne. »

Jusqu’au calcul d’indicateurs économiques

En accédant à l’outil via la rubrique « OAD – conduite des cultures » du site www.arvalis-infos.fr, la première étape consiste à définir le contexte de la parcelle par son code postal, la date de semis prévue (par tranches de dix jours) et le type de sol. Le programme opère une première sélection de variétés ayant un rythme de développement adapté à ces conditions de production. La deuxième étape consiste à utiliser différents filtres pour restreindre le choix en fonction de ses exigences : précocité à épiaison (présélectionnée suite à l’étape 1 mais modifiable), classe de qualité, PS, taux de protéines, résistance à la verse et aux maladies (piétin verse, rouille jaune, septoriose, rouille brune, fusariose de l’épi).

Il faut utiliser ces filtres avec parcimonie et définir ses priorités, car la variété cumulant tous les critères favorables n’existe pas.

« Attention, alerte toutefois Philippe Du  Cheyron, il faut utiliser ces filtres avec parcimonie et définir ses priorités, car la variété cumulant tous les critères favorables n’existe pas. Le risque avec un choix trop restreint est de passer à côté de variétés plus performantes, sur le rendement ou la marge notamment. » Ceux qui le souhaitent peuvent néanmoins ajouter des critères de choix, en filtrant par exemple la précocité à épi 1 cm (présélectionnée suite à l’étape 1 mais modifiable), la hauteur de tige, la résistance au froid, à l’oïdium, aux mosaïques, etc.

À l’issue des deux premières étapes, l’agriculteur dispose d’une sélection de variétés avec leurs caractéristiques. Il peut aller plus loin et calculer les indicateurs technico-économiques lors d’une troisième étape, en renseignant les facteurs de risque (précédents culturaux, travail du sol, gestion des résidus), afin d’estimer la pression maladies (ajustable selon sa connaissance des parcelles). En ajoutant le prix du blé attendu et le rendement moyen de la parcelle, il obtient finalement le rendement et l’IFT pour chaque variété, ainsi que le produit brut et la marge (en €/ha). « Nos ingénieurs régionaux testent régulièrement l’outil et les sorties se révèlent cohérentes, relate Philippe Du Cheyron. Sa limite réside dans les indicateurs technico-économiques, car les facteurs de risque peuvent évoluer en fonction des conditions de l’année. »

Gagner du temps

À partir des cotations d’Arvalis-Institut du végétal (synthèses des résultats inscription et post-inscription), la société Semences de France a elle aussi mis au point un outil de choix et de comparaison de variétés en céréales à paille : le SemScope, accessible librement via la rubrique « OAD » de son site Internet. « L’ensemble de nos variétés et celles de nos concurrents y sont répertoriées, même si nous ne sommes pas aussi exhaustifs qu’Arvalis, explique Sertaç Turan, directeur développement et marketing. Nous nous concentrons sur les variétés représentant plus de 80 % du marché. Notre objectif est de proposer un outil opérationnel pour accompagner nos clients distributeurs et leur permettre de gagner du temps. » Ainsi, les rendements obtenus dans le réseau de post-inscription  d’Arvalis sur neuf zones géographiques ne sont pas repris dans SemScope, qui ne tient pas compte du code postal de la parcelle. SemScope répertorie actuellement 121 variétés de blé tendre, 33 d’orge six rangs, 30 de triticale ou encore 65 de pois protéagineux.

L’utilisateur renseigne les critères l’intéressant, par exemple pour le blé tendre, la précocité à épiaison, l’alternativité, l’année d’inscription, la qualité, les caractéristiques physiologiques ou la résistance aux maladies. Dans la sélection proposée, il peut alors cocher plusieurs variétés pour les comparer. Du côté de la filière des huiles et protéines végétales, Terres Inovia diffuse depuis 2014 tous les résultats variétaux en colza, tournesol, soja, lin et chanvre sur l’outil myVar, accessible en ligne (accès direct via la réalité augmentée depuis cette page ). Celui-ci est enrichi depuis 2019 des références sur les variétés de pois, féverole et lupin. Destiné aux agriculteurs et techniciens, myVar propose quatre entrées : la consultation des fiches variétés, le choix variétal par département à l’aide d’un système de filtres par critère (précocité, sensibilité maladies, richesse en huile ou en protéines, etc.), la comparaison de variétés et enfin, les résultats annuels et recommandations régionalisées.

Visualiser les conditions de semis à six jours

Pour la culture du maïs et du tournesol, le semencier LG a mis au point au cours des dernières années toute une gamme d’outils numériques. Pour pouvoir les utiliser, l’agriculteur doit au préalable créer son compte gratuitement sur le site Internet. « Il peut ainsi enregistrer ses parcelles afin de les associer à l’une de nos 550 stations météo virtuelles cumulant douze ans de données », explique Marine Jouanin, responsable data management. Avec le premier outil, dénommé «  LG Vision précocité », l’agriculteur renseigne ses dates de semis et de récolte souhaitées. Le calcul de la somme de températures disponible selon la situation géographique sélectionne les variétés LG dans le bon créneau de précocité.

Depuis mars, un deuxième outil (LG Vision semis) permet de visualiser les conditions de semis à six jours pour aider l’agriculteur à programmer l’implantation de la culture. Toujours sur la base des données météo et en prenant en compte cette fois le type de sol, l’outil informe sur la température optimale de celui-ci, son niveau de ressuyage et le risque de gel. Enfin, dans le cas du maïs fourrage, la variété LG étant choisie et le semis réalisé, l’agriculteur saisit ces deux informations dans un troisième outil (LG Vision récolte) actualisant quotidiennement les dates prévues des stades-clés de la culture à l’aide des données météo.

Dans nos échanges avec les agriculteurs et les distributeurs, apporter le mode d’emploi de nos produits est important.

« La plupart de nos clients sont des éleveurs et c’est une priorité pour eux de connaître la date de récolte optimale du maïs fourrager pour la qualité de l’alimentation de leur bétail, souligne Marine Jouanin. C’est pourquoi l’outil LG Vision récolte est le plus utilisé. Au cours de la culture, l’agriculteur a la possibilité d’ajuster si besoin la date du stade floraison femelle, et d’ajouter une mesure de matière sèche avant récolte s’il réalise un échantillonnage, afin que l’outil recalcule au plus juste la date de récolte optimale. » Pour le maïs grain, LG propose aussi l’outil LG Vision densité pour déterminer la densité de semis idéale en fonction de la variété, de la localisation géographique et du potentiel de la parcelle.

Une densité de semis adaptée à la variété

La densité de semis est aussi le cheval de bataille du semencier Dekalb qui propose sur son site un calculateur pour le maïs grain et fourrager. Cet outil libre d’accès indique, pour chaque variété de la marque, une densité de semis recommandée en grains par hectare, en précisant la fiabilité de la préconisation (standard, très fiable, extra-fiable). «  Dans nos échanges avec les agriculteurs et les distributeurs, apporter le mode d’emploi de nos produits est important, justifie Jean-Marie Lézé, responsable marketing. Nous avons constaté que la réponse à la densité est liée davantage à l’hybride qu’à son créneau de précocité : deux variétés de notre génétique proches en précocité peuvent avoir des comportements différents. C’est pourquoi nous testons chaque variété dans notre réseau européen avec des densités comprises entre 60 000 et 130 000 grains/ha. Chaque nouveauté reste trois ans en essais pour affiner nos préconisations, d’où les trois niveaux de fiabilité. »

Pour le maïs grain, le calculateur demande à l’agriculteur de renseigner la variété, la région, la profondeur de sol, le type de sol et le potentiel de la parcelle (q/ha). En maïs fourrager, l’éleveur indique la variété, le potentiel (tMS/ha) et le pourcentage de maïs dans la ration. Le calcul de la densité de semis optimale est proposé aussi par Arvalis pour le blé tendre, avec un outil très simple disponible sur son site. La première étape détermine le nombre de plantes optimal par mètre carré à partir du département, du type de sol et de la date de semis. La deuxième étape calcule le taux de pertes lié à la pierrosité, la profondeur de semis, l’état de surface du lit de semences et le risque éventuel d’eau stagnante. La troisième étape est le choix du poids de 1 000 grains de la variété, pour finalement aboutir à la masse de semences nécessaire à l’hectare.