Accéder au contenu principal
Reportage au Gaec Lorin Bossuyt (61)

Des Blondes économes à l’entretien, et performantes à l’engraissement


TNC le 27/06/2022 à 06:49
fiches_Blonde_dAquitaine_Francois_Lorin

François Lorin recherche des vaches avec un dessin de muscle assez prononcé dans l'arrière rein, gage de bonnes performances d'engraissement. (©TNC)

Après avoir obtenu plusieurs prix de championnat, Aurélie Bossuyt et François Lorin, éleveurs dans l'Orne (61) nous expliquent ce qu'est pour eux une belle Blonde d'Aquitaine. Passionnés de génétique et férus de concours, ils se préparent à présenter des animaux à l'occasion du Space 2022 où la Blonde d'Aquitaine sera à l'honneur.

« Mon père était en Charolais croisé Blanc Bleu » nous confie François Lorin, éleveur de Blondes d’Aquitaine à Saint-Germain-des-Grois (61), mais las des césariennes et de la conjoncture défavorable au broutard charolais, il a fait le choix de se tourner vers la Blonde d’Aquitaine. Tout d’abord en achetant des bovins maigres pour l’engraissement, puis, séduit par « le potentiel énorme de la race », en remplaçant le troupeau de Charolaises par des Blondes. Et depuis, la Blonde d’Aquitaine rythme la vie de François : technicien à l’OS Blond pendant 5 ans, il a suivi près de 300 troupeaux, et cela a même un peu déteint sur sa vie privée : « mon beau père est passionné de génétique, c’est d’ailleurs comme ça que j’ai rencontré ma femme ! » plaisante l’éleveur qui s’est installé sur le troupeau Blond de son père avec Aurélie, son épouse en 2015.

On baigne dedans depuis qu’on est tout petits !

Au Gaec Lorin Bossuyt, on aime la génétique, et on sait ce que l’on veut : « des vaches d’un mètre soixante-quinze, ça ne m’intéresse pas, des culards non plus. Je veux un entre-deux, avec des vaches faciles à élever, économes à l’entretien mais performantes à l’engraissement », avertit l’éleveur. En effet, les réformes affichent de belles performance à l’engraissement, avec des poids de carcasse de 630 kg. 

Une belle Blonde c’est…

Travailler la génétique, c’est aussi travailler à l’expression des principaux traits caractéristiques de la race. L’éleveur recherche ainsi « de jolies têtes expressives avec de la finesse. De la finesse de peau et d’os, et surtout un beau dessin de muscle, avec une couleur régulière, très éclairée, avec les tours des yeux marqués, avec un intérieur des muscles assez clair car c’est souvent signe de qualité de viande, et puis surtout, des vaches qui ne payent pas forcément de mine en élevage, mais qui explosent à l’engraissement ». L’éleveur apprécie notamment les carcasses lourdes, valorisées par un boucher, ou via des colis que son épouse propose sur les marchés parisiens. 

François Lorin sélectionne ses reproducteurs sur deux critères, les qualités maternelles, via les index, qu’il juge assez fiables, « ce ne sont que des observations statistiques », et la morphologie. Pour ce critère, il compte surtout sur son œil avisé. « Je trouve Isevr assez peu adapté à la Blonde d’Aquitaine. Juger des qualités d’une bête en fonction du poids au sevrage est assez réducteur », expliquant que des souches assez précoces au sein de la race présentent de beaux poids au sevrage mais également une croissance courte : « à 3 ans elles ne poussent plus ». Une autre souche, majoritaire dans la race, prend du poids sur une durée beaucoup plus longue sans pour autant se démarquer au sevrage.

Des prix de championnat au tableau 

Depuis son premier concours en tant que visiteur en 2003, François Lorin n’en a loupé presque aucun. « J’aime bien voir comment je me situe par rapport aux autres ». L’élevage a notamment décroché un prix de championnat au Salon de l’agriculture en 2018 avec Jalousie, ainsi que le prix de qualité bouchère femelles avec Hambroise. La plus grande fierté de l’éleveur : Ourasi, le fils de Jalousie, sacré champion mâle adulte au dernier concours national de la race à St Gaudens en septembre 2021 après avoir été vendu à une exploitation des Landes. « Même s’il n’est plus sur l’exploitation, ça fait très plaisir car ça confirme le potentiel d’une lignée ». Depuis 2017, l’exploitation parvient à présenter un prix d’élevage au concours national, une satisfaction pour le couple. 

Le couple d’éleveurs se prépare à présenter un prix d’élevage pour le concours national Blond, qui aura lieu cet été. En septembre, ils se rendront au Space. S’ils ne savent pas encore quels animaux ils présenteront, ils savent déjà comment les mettre en valeur : « on les laisse naturels. C’est un concours de reproducteurs, pas de boucherie. On ne veut pas des animaux gras. On cherche à présenter des bêtes entre 1 t et 1 t 100, comme ça elles ne perdent pas en féminité », plaisante Aurélie.

Travailler sur la génétique paye. François Lorin estime avoir gagné 60 à 80 kg de poids de carcasse sur les réformes en dix ans, et gagné deux moins sur l’engraissement des taurillons à poids équivalent. Difficile d’avoir un retour sur investissement total, car les 20 meilleurs taurillons sont généralement vendus pour la repro. Une chose est sûre, la satisfaction client est là : « j’ai des acheteurs qui en sont à leur 8 ou 9e achat chez nous, c’est que tout se passe bien ! »