Reportage au Gaec Pierre (14)

Des Blondes d’Aquitaine parmi l’élite de la race dans le Calvados


TNC le 04/09/2020 à 06:05
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Si c'est assez atypique de voir des Blondes d'Aquitaine dans le Calvados, c'est bien parce qu'on est loin de leur berceau. Pourtant, le troupeau du Gaec Pierre a toute sa place au sein de la race. En effet, Laurence et Éric Pierre, tous deux passionnés de génétique et de concours, ont su faire évoluer leur troupeau et décrocher de prestigieux titres. Ils témoignent de leur parcours et leur amour pour cette vache du Sud-Ouest.

« C’est mon beau-père en 1985 qui, suite à la mise en place des quotas laitiers, est allé chercher des Blondes d’Aquitaine dans le berceau de la race, raconte Laurence. Il s’y intéressait principalement pour son potentiel musculaire, ses poids de carcasse et ses rendements très importants. Lorsque Éric s’est installé en 1990, il a développé l’atelier Blondes avec l’engraissement de tous les produits. Je me suis installée à mon tour en 2011, principalement attirée par la génétique et les concours. »

Connus par les amoureux de la race, Laurence et Éric, formant le Gaec Pierre, participent depuis une vingtaine d’années à de nombreux concours, interrégionaux et nationaux.

Le Gaec Pierre (14) en quelques chiffres :
3 UMO (Laurence, Éric et un salarié à temps plein)
180 ha dont 50 ha de cultures de vente, 60 ha de maïs, le reste en prairies
50 mères Blondes d’Aquitaine (élevage naisseur-engraisseur)
25 taurillons/an
Toutes les femelles gardées pour le renouvellement ou l’engraissement
100 vaches laitières – 1 M litres de lait/an
Un atelier de poulinières trotteuses avec vente de yearlings

Des animaux lourds avec de bons papiers

Passionnée de génétique, Laurence liste ses critères de sélection : « Tout d’abord le caractère car on veut des animaux calmes et surtout pas dangereux, et le caractère est l’un des critères héréditaires qui se transmet le plus aujourd’hui. On veille aussi à avoir de bonnes qualités maternelles comme la production laitière ou encore la facilité de vêlages. Puis on essaie de garder le cap des qualités de la race, comme la finesse d’os ou encore la couleur blonde des animaux. Et plus récemment, dans l’air du temps, on essaie de diminuer un peu les gabarits, en ayant le meilleur compromis viande et développement musculaire. »

Le Gaec Pierre sort une vingtaine de vaches de réforme chaque année, avec un poids moyen compris entre 580 et 600 kg, et 25 taurillons. « Ce sont des animaux lourds, qui atteignent leur poids rapidement (480 kg à 16 mois et jusqu’à 540 kg pour les meilleurs). Le seul atelier qui reste rentable à l’heure actuelle, déplore Éric, car pour le reste, on est sur les mêmes prix qu’il y a 30 ans. »

Quelques chiffres :
Veaux sevrés à 7 mois pour 300 kg environ
GMQ mâles : 1 300-1 400 g
GMQ femelles : 1 100 g

Deux fois champion suprême en 2012 et 2018

« On est le plus souvent possible présents sur les concours interrégionaux et nationaux, et quand on peut, on essaie d’être sélectionnés pour Paris », explique Laurence. D’ailleurs, trois animaux ont particulièrement marqué l’élevage Pierre :

– Odalie, un taureau acheté dans le Sud-Ouest et qui a fait carrière sur l’élevage durant six ans. « Il nous a monté un super troupeau de femelles, toutes les bonnes souches de l’élevage viennent de chez lui », affirme Laurence. D’ailleurs, Odalie leur a permis de décrocher un prix de descendance mâle.

– Camille, une fille d’Odalie, née sur l’élevage, qui a été sacrée championne suprême en 2012 au Sommet de l’élevage à Cournon.

– Junior, un taureau acheté à l’âge d’un an à la station d’évaluation Blonde et qui a raflé le titre de champion suprême en 2018 au national de Moncoutant.

Toujours sur l’exploitation, la championne Camille (fille d’Odalie) est « chouchoutée » par ses éleveurs qui assurent qu’elle restera au Gaec Pierre jusqu’à la fin de ses jours. (©TNC)

Pour autant, Éric affirme qu’il faut savoir « rester lucide. On ne sort en concours que si on a les animaux pour. Ça reste avant tout une passion. Nous sommes trop éloignés du berceau de la race ou encore de la Bretagne qui est désormais le 2e berceau. Chez nous, la rentabilité économique reste la viande. On est trop excentrés pour vendre des animaux. Si on en a des bons, on les met en station qui s’occupe ensuite de la commercialisation. » Et c’est d’ailleurs le cas puisque l’élevage a encore vu partir deux de ses taureaux en station l’année dernière.

Après une première participation en 2008 puis en 2013, le Gaec Pierre comptait prendre cette année la route du Space à Rennes puisque la Blonde devait y être à l’honneur. C’est maintenant annulé. Et Laurence qui est engagée à l’assemblée des éleveurs (et même juge agréée depuis 2016 pour les concours interrégionaux) s’interroge encore sur la mise en place des prochains évènements. « Tout n’est pas définitivement annulé et si les organisateurs de concours veulent des Blondes, elles seront là ! »