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Ferme Ducrocq (62)

Des betteraves fourragères distribuées au godet désileur


TNC le 10/04/2024 à 05:07
FamilleDucrocq

Rémy, Sabine et Christophe Ducrocq n'utilisent pas de maïs pour la ration hivernale des Charolaises. Leur secret : la betterave. (© TNC)

Dans le Pas-de-Calais, la famille Ducrocq mise sur la betterave fourragère pour l’affouragement hivernal de ses Charolaises. La fourragère apparaît comme un complément à la production sucrière, déjà présente sur la ferme. Côté distribution, une désileuse Tanco leur prête main-forte. Lavage, épierrage ou encore broyage, la machine tout en un permet d’affourager sans effort.

L’arracheuse à betteraves trône magistralement sous le hangar à matériel : pas de doute, nous sommes bien chez la famille Ducrocq. Car sur la ferme, on travaille la betterave. On aime tellement ça que même les vaches en mangent ! « Nous avons toujours fait des fourragères en plus des sucrières et des travaux d’arrachage », résume Sabine Ducrocq.

À Nordausques dans le Pas-de-Calais, les modes n’ont pas eu raison de la betterave fourragère. « Dans les années 80, tout le monde en mettait. Dans les années 2000, nous étions les seuls », reconnaît Sabine. En tant qu’apporteurs de betteraves sucrières, les éleveurs auraient pu bénéficier de pulpes, mais « avec une arracheuse à la maison, autant tout gérer sur place ».

La fourragère n’a pas à rougir devant les pulpes

Avec la raréfaction des pulpes, la culture bénéficie aujourd’hui d’un regain d’intérêt. « On le voit au niveau de l’ETA, on commence à avoir quelques clients qui reviennent vers la fourragère », confirme Christophe Ducrocq.

Sur le plan alimentaire, la betterave fourragère est un concentré d’énergie. Compter 1,15 UFL et 1,16 UFV d’après les tables Inra. Seul bémol : sa teneur en protéines et en cellulose, avec une valeur de PDIN autour de 62. Autre avantage, sa faible valeur d’encombrement (autour de 0,6 UEL). La fourragère a donc tout pour rivaliser avec la pulpe de betterave. Avec une récolte de bonne qualité, il est même possible de bénéficier de valeurs plus intéressantes. Et le fourrage est productif : compter entre 14 et 17 t/MS/ha dans les terres du Nord.

2,5 à 3 ha sont donc alloués chaque année à la production fourragère. Une surface qui permet d’obtenir entre 200 et 250 tonnes de rendement selon les années. Complémentée par une dizaine d’hectares de fauche en enrubannage, la surface suffit pour alimenter le troupeau de 50 Charolaises, plus les génisses soit 130 animaux au total, pendant les cinq mois d’hiver. « Avec 3 ha de maïs, je ne serais pas allée si loin », tranche Sabine.

La ration se compose de 15 kg de betteraves par jour et par animal, d’environ 1 kg de concentré (VL 18 %) et d’enrubannage à volonté. De la paille est également distribuée.

La recette semble plaire. Chaque matin, c’est le concert aux cornadis : « lorsqu’on entre dans le bâtiment avec la distributrice, tout le monde meugle pour en avoir ! » sourit l’éleveur. « Si une vache n’en mange plus, on dit qu’elle est fichue », ajoute sa sœur. Sans parler des petits veaux qui essaient de se frayer un chemin pour grappiller les quelques morceaux tombés dans la paille !

Un godet désileur à betteraves

Pour la distribution, les éleveurs sont fiers de présenter leur godet désileur. Et pour cause, les occasions sur le marché sont rares. Installé sur le bras du télescopique, il lave, hache et distribue les betteraves, « un peu comme une machine à faire des frites », résume l’éleveuse. « Il faut des petits morceaux pour qu’ils ne se coincent pas dans la trachée des vaches »..

Un modèle d’1,5 t de chez Tanco est présent sur la ferme. « Il a un moteur hydraulique qui s’adapte sur le tracteur ou le télescopique », décrit Christophe. Il entraîne ensuite un bras de brassage, qui permet de faire tourner les betteraves dans le godet pour les nettoyer, ou pour les orienter vers la chambre de broyage. Une petite visse sans fin oriente alors les betteraves vers une hélice, et une contre hélice. « Pour laver, un tube perforé permet d’arroser les betteraves. Un raccord tête de chat permet de le relier au tuyau ».

En bref, la machine lave et épierre les betteraves avant de les distribuer broyées dans l’auge des Charolaises. « Certains la distribuent avec un bol, ou avec une désileuse automotrice, mais sans maïs, nous n’en avions pas l’utilité », ajoute son frère Rémy.

Même itinéraire technique que la sucrière

Côté culture, les éleveurs ne font pas la différence entre les betteraves fourragères et sucrières. « Elles suivent exactement le même itinéraire », explique Sabine. Les deux cultures sont généralement mélangées dans la même parcelle. « On évite de mettre des fourragères dans les fourrières, car elles sont plus fragiles ». Pour la protection des plantes, l’agricultrice mise sur l’enrobage NNI, ainsi que sur le traitement anti-nématodes.

Seul bémol : la conservation. « S’il gèle fort, le tas se détériore assez vite », remarque l’agricultrice. En fin de saison, les morceaux de betteraves sont moins blancs. Mais qu’importe, les Charolaises ne s’en détournent pas pour autant.