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Conseils de véto

Comment préparer une vache à la césarienne


TNC le 18/09/2023 à 05:02
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Césarienne sur charolaise

Petit matériel, mode de contention ou encore préparation de la vache, la vétérinaire rurale Joséphine Gorret nous donne ses astuces pour que les opérations de césariennes se passent pour le mieux. Autant de conseils qui favorisent le bien-être de l’animal, comme du professionnel.

Vétérinaire rurale en Saône-et-Loire, Joséphine Goret revient sur les petites astuces qui facilitent son travail au quotidien. Au cœur du bassin charolais, les vêlages difficiles comptent parmi les principales interventions en exploitation. Et si « les éleveurs ont l’habitude des césariennes », la vétérinaire l’admet, « certains systèmes restent plus pratiques que d’autres ».

Une contention adaptée

Parmi les principaux points de vigilance se trouve le système de contention. De tous, ce sont les cordes qu’elle préfère. « Les éleveurs optent souvent pour un licol bien ajusté au niveau de la tête, et attachent le postérieur gauche de l’animal sur une barre fixe de sorte qu’il ne puisse pas bouger ». La vache doit être attachée court pour l’empêcher au maximum d’avancer ou de reculer.

Si les barres de césarienne conviennent également, attention à proposer un dispositif adapté aux différents gabarits de bovins. « Quand on travaille avec 300 vaches, c’est rare qu’elles fassent toutes la même taille, il faut un système qui s’adapte ». Mieux vaut également ne pas lésiner sur l’entretien. « Les barres de césarienne ne sont pas toujours lavées » remarque la vétérinaire, et l’usure des installations ne pardonne pas : « j’ai un collègue qui s’est cassé le nez à cause de la rupture d’une attache de barre ! ».

« Je trouve la contention par cordes plus pratique, mais cela n’engage que moi », précise la vétérinaire. ( © Camille Conge)

Certaines exploitations bénéficient de cases de vêlage, d’autres effectuent les opérations dans la stabulation : « le mieux, c’est d’avoir une aire bétonnée » estime Joséphine Goret. Cela permet de nettoyer plus facilement la zone de césarienne et de bénéficier de meilleures conditions d’hygiène, mais aussi de pouvoir marcher sans s’enfoncer dans la litière ! D’autant que la présence de fumier au sol n’aide pas à proposer un champ d’opération stérile… L’aire bétonnée constitue également un plus pour le veau à naître, qui vient au monde dans un environnement plus propre.

Préparer la vache

« En règle générale dans le Charolais, les éleveurs assurent un premier nettoyage et tondent la vache ». Pour un premier dégraissage, la vétérinaire conseille un passage à l’eau savonneuse (avec du savon de Marseille), surtout l’hiver lorsque les vaches sont sales. « Cela permet de faire l’anesthésie sur une vache propre ». Mais si l’agriculteur dégrossit le nettoyage, le vétérinaire repasse systématiquement avec un savon à la chlorhexidine, ou à la bétadine pour limiter les risques d’infection.

Question tonte, « il ne faut pas hésiter à tondre très large ». Un plus qui permet d’avoir de la place pour travailler si la vache ou l’utérus bouge. Mieux vaut également prévoir large sur les animaux ayant déjà subi une première césarienne pour ne pas rouvrir la cicatrice. « On conseille de tondre de la dernière côte à la pointe de la hanche, et des processus transverses au bas du flanc ».

« Si l’éleveur sait dire que l’on s’oriente vers une césarienne, c’est toujours un plus d’effectuer un traitement anti-inflammatoire avant l’arrivée du vétérinaire » ajoute Joséphine Goret. « Il y a souvent 1 h entre l’appel de l’agriculteur et le début de la chirurgie. C’est le temps qu’il faut aux produits pour agir ».

L’anti-inflammatoire permet de limiter l’inflammation des tissus et de soulager la vache. « Si l’on en vient à la césarienne, c’est qu’on est sur des animaux qui ont déjà pas mal souffert. Cela permet de les soulager. C’est aussi une manière de limiter les réactions inflammatoires post-chirurgie ». D’autant qu’une vache qui ne souffre pas sera plus disponible pour s’occuper de son veau.

Disposer le petit matériel

Joséphine Goret apprécie également disposer d’une petite table pour poser son matériel. « À la clinique, on a des boîtes à césarienne toutes faites, mais une table propre, ça reste toujours utile ». Deux seaux propres remplis d’eau, réservés à l’usage exclusif de la chirurgie ainsi qu’une poubelle sont également nécessaires.

La luminosité est également un point important. « Généralement l’hiver on a la lampe frontale sur la tête, mais c’est toujours agréable de bien voir ce que l’on fait ! ».

Sur certaines exploitations, la présence d’un treuil est appréciée. « C’est le grand luxe quand il y en a un », sourit la vétérinaire. « Les éleveurs comme les vétérinaires peuvent avoir mal au dos ! C’est toujours plus pratique d’avoir un treuil pour tirer le veau hors de la vache, mais cela suppose d’avoir une zone de césarienne bien précise ».

Bien nettoyer la zone

Après la césarienne, il est important de réaliser un nettoyage minutieux. Sur une aire bétonnée, le minimum est de passer la zone à l’eau chaude : « certains ont un nettoyeur haute pression à eau chaude, d’autres utilisent un antiseptique ». Dans le cas d’opération sur aire paillée, mieux vaut repailler sur l’emplacement.

Après la chirurgie, les vaches peuvent regagner le troupeau avec leur veau le lendemain. Elles sont généralement isolées pour la nuit avec de l’eau à volonté. « On recommande généralement de repiquer aux antibiotiques le lendemain et c’est tout. Les fils tombent tout seuls ».