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Vaches allaitantes

Vêlages difficiles : quand intervenir ?


TNC le 16/11/2022 à 05:02
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82 % des vêlages en race allaitante (toutes races confondues) se déroulent sans assistance d'après les résultats du contrôle de performances 2021 (© Quentin B)

Guillaume Thomas-Guingand, vétérinaire dans le Charolais nous donne quelques clés pour bien intervenir en cas de vêlage compliqué. Difficile cependant de faire du vêlage une science exacte. Tout dépend de la race, du niveau de facilité de vêlage du cheptel, de savoir si cela fait 30 minutes ou 4 heures que l'animal est en vêlage...

« Si l’on voit qu’une vache est en train de  vêler depuis une heure ou deux et que rien ne se passe, mieux vaut fouiller », avertit Guillaume Thomas-Guingand, vétérinaire dans l’Allier (03). Difficile cependant de donner davantage de repères : « il faut juger au cas par cas. C’est délicat de donner une marche à suivre plus précise, car on ne sait pas toujours depuis quand a démarré le vêlage. »

Dès qu’on doit y mettre les mains, c’est un vêlage à problème.

L’objectif de la fouille est de déterminer s’il vaut mieux attendre, essayer d’intervenir ou appeler le vétérinaire. La fouille permet donc de voir s’il y a un veau ou deux, et comment il se positionne (est-ce qu’il arrive par l’avant, l’arrière, voire en siège ?). Il faut cependant avoir à l’esprit qu’intervenir lors d’un vêlage n’est pas anodin. Il est essentiel de se protéger avec des gants, pour soi comme pour la santé de l’animal afin de limiter les risques de non délivrance. 

Il faut tout d’abord vérifier si le veau bouge bien dans la vache. « Pour cela, on essaie de toucher sa langue ou l’on pince les onglons pour voir s’il y a bien une réaction. Si l’on est assez habile, il est possible de toucher le cordon pour voir s’il bat ou non en présentation postérieure. » Si le veau est bien positionné et arrive vers l’avant, l’un des principaux critères qui orientera les décisions à venir est de voir s’il est possible d’engager les épaules. « On s’y met à deux : un homme par patte et l’on cherche à faire monter les épaules dans le bassin. Si la traction est favorable, le vêlage est plutôt bien engagé », décrit le vétérinaire. 

Quoi qu’il en soit, mieux vaut ne pas entreprendre un vêlage à la vêleuse sans avoir vérifié qu’il était possible d’engager le veau à force d’homme. « Un veau, ça se tue très bien aussi à la vêleuse, ironise Guillaume Thomas-Guingand. Ce type d’appareil peut exercer une traction de 500 à 700 kg. » En cas de doute, le vétérinaire conseille de ne pas chercher à engager le veau à tout prix, « mieux vaut un veau au fond qui peut attendre encore un peu qu’un veau coincé dans le bassin de la vache dans l’attente du vétérinaire. » Le choix de la césarienne revient ensuite généralement au vétérinaire. 

Un vêlage forcé peut faire plus de mal qu’une césarienne.

« Dans certains cas, la césarienne est préférable au vêlage par voie naturelle. On voit parfois des veaux avec des vertèbres allongées sous l’effet de la vêleuse qui restent à terre pendant 4 ou 5 jours sans boire seul. Dans ce cas-là, repousser la césarienne est une fausse économie. S’il faut faire téter le veau pendant 10 jours et prendre le risque de le perdre, une fois que le vétérinaire est présent, mieux vaut payer un delta de 50 à 100 € pour avoir une césarienne. » Guillaume Thomas-Guingand le souligne « souvent un vêlage forcé fait plus mal qu’une césarienne bien menée, dans ces cas là, il est important de prendre en charge la douleur avec un anti-inflammatoire pour que la vache soit bien en état de s’occuper de son veau. »

Penser le vêlage dans sa globalité

« La facilité de vêlage, ça se travaille en amont », résume Guillaume Thomas-Guingand. Et pour ce faire les leviers sont multiples. Le travail sur la génétique est essentiel pour améliorer la facilité de naissance, mais ce n’est pas le seul facteur « des index flatteurs peuvent être trompeurs selon les accouplements », note le vétérinaire. En plus de la conduite du troupeau, « certains éleveurs en Charolais réalisent des pelvimétries sur les génisses pour anticiper. C’est également une manière de sélectionner ».

Le BACA (bilan alimentaire cation-anion) permet également d’avoir un aperçu du métabolisme minéral de l’animal. En fin de gestation, chez la vache laitière, il doit être négatif, et tout porte à croire qu’il en est de même en vache allaitante. 

Les dispositifs de détections de vêlage peuvent également s’avérer intéressants : « j’ai déjà vu des colliers sauver des veaux, se remémore le vétérinaire, avec des veaux en sièges pour lesquels on ne voyait pas les pattes, et où la vache était pourtant bel et bien en vêlage depuis un certain temps… »

Enfin, le transfert d’immunité via la buvée de colostrum fait également partie intégrante d’un vêlage réussi, « au mieux le vêlage se passe, au plus la vache sera apte à s’occuper de son veau, à le lécher, le faire boire », conclut le vétérinaire.