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Corbeaux, pigeons, étourneaux

Comment limiter les nuisances des oiseaux en élevage ?


TNC le 06/10/2020 à 06:02
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Impacts économiques, risques sanitaires, énervement voire exaspération, la présence en nombre d’oiseaux dans les élevages bovins devient vite problématique. Quelques conseils pour rendre votre exploitation la moins accueillante possible pour ces hôtes indésirables.

Certains oiseaux, quand ils s’installent en nombre, sont particulièrement problématiques dans les exploitations. Connus pour leurs bandes nombreuses, les étourneaux sont une espèce migratrice, présente en France d’octobre à mars/avril. Mais il y a de plus en plus de populations sédentaires. On peut aussi rencontrer des pigeons ramier (sauvage) ou féral (domestique). Autre famille problématique : les corvidés.

Selon la situation locale, il peut y avoir des possibilités d’actions de lutte collective pour réguler leurs populations. De même, il est possible de tirer les pigeons avec des carabines à air comprimé de faible puissance. Mais, que ce soit par leur nombre ou par leur statut, « on ne peut pas éliminer tous les oiseaux indésirables, mais on peut les éloigner », prévient Gérard Angoujard, directeur de la Fredon Bretagne. Il faut tout faire pour que ces oiseaux n’aient pas envie de s’installer sur la ferme, où ils trouvent gîte et couvert !

Leur priver l’accès à la nourriture

Premier grief vis-à-vis de ces indésirables, leur consommation d’aliment. On ne dispose pas de chiffres précis sur la consommation réelle mais tous les éleveurs concernés notent des pertes de production : baisse d’appétence à cause d’aliments souillés, ration moins riche car les grains de l’ensilage de maïs ont été mangés. Sans compter l’impact économique sur les cultures, avec des corbeaux qui peuvent détruire un semis de maïs.

À ce sujet : Des éleveurs témoignent : « Attaques de corbeaux : les dégâts sont considérables cette année ! »

Pour dissuader les oiseaux de s’installer, il faut « leur compliquer l’accès à la nourriture », conseille Grégoire Kuntz, vétérinaire au GDS Bretagne. Ce qui demande de rebâcher systématiquement le front d’attaque du silo. Pour faciliter cette opération, des essais sont faits dans la Manche, où une grosse colonie d’étourneaux s’est établie près de la tourbière de Baupte, avec une grande grille qu’on positionne devant le front d’attaque. Mise au point par les établissements Lenormand de Périers (50), cette grille se bouge avec le tracteur et une fois l’ensilage distribué, se positionne pour protéger le front d’attaque.

À l’essai pour lutter contre les étourneaux : une grille à positionner devant l’ensilage. (©FDSEA Manche)

Toujours pour l’ensilage de maïs, mieux vaut le distribuer le soir quand les oiseaux ne sont plus actifs. Cette fois, face aux corbeaux qui percent bâches de silos et films d’enrubannage, il est conseillé de bien couvrir son silo avec des pneus ou du maërl [dépôt littoral formé de gravier et de débris d’algues, NDLR] pour les régions côtières de l’Ouest, et stocker les balles près d’une zone d’activité humaine. Pour limiter l’accès « open bar » à la nourriture, il faut veiller à bien fermer les stocks de grains, de concentrés.

Compliquer la vie des oiseaux pour qu’ils déguerpissent

Que ce soit pour manger ou pour nicher, il faudrait empêcher les oiseaux de rentrer dans la stabulation. Mais il n’est pas possible de rendre son bâtiment hermétique, ne serait-ce que pour la ventilation. On limite les intrusions en posant du grillage sur les faitages ou des filets anti-oiseaux dans les bâtiments semi-ouverts. Pour empêcher les pigeons de nicher dans les bâtiments, on peut disposer sur les poutrelles des picots métalliques ou des pièces de bois.

Pour clairement faire comprendre aux oiseaux que votre exploitation n’est pas accueillante, il faut recourir à de l’effarouchement. Et ce dès l’arrivée des premiers oiseaux. Il existe différents types d’effaroucheurs, du simple canon aux effaroucheurs pyro-optiques. Les ballons et cerf-volants doivent être changés régulièrement de place mais sont peu efficaces contre les étourneaux. Pour les dissuader, on peut combiner des lasers ou faisceaux lumineux avec un effaroucheur sonore. La diffusion de cris de détresse peut être efficace, à condition d’émettre un son de bonne qualité. Les pistolets qui envoient des fusées crépitantes sont efficaces mais demandent de la disponibilité.

Pour réduire l’accoutumance, l’idéal est de mixer effets sonores et visuels avant une fréquence aléatoire. C’est ce que propose la Fredon Bretagne, avec Avistop, un effaroucheur qui combine une détonation, l’envol d’un leurre le long d’un haut mât et la diffusion de cris de détresse « La détonation moins forte que celle d’un canon, ne stresse pas les vaches, assure Gérard Angoujard. On peut placer un Avistop près d’une table d’alimentation. Dans les champs, il peut protéger 4/5 ha contre les corvidés. »

Vidéo d’Avistop en fonctionnement :

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Les oiseaux : quels risques sanitaires pour l’élevage ?

Au côté envahissant près, mieux vaut 1 000 étourneaux que 10 pigeons à l’année car « ce sont les pigeons qui représentent le plus gros risque sanitaire, prévient Grégoire Kuntz, vétérinaire conseil au GDS Bretagne. En effet, les colombidés sont porteurs de salmonelle. » Entre les fientes, les poussins morts qui peuvent tomber dans les abreuvoirs ou sur la table d’alimentation, il y a des risques de transmission au troupeau. « Il est  impossible de n’avoir aucun pigeon dans une stabulation mais il faut les empêcher de nicher au-dessus des abreuvoirs, des tables d’alimentation », conseille le vétérinaire.

Avec les étourneaux, le problème vient plus du vol de nourriture et de la perte d’appétence à cause de l’alimentation souillée par les fientes. « Il y a moins de transmissions de germes qu’avec les pigeons », souligne Grégoire Kuntz.

Comme les corvidés arrivent à percer bâches d’ensilage et films d’enrubannage, les entrées d’air provoquent des moisissures. « Les corbeaux ne transmettent pas maladies mais leurs dégradations augmentent les risques d’aspergillose. » Il y a aussi des risques infectieux, quand des cadavres d’oiseaux restent dans des silos d’aliments mal fermés. « Ça peut aller jusqu’à du botulisme mais c’est rare », reconnaît le vétérinaire.