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Insémination artificielle

Colliers et synchronisation de chaleur : les astuces pour rationaliser sa repro


TNC le 20/11/2023 à 05:06
Organisationreproduction

La synchronisation des chaleurs permet d'organiser sa saison de reproduction. Le collier de détection décharge l'éleveur de l'observation des chaleurs. (© TNC)

Marginaux en élevage allaitant, les protocoles de synchronisation de chaleur peuvent permettre aux éleveurs d’organiser leur saison de reproduction, ou de sauver quelques vaches. À moins de lui préférer le collier de détection…

« On sait que les vaches ont des cycles de 18 à 24 jours, mais on ne sait pas quand elles viennent en chaleur », résume Fabien Lebreton, formateur chez Innoval. Si la vache est au taureau, ce dernier aura tout le tact nécessaire pour les détecter. Mais si l’on mise sur l’IA, il n’y a pas trente-six options. Il faut soit détecter les chaleurs, soit les déclencher. Les protocoles de synchronisation demeurent une option pour faire coïncider les cycles des bovins et inséminer plusieurs vaches en même temps.

Synchroniser la venue en chaleur

Pour ce faire, il faut tout d’abord bloquer les vaches à un même moment de leur cycle. « La pose d’un dispositif imbibé de progestérone sur 7 à 9 jours permet de synchroniser les vaches et génisses », détaille l’expert.

L’injection de prostaglandines et le retrait du progestagène induisent la destruction du corps jaune et le recrutement du follicule. En bref, les vaches préparent le futur ovocyte pour l’ovulation. L’injection de GnRH déclenchera l’ovulation. « Compter 56 h entre le retrait du progestagène et l’IA pour une génisse laitière ou allaitante, et 72 h pour une vache ».

Le protocole est donc une manière d’avoir plusieurs vaches en chaleur en même temps, y compris celles qui n’auraient pas été vues en chaleur. Une procédure qui demande toutefois un peu d’anticipation. « Il faut mettre toutes les chances de son côté », précise Fabien Lebreton. Ration équilibrée trois semaines avant la mise à la repro, bonne note d’état, gestion du parasitisme, complémentation minérale, stress sont autant d’éléments à prendre en compte pour bénéficier d’un résultat probant.

Organiser sa saison de reproduction

Et si cela suppose une organisation particulière, la synchronisation permet d’organiser le travail de l’éleveur. « C’est une manière de maîtriser son emploi du temps et choisir les dates d’insémination, comme de vêlage », note le conseiller. Et si toutes ne prennent pas à l’IA, les retours en chaleurs sont faciles à observer trois semaines après la pose.

D’autant que l’IA est un outil fiable pour gérer son calendrier de reproduction. « On pourrait penser qu’en laissant les vaches au taureau, les performances à la repro sont meilleures, mais ça n’est pas le cas. En moins de 37 jours, en combinant IA et synchronisation des chaleurs, 76 % des femelles sont gestantes (en comptant les inséminations après retour en chaleur). Avec un taureau, seulement 30 % sont gestantes ».

La synchronisation permet de gérer les femelles en retard. « Avec les protocoles, on peut récupérer une vache dont on n’a pas perçu les chaleurs, ou tenter des inséminations groupées sur quelques vaches vides en fin de saison de repro ».

Entre 24 et 30 € le protocole de synchronisation

Le dispositif a un coût. Auprès de la coopérative Innoval, compter entre 24 et 30 € par bovin, sans compter le coût de l’IA. Mais pour Fabien Lebreton, « il est essentiel de mettre cela en parallèle avec le coût de la main-d’œuvre ». Une bonne surveillance des chaleurs demande une quarantaine de minutes par jour, à raison de deux fois 20 minutes. « Sur une période de reproduction de 6 semaines, c’est près de 700 € de main-d’œuvre allouée à la détection des chaleurs ».

Le collier pour ne plus guetter les chaleurs

Mais nombre d’éleveurs plébiscitent plutôt le monitoring pour suivre les cycles des bovins. « Depuis que les colliers existent, on a moins de demande de synchronisation », constate Fabien Lebreton. « Les protocoles sont surtout destinés aux animaux qui ont un potentiel génétique à valoriser, pour préparer des lots de receveuse d’embryon ».

Généralement sous forme de boucle ou collier, le détecteur de chaleur fonctionne grâce à un capteur accéléromètre qui analyse l’activité des animaux. Les vaches en chaleur étant plus agitées que d’ordinaire, le capteur détecte ce comportement singulier de l’animal par rapport à un historique de mouvement. Une notification est ensuite envoyée à l’éleveur pour lui indiquer les vaches à inséminer.

Question coût, le collier est plus onéreux. Compter dans les 140 € pour équiper une vache. Mais il est aussi plus facile à amortir. Avec un troupeau de 50 vaches, compter 6 000 € d’équipement pour des colliers, contre 1 500 € pour la synchronisation de tout le troupeau sur une saison (si tant est qu’il soit nécessaire de poser des colliers, ou de synchroniser l’intégralité du troupeau bovin…). Ces chiffres restent toutefois à tempérer, explique Fabien Lebreton « il faut compter les frais d’installation du matériel, l’antenne… et la durée de vie du matériel est plus ou moins longue selon les systèmes ».

Mais au-delà du coût, les deux outils répondent avant tout à deux fonctions différentes. La synchronisation des chaleurs permet de planifier assez précisément les mises bas tout en s’émancipant de la surveillance des chaleurs, là où le collier informe sur la détection des chaleurs.