Ce qu’il faut avoir en tête lorsqu’on envisage de passer au robot de traite
TNC le 19/06/2020 à 12:03
Investir dans un robot de traite, beaucoup y pensent. Beaucoup d'aspects sont cependant à prendre en compte avant de monter le projet. Place du pâturage, coûts d'investissement et de fonctionnement, impact sur le travail au quotidien et conséquences sur le troupeau : les ingénieurs de l'Idele et des chambres d'agriculture font le point sur ce qu'il faut savoir avant de se lancer.
Pour pallier un manque de main d’œuvre, réduire la pénibilité ou encore moderniser son élevage, de plus en plus d’éleveurs se tournent vers la robotique. Le robot de traite connait d’ailleurs un essor florissant ces dernières années.
Comme l’expriment plusieurs lecteurs de Web-agri dans les commentaires, beaucoup préfèrent rester prudents face à une telle installation. Plusieurs ingénieurs de l’Idele et des chambres d’agriculture ont créé une fiche qui reprend les points de vigilance à l’installation du robot, notamment en zone de montagne où les contraintes sont plus fortes.
Le travail de l’éleveur évolue
« Suppression de l’astreinte de la traite, réduction de la pénibilité, confort de travail… Le robot présente bien des avantages. Mais il implique aussi de nombreux changements », expliquent les experts. Parmi eux : la surveillance et l’observation des animaux qui doit se faire à un autre moment qu’à la traite, le besoin en compétences technologiques et la disponibilité permanente en cas d’alertes.
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Conséquences sur la conduite du troupeau
Pour les ingénieurs de l’Idele et des chambres, le constat est le même : le taux de réforme et de renouvellement du troupeau augmente, à cause notamment des cellules (première préoccupation des éleveurs en robot, selon eux), de la morphologie de la mamelle et de l’adaptation au robot. Ils recommandent par ailleurs d’augmenter la fréquence de raclage et des parages pour éviter les problèmes de pieds si les vaches restent plus longtemps en bâtiment qu’avant.
En ce qui concerne l’alimentation, en général, la consommation des concentrés augmente. « L’augmentation du coût du concentré est de l’ordre de 10 €/1 000 l et est accentuée si le concentré fermier est remplacé par de l’aliment du commerce. » Autre aspect qui en découle : le taux de matières utiles du lait diminue.
En ce qui concerne les vêlages, leur étalement est préconisé pour optimiser la fréquentation du robot. « C’est un élément à avoir en tête car il peut modifier la répartition des livraisons de lait et donc du prix payé. Cela impacte également toutes les tâches liées à la reproduction qui ne sont plus saisonnières. » Les lots de génisses sont également moins homogènes.
Témoignage d’éleveur : Démonter le robot pour remettre une salle de traite : ça arrive aussi
Quelle place pour le pâturage ?
Si le positionnement du robot dans le bâtiment a son importance pour une bonne circulation des animaux, qu’en est-il de l’accès au pâturage ? Les experts ont mis en évidence six situations possibles :

Dans les cas où la part de pâturage reste identique, la gestion peut être compliquée (aménagements à faire pour que le robot soit proche de la sortie du bâtiment, porte de tri, chemins aménagés, parcellaire proche, qualité homogène des prairies, etc.). Au contraire, si le pâturage est réduit, la gestion est plus simple. Cela impose néanmoins de stocker plus de fourrages (et sûrement de passer une partie des cultures de vente en fourrages, avec une augmentation des charges de mécanisation). Et une question se pose : que faire des prairies ? Les récolter, les repasser en cultures si cela est faisable, les valoriser par d’autres catégories d’animaux… Plusieurs possibilités sont envisageables.
Pour aller plus loin, retrouvez sur le site de l’Idele la fiche complète Installer un robot de traite : incidences sur la conduite de l’exploitation
Un investissement important pour l’exploitation
Dernier point, non négligeable : l’investissement. Pour vous donner une idée, les ingénieurs listent des ordres de prix :
– 150 k€ pour un robot, 250 k€ pour 2 robots ;
– 20 à 30 k€ pour la maçonnerie et les tubulaires
– 5 à 8 k€ par porte de tri
– Cellules de stockage d’aliments et vis à grain à prévoir selon l’existant.
Ils commentent aussi : « Les charges évoluent elles aussi. La facture d’électricité sera deux fois plus élevée qu’avec une salle de traite en 2×5 postes, le coût alimentaire grimpe de 6 à 10 €/1 000 l et il ne faut pas oublier le coût de maintenance qui varie de 5 000 à 8 000 €/robot selon le niveau de prestation. »