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Reportage chez N. Dubos (50)

Blonde, Charolaise et Limousine : trois troupeaux conduits en parallèle


TNC le 14/11/2022 à 04:58

Nicolas Dubos, éleveur à Couvains dans la Manche, a rassemblé plusieurs troupeaux pour pouvoir s'installer. L'occasion pour lui de comparer les performances à l'engraissement et à la reproduction des trois principales races françaises.

Pour s’installer à plein temps sur son exploitation, Nicolas Dubos a associé deux troupeaux. Celui de son père, composé de vaches Charolaises et de Blondes d’Aquitaines, et un troupeau de Limousines achetées en 2013. Double actif jusqu’à l’année dernière, l’association des deux cheptels lui a permis de vivre totalement de l’élevage bovin : « 10 ans pour s’installer, c’est long… Il faut être motivé, ou un peu fou, mais maintenant c’est fait ! », s’enthousiasme l’éleveur.

Nicolas Dubos est maintenant à la tête de 85 mères, dont les trois quarts sont de race limousine. Le reste du troupeau se réparti équitablement entre Blondes d’Aquitaine et Charolaises. Si les trois troupeaux sont conduits séparément pour éviter les croisements (à l’exception de la période d’élevage des génisses de reproduction), les animaux des trois races connaissent les mêmes conduites d’élevage, un bon moyen pour l’éleveur d’évaluer les qualités de chacune.

L’intégralité des vaches sont engraissées à l’intérieur avec la même ration. Sans surprise, la conduite de troupeau s’avère davantage adaptée aux Limousines, qui affichent un GMQ de 1,730 kg/jour en taurillon, ainsi qu’un bon rendement carcasse. « Elles font de la viande sans trop manger », commente l’éleveur qui valorise des vaches de 470 kg en moyenne. Il apprécie également les Charolaises pour leur capacité à valoriser les fourrages grossiers lors des années difficiles. « Elles sont un peu moins exigeantes. J’arrive à les finir à l’enrubannage de prairie naturelle, il n’y a pas forcément besoin de luzerne. Elles mangent un peu plus : lorsque les Limousines sont parties se coucher, les Charolaises sont encore à l’auge en train de manger. »

1 kg de correcteur dans la ration d’engraissement

Pour améliorer les valeurs alimentaires de ses fourrages, Nicolas Dubos mise sur les  fauches précoces et l’ensilage de maïs épis afin de proposer un mélange aux valeurs protéiques intéressantes. « En ration taurillon, j’intègre 1 kg de  correcteur, de même pour les vaches à l’engraissement. C’est un bon compromis pour avoir une ration compétitive et tirer profit des valeurs alimentaires du maïs épis. » Des coupes sont réalisées sur des prairies temporaires en enrubannage pour les animaux à l’engraissement, trèfle fétuque luzerne chicorée toutes les six semaines, sur une dizaine d’hectares, pour un rendement de 3 t de MS/ha par coupe. 

N. Dubos a un objectif de croissance de 1,730 g/jour en taurillon limousin. (©TNC)

Des Blondes plus lourdes mais plus longues à finir

Si Limousines et Charolaises présentent des performances comparables à l’engraissement, la Blonde d’Aquitaine est beaucoup plus tardive : « il faut deux mois de plus pour arriver à la même conformation. » La valorisation des Blondes compense ce différentiel, sans pour autant permettre de gagner davantage : « elles me coûtent 2,25 € en aliment par jour. Les prix de vente compensent le surcoût, mais ça ne prend pas en compte le temps de travail passé ou la mobilisation du bâtiment. »

En termes de valorisation, l’éleveur considère que les Limousines sont les plus faciles à écouler : « elles ont de petites carcasses qui correspondent bien à la demande actuelle, et lorsque le marché est tendu, elles sont plus faciles à écouler que les Blondes. »

Les Limousines cultivent la mixité 

Toutes les vaches sont conduites en vêlages 30 mois et pour Nicolas Dubos, c’est la Limousine qui présente le meilleur compromis. S’il apprécie les qualités maternelles de la Charolaise − « je dois avoir une souche très laitière », précise-t-il − c’est également la race pour laquelle il enregistre le plus de vêlages difficiles. La Blonde d’Aquitaine vêle plus facilement. « Les veaux sont plus petits et comme les vaches sont moins  laitières, je trouve que l’on garde l’écart durant la croissance. » 

Pour corriger les défauts des différentes races, l’agriculteur normand multiplie les critères de sélection. Ainsi, il travaille davantage la facilité de naissance sur les Charolaises pour éviter les césariennes, et cherche à préserver la mixité de ses Limousines. 

Le tempéramentdiffère également, et pour Nicolas Dubos, la préférence se porte sur les Limousines. « Ça n’est pas une légende, les Blondes ont plus de caractère ! Si je me prends un coup de pied, neuf fois sur dix c’est de la part d’une Blonde. » Il envisage à long terme de faire évoluer le cheptel vers cette race.