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Prairie permanente

Analyser l’herbe pour piloter la fertilisation PKS


TNC le 19/06/2019 à 06:03
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Le prélèvement pour l'analyse d'herbe est à faire au printemps (entre 15 et 25 cm de hauteur). (©TNC)

Ce n'est pas parce qu'elles sont permanentes, qu'il faut laisser les prairies de longue durée de côté, notamment concernant la fertilisation. D'ailleurs, Didier Deleau d'Arvalis explique qu'il faut privilégier l'analyse d'herbe pour connaître les ressources du sol et faire les apports en conséquence.

« La potasse et le phosphore servent à favoriser le développement racinaire, le redémarrage de la prairie au printemps et à garantir un équilibre entre les graminées et les légumineuses », rappelle Didier Deleau, ingénieur fourrage chez Arvalis-Institut du végétal. « La question à se poser est : quelles sont les sources d’alimentation de ma prairie et sont-elles suffisantes ? »

Privilégier l’analyse d’herbe

Des essais menés à la ferme expérimentale de Saint-Hilaire-en-Woëvre montrent qu’une analyse de sol n’est pas des plus pertinentes pour vérifier la disponibilité des nutriments dans le sol d’une prairie permanente. En effet, au-delà de 5 cm de profondeur, l’analyse ne montre aucune différence entre un sol où il y a eu des apports et un autre qui n’a rien reçu. L’expert affirme : « L’analyse de terre n’est pas interprétable en prairie de longue durée (permanente ou temporaire de plus de deux ans). Il faut privilégier l’analyse d’herbe qui, d’ailleurs, sera plus facile à mettre en œuvre. »

Le prélèvement est à prévoir au printemps lorsque l’herbe mesure entre 15 et 25 cm de hauteur. Pour qu’il soit le plus homogène possible, il faut entre 20 et 30 poignées d’herbe (coupée à 5 cm du sol) prises de façon dispersée dans la parcelle. L’envoi au laboratoire peut se faire en frais le jour même du prélèvement, ou plus tard s’il est séché voire congelé. « L’analyse est à faire tous les cinq ans si aucune modification des pratiques n’est faite. Si on modifie l’itinéraire, mieux vaut la réaliser tous les trois ans. »

Fertilisation en P et K : quelle quantité apporter ?

Si le sol est parfois bien pourvu en phosphore ou potasse, ces derniers ne sont pas toujours disponibles pour les plantes, d’où les apports d’engrais de ferme ou minéraux. L’analyse d’herbe fournit la teneur des éléments qui permet de calculer les indices de nutrition. Ces derniers apparaissent généralement sur l’analyse mais en cas de doute, faites-en la demande lors de l’envoi de l’échantillon.

Si l’indice est compris entre 80 et 100, les apports actuels sont suffisants et donc à maintenir. En dessous, il faudra les augmenter : si l’indice est inférieur à 60, il faudra apporter 60 u de P2O5 et 120 à 150 u de K2O. À l’inverse, en cas d’excédent, il est possible de faire l’impasse sur les apports : jusqu’à trois ans sur le phosphore et jusqu’à deux sur la potasse si l’indice dépasse 120. Didier Deleau complète : « En règle générale, il est rare que le phosphore soit insuffisant. En revanche, il faut faire plus attention avec la potasse qui peut être déficitaire. Un manque de potasse engendre une baisse de la productivité et dégrade la qualité de la flore par la disparition des légumineuses. »

À lire aussi : Légumineuses : quelles espèces pour quelles utilisations ?

Pour ce qui est de l’engrais minéral, il faut absolument choisir une forme soluble dans l’eau mais l’expert rappelle que les engrais de ferme sont tout aussi efficaces. « Si l’apport de fumier est fait tous les deux ans, inutile d’effectuer un apport minéral. En revanche, s’il est fait tous les trois ans, il faudra prévoir un apport de potasse la 3e année. » Il explique d’ailleurs : « À Saint-Hilaire au début des années 90, on apportait du fumier tous les deux ans et on faisait un apport minéral sur les parcelles sans fumier. Aujourd’hui, on épand le fumier que tous les trois ans et on fait l’impasse sur la fumure minérale car les analyses d’herbe nous montrent qu’elle n’est pas nécessaire. On a alors réalisé des économies non négligeables (un peu plus de 5 000 €/an pour 25 ha de prairie). »

Peu de risques en ce qui concerne le soufre

Concernant le soufre, les plantes en disposent sous forme organique dans le sol. La minéralisation le transforme en SO42-. Autre source : l’atmosphère grâce à la combustion et les rejets atmosphériques. En revanche, ces derniers diminuent et ne représentent aujourd’hui qu’un tiers des besoins des prairies. Bien sûr, les apports organiques contiennent eux aussi du soufre. » Pourtant, les résultats d’essai d’Arvalis prouvent que l’apport de soufre n’a aucune incidence pour la productivité de la prairie, sauf en sol caillouteux.

« Le risque de carence en soufre est faible. Il faut vraiment faire une analyse d’herbe pour ne pas en apporter si cela ne sert à rien. Il y a carence lorsque l’indice de nutrition est inférieur à 110. En cas de besoin, un apport de 40 à 60 kg de SO3/ha suffit pour corriger cela. Attention cependant, le soufre est lessivable. »