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#SemaineRGA 2023 sur les réseaux sociaux

Agroécologie, séchage en grange, énergies vertes pour s’installer en élevage


TNC le 07/02/2023 à 10:28
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La semaine du renouvellement des générations agricoles s'achève sur les réseaux sociaux. Une opération de Jeunes Agriculteurs, annuelle, pour communiquer sur « l'enjeu de transmettre les fermes », auprès des agriculteurs comme du grand public. Pour l'occasion, plusieurs couples cédants/repreneurs ont témoigné sur l'importance d'avoir un projet. Si l'un mise sur l'agroécologie, le deuxième le séchage en grange et les autres sur les énergies vertes, tous visent un même objectif : « s'assurer un revenu et pérenniser l'exploitation. »

Retour sur la semaine du renouvellement des générations en agriculture, organisée du 31 janvier au 3 février 2023 par Jeunes Agriculteurs sur les réseaux sociaux. Sur le pont à tous les échelons, national et local, le syndicat a fait passer un certains nombres de messages sur l’installation et la transmission des exploitations agricoles, les problématiques qui se posent et les actions à mettre en œuvre pour y répondre.

Plusieurs vidéos notamment ont été postées sur Youtube, où cédants et repreneurs racontent leur parcours de cession/reprise et mettent en avant les points essentiels pour un passage de flambeau réussi. Parmi eux, quatre en élevages laitiers et allaitants.

Gaby (cédant) et Benjamin (repreneur HCF), production laitière dans le Rhône

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Benjamin Bruel, 21 ans, a rejoint il y a un an le Gaec Les Tilleuls à Saint-Clément-les-Places (Rhône) en hors cadre familial. Il y a retrouvé… son frère qui a remplacé, en 2014, celui de son cédant Gaby Blanc, parti aussi en retraite ! « Nous avons toujours souhaité nous installer ensemble, explique le jeune homme. Sachant que Gaby, éleveur depuis 1983, était sur le départ et qu’il finissait son BTS, il a « engagé la machine » de l’installation comme il dit.

Les deux frères veulent s’orienter vers l’agroécologie, afin de « préserver l’environnement et la biodiversité » : semis direct, implantation de luzerne et de prairies longue durée, « pour être autonomes en protéines », entretien des bois et haies pour pailler les génisses avec des copeaux qui, mélangés au fumier, serviront à la fertilisation des cultures.

Accepter que l’exploitation change d’orientation.

Gaby et son frère, eux, ont toujours biné leurs maïs, « pour les désherber ensuite à doses réduites ». Sur le troupeau, ils utilisaient les antibiotiques de manière raisonnée et, à la place dès que possible, l’homéopathie. D’ailleurs, l’éleveur retraité préfère parler d’agriculture raisonnée que d’agroécologie, parce que « ça résume mieux les pratiques mises en place » tout au long de sa carrière.

Pour aller plus loin, les frères Bruel aimeraient implanter plus de luzerne et de prairies longue durée, pour augmenter encore l’autonomie alimentaire. Mais, pour cela, il faudrait agrandir la surface de la ferme. « Il faut que le cédant accepte que son exploitation change d’orientation », met en avant Gaby. Le conseil de Benjamin aux jeunes, qu’ils s’installent avec un tiers ou quelqu’un de leur famille : « qu’ils partagent les mêmes idées pour ne pas partir tête baissée et éviter que cela s’arrête prématurément. »

Roland (cédant) et son fils Pierre (repreneur), vaches laitières en Moselle

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Cette fois, il s’agit d’une transmission familiale : celle de Roland, installé depuis 1986 en Moselle, à son fils Pierre, 35 ans, en janvier 2021. Après un tour du monde de 2014 à 2016, la reprise de la ferme s’est faite au fur-et-à-mesure : d’abord l’atelier veau, puis progressivement, « en s’intéressant et posant des questions », la reproduction, le travail du sol, etc. « Plus ça va, plus mon père me laisse gérer », constate le jeune éleveur. 

Son projet : installer un séchoir en grange thermovoltaïque pour passer d’un système maïs/ensilage d’herbe à une alimentation sèche, à base de foin essentiellement. La transformation fromagère, initiée par ses parents en 1999, « a pris plus d’ampleur que prévu », raconte Pierre qui « a toujours baigné là-dedans », d’où sa décision de partir « en BTS, à Besançon, s’immerger dans une région productrice de Comté, avec des vaches montbéliardes et du séchage en grange ».

Fiers de transmettre, à notre fils, une structure qui tourne bien.

L’occasion de voir si cette technique serait transposable chez lui, afin de renforcer l’autonomie alimentaire du troupeau. Cet équipement, Roland l’envisageait depuis longtemps, d’autres priorités l’ont cependant obligé à différer cet investissement. « La technique, c’est une chose, mais il faut que l’économique suive », fait-il valoir. « Réfléchissez bien à la façon de sécuriser le revenu de l’élevage », en transformant le lait ou en séchant le foin en grange comme moi, ou de tout autre manière, met également en garde le fils.

« Ma petite réussite est de m’être installé et la grande de m’être diversifié, car l’exploitation a pris un tournant différent, conclut le père. Avec ma femme, nous sommes fiers de transmettre, à notre fils qui plus est, une structure qui tourne bien. C’est la plus grande satisfaction qu’on peut avoir. »

Adrien sur l’élevage allaitant de ses parents, avec sa femme dans la Sarthe

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Début 2021, au départ en retraite de son père, Adrien Langot s’est associé à sa femme Adeline sur l’élevage de celui-ci, à Jauzé dans la Sarthe. Un projet de vie de longue date pour le couple. « Nous souhaitions retrouver ce qu’on a connu petits, la vie de famille en agriculture, on profite de plein de choses, précise le jeune producteur qui a « grandi ici ». Pour assurer « la souveraineté alimentaire, à l’échelle de la ferme aussi », les exploitants achètent « le moins possible d’aliments extérieurs » et nourrissent leurs animaux 100 % avec l’herbe produite sur l’exploitation : pâturée, sous forme foin, en enrubannage.

Ils souhaiteraient, de plus, produire de l’énergie à la ferme, photovoltaïque notamment. Mais aussi « améliorer en permanence l’outil de production pour pouvoir travailler sereinement à deux ». Avant de devenir éleveur, Adrien a été salarié dans le bâtiment − « un vrai plus lorsqu’il faut construire de nouvelles stabulations » − puis chez des agriculteurs, « un vrai bagage pour la suite puisqu’on découvre plein de pratiques ».

En vaches allaitantes, on y arrive !

« Beaucoup disent qu’il ne faut pas s’installer en vaches allaitantes, que ce n’est pas rentable », déplore l’éleveur. « Les jeunes ne doivent pas se laisser décourager, exhorte-t-il. Nous, avec 110 VA, on y arrive ! » Il conseille « d’observer différentes pratiques et d’effectuer des études économiques pour savoir si elles sont viables ». Et attention aux démarches administratives, ajoute Adeline : « Les études et le parcours pour s’installer en tant que tel y préparent peu, alors mieux vaut se faire accompagner ».

Le couple résume son installation en trois mots : famille (puisqu’il a pu compter sur « l’entraide familiale et que les enfants sont intégrés au projet »), passion (« indispensable dans les métiers d’élevage »), avenir (parce « qu’on a toujours envie de se projeter plus loin »).

Gilles (cédant) et Paul (repreneur, HCF), bovins viande en Dordogne

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Pour Gilles Trémouille, 60 ans, c’est à la fois une cession familiale et à un tiers. Agriculteur depuis 1986, en polyculture-élevage à Marcillac-Saint-Quentin en Dordogne, il s’est associé avec son fils en 2015. À la retraite dans deux ans, il s’apprête à passer le flambeau à Paul Galinat, 23 ans, « originaire d’ici » et que les exploitants connaissaient déjà puisqu’il était en stage chez eux pendant son BTS productions animales, après son Bac STAV. « On appréciait son travail, alors on l’a repris durant sa licence (en productions animales également), puis on lui a proposé de s’installer avec nous en vue de mon départ », détaille le futur retraité.

Pour Paul, deux raisons d’accepter : humaine, comme il « s’entendait bien entendu avec eux », et géographique. « Le paysage, le climat, le contexte, tout me plaisait ! », lance-t-il. Ses recommandations pour « une installation réussie » : « bien anticiper et bien s’entourer. » Lui-même est allé très en amont au point accueil installation, pour mieux appréhender « les clés de succès », et a bénéficié d’un accompagnement, juridique surtout et pour le plan d’entreprise (PE), de la chambre d’agriculture et du conseiller indépendant qui suivait déjà la ferme.

On appréciait son travail, alors on lui a proposé de s’installer.

« Gilles m’a introduit à la Cuma, ce qui m’a permis d’élargir un peu mon réseau », complète le jeune producteur. Côté transmission justement, le cédant préconise de « s’y prendre tôt également, pour trouver la bonne personne ». « Ce n’est pas toujours facile et ensuite, il faut du temps pour s’apprivoiser », poursuit-il. Avant d’évoquer la surprise réservée à Paul pour son entrée dans le métier d’agriculteur : la plantation d’un arbre de mai avec une trentaine de personnes invitées et un barbecue. « La convivialité, c’est important », martèle Gilles.