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Conjoncture laitière

« Le prix du lait pourrait se maintenir en 2024 sur les niveaux de 2023 »


TNC le 11/04/2024 à 05:13
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Prix du lait conventionnel standard en France et en Allemagne (© © TNC)

Prix du lait, charges, revenus, collecte, fabrications, consommation : l’Idele revient sur la situation laitière en 2023, marquée une météo adverse et une inflation alimentaire persistante, et dresse les perspectives pour 2024.

On assiste à « une bonne tenue du prix du lait », qui pourrait continuer dans les mois qui viennent, a détaillé l’agroéconomiste Christine Goscianski lors de la journée « grand angle » de l’Idele consacré à la filière laitière, le 4 avril.

Si la France avait connu en 2022 une hausse du prix du lait (standard, toutes qualités, 38-32), cette hausse avait été « nettement moins forte qu’ailleurs en Europe car on a un prix moins dépendant de ce qui se passe sur les marchés mondiaux », rappelle-t-elle : la flambée des cours des commodités laitières (beurre, poudres) en 2022 a moins impacté les prix du lait en France que dans les autres bassins laitiers européens. Idem pour leur repli sur les premiers mois de 2023, et leur regain en fin d’année.

Les prix du lait conventionnel français et allemand se sont rapprochés ces dernières semaines. (© Idele)

Si bien que le prix moyen du lait standard toutes qualités en 2023 a finalement atteint 460 €/1 000 l, soit 24 € et 5 % de plus qu’en 2022. Il s’établissait à 451 €/1 000 l en janvier dernier.

Et « il pourrait se maintenir en 2024 sur les niveaux de 2023 », estime l’Idele : « on observe assez peu de dynamisme de la production sur les principaux bassins laitiers exportateurs (UE, Nouvelle-Zélande et USA), ce qui pourrait soutenir les prix des commodités » et celui du lait, note Christine Goscianski.

La consommation des produits laitiers a résisté à l’inflation alimentaire

Si les prix du lait se sont « bien tenus » en France en 2023, c’est aussi grâce à « la bonne résistance de la consommation des produits laitiers » dans le pays, malgré une inflation alimentaire restée élevée en 2023 : + 13 % sur un an et + 20 % sur deux ans.

« Sur l’atelier laitier, la hausse du prix du lait a quasiment compensé la hausse des coûts de production, estimés à près de 5-6 % » en 2023 et marquée surtout sur les postes de fertilisation, électricité, salaires et fermages.

Les charges ciblées dans l’Ipampa s’annoncent plutôt en baisse sur 2024, notamment les prix des énergies et des aliments. Mais les autres charges – fermages, travaux par tiers, salaires – ont tendance à progresser, remarque l’Idele.

Côté revenus des éleveurs laitiers, on a assisté en 2023 à « une baisse quasi généralisée » liée au retournement de conjoncture en grandes cultures. « Seuls les systèmes de montagnes de l’Est ont réussi à stabiliser leurs revenus », précise Christine Goscianski.

Et si on observe une amélioration de l’aspect trésorerie d’une année sur l’autre, « presqu’un quart des exploitations étudiées restent en trésorerie nette négative, ce qui empêche de répondre aux besoins à court terme ».

Net repli de la collecte mais « vraie amélioration » des taux

Surtout à cause d’aléas climatiques défavorables, la collecte s’est encore « nettement repliée » en 2023 : -7,4 % par rapport au pic de 2014. Une baisse « atténuée par une vraie amélioration des taux de matière grasse et protéique », nuance l’agroéconomiste. Qui souligne aussi la baisse des livraisons par point de collecte, liée à des productivités touchées par « le climat, la qualité fourragère, les maladies et la saturation des facteurs de production ».

Après une fin d’année plus favorable, début 2024 s’annonce prometteur pour la collecte grâce à la stabilité des prix du lait, la qualité des des fourrages récoltés en 2023, le coût plus abordable des aliments concentrés et le moindre recul du cheptel laitier français depuis mi-2023.

Le recul de la collecte laitière en 2023 a par ailleurs réduit la matière utile à disposition des transformateurs. Les fabrications de fromages ont reculé sur un an (- 3 %) à cause du repli de nos exportations ; celles d’ultra-frais et de crème ont augmenté d’1 à 2 % grâce à « une bonne tenue de la consommation sur le marché national et à une progression des exportations » ; celles des ingrédients laitiers ont beaucoup diminué (jusque – 11 % pour les poudres de lactosérum) en raison de la conjoncture sur les produits industriels.