« Je pense que la filière bovine va se porter de mieux en mieux »
TNC le 05/03/2024 à 05:09
Entre maintien des prix et de la consommation, Jean-François Guihard, président d’Interbev, estime que la filière bovine a de beaux jours devant elle. L’interprofession souligne notamment des opportunités de marché autour de l’engraissement et de la production de petites carcasses.
Au Salon de l’agriculture, le mot d’ordre était à l’optimiste sur le stand d’Interbev. « Je pense que la filière va se porter de mieux en mieux » lançait Jean-François Guihard, président de l’interprofession à l’occasion d’un entretien avec la rédaction. Parmi les éléments qui lui donnent confiance figurent les résultats de l’enquête Ipsos, commandée par Interbev. « Elle montre que 97 % des Français mangent de la viande, et que la plupart l’associent à un moment convivial », apprécie l’artisan boucher. D’autant que la consommation se maintient en France, avec une baisse contenue à 0,3 % en 2023. Bref, le bœuf a toujours la cote.
Les prix vont se maintenir
Pour l’interprofession du bétail et de la viande, la production bovine a de l’avenir. « Les prix vont se maintenir », présage Jean-François Guihard, ne serait-ce que du fait du déséquilibre entre la demande et la production nationale. « De toute manière, c’est essentiel au maintien nos outils de transformation ». Et le train est en marche. « Je pense que la crise que nous vivons va aboutir à une autre vision de l’agriculture, avec une prise de conscience du consommateur ».
Sceptique sur les annonces de prix plancher, Jean-François Guihard reste néanmoins convaincu de l’intérêt des lois Égalim pour les éleveurs. « La manière dont est présenté le prix plancher fait un peu penser à la prise en compte du coût de production dans Égalim. Et il faut travailler autour de cette notion pour que tout le monde gagne sa vie. » Pas question pour autant de se voir imposer des prix. « Si l’on fixe des prix seuils sur les fermes, il faudra aussi en placer sur les étals, et je n’ai pas envie de devenir fonctionnaire », sourit l’artisan.
D’autant que pour lui, tout n’est pas qu’une affaire de prix. « La loi d’orientation agricole, et le plan pour l’élevage doivent aussi permettre de simplifier la vie des éleveurs ».
Produire ce dont la demande a besoin
Mais si les besoins en viande bovine sont là, il reste important de s’adapter à la demande des consommateurs. « Dans ma boucherie, je ne dresse plus mon comptoir comme lorsque je me suis installé », poursuit l’artisan boucher. Entre plats traiteurs, taille des morceaux, découpe ou encore viande hachée, les modes de consommation évoluent.
Et la production doit également coller avec ces nouveaux besoins. « Je pense qu’il y a des opportunités de marché autour des petites carcasses, vers les 450-500 kg, avec des animaux de 20 ou 22 mois. » Un marché qui présente l’avantage de présenter un roulement plus important sur les fermes, avec un retour sur investissement plus rapide. « Nous avons les ressources en France pour fournir ce créneau autrement qu’avec de la viande étrangère. »
Il va peut-être falloir produire un peu moins lourd
Même constat pour l’engraissement. « On exporte des broutards parce que nous avons des marchés pour l’engraissement, mais le marché de l’engraissement en France est amené à se redévelopper, ne serait-ce que pour maintenir des volumes pour les outils de transformation. »
Et pour faire coïncider offre et demande, Interbev n’a de cesse de miser sur les contrats. « L’intérêt du système, c’est de faire coller les besoins du marché avec les productions sur les fermes. »
« Lorsqu’un boucher habitue ses clients à un type de viande, il a intérêt à s’y tenir », nous confie l’artisan, qui mise chez lui sur des carcasses de 450 kg tout au long de l’année. Ce type de production se prête alors à la contractualisation. « Je trouve ça cohérent que les éleveurs passent des contrats avec différents acteurs pour trouver un débouché pour chaque type de production de l’atelier. » « On ne peut plus dire aux jeunes « installez-vous et vous verrez ce que vous gagnerez ». Il faut de la visibilité », conclut Jean-François Guihard.