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G. Halipré éleveur de charolaises (62)

« Depuis que je travaille avec Lidl, je vise les petites carcasses »


TNC le 12/06/2023 à 09:59
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Avec 68 ha pour 80 vaches allaitantes, Guillaume Halipré a optimisé son système pour sortir le plus d'animaux possible avec des moyens limités. Ses astuces : le vêlages deux ans, et la valorisation des petites carcasses via la filière Lidl.

« J’ai plus de vaches que d’hectares » aime à dire Guillaume Halipré, éleveur de charolaises dans le Pas-de-Calais. Un constat qui conditionne tout le fonctionnement de son exploitation. Pour rester rentable, pas de largesses. L’agriculteur mise sur le vêlage deux ans, couplé à une stricte gestion des réformes. Pas de sentiments, il faut limiter le nombre d’animaux improductifs. « En plus, ça pollue moins » ironise son père, Georges.

Résultat, l’éleveur a 80 vêlages pour 68 ha de SAU, dont les trois quarts en herbe. Hormis la complémentation des jeunes veaux, il n’achète pas d’aliment. Son secret : des petites carcasses bien valorisées via la filière Lidl. « Si je voulais, je pourrais faire des plus grosses bêtes, mais je devrais acheter de l’aliment. » Et pour Guillaume, peu importe le poids des vaches, pourvu qu’elles soient rentables.

Valoriser les petites carcasses

Dans chaque région de France, Lidl valorise la viande d’exploitations locales avec pour principale contrainte une fourchette de poids. « Il faut des carcasse entre 380 et 440 kg » explique l’éleveur. En bref, des petites carcasses pour fournir des morceaux bien calibrés au consommateur. Pour le reste, la filière est peu regardante. « Pas besoin d’aller chercher du tourteau non-OGM ou de répondre à des contraintes sur le pâturage ». « Ils savent qu’on sait travailler. Pas besoin de toutes ces fioritures pour faire de la bonne viande » complète son père.

Guillaume Halipré – Wierre-Effroy (62)
68 ha de SAU
75 % de la surface en herbe
25 % en cultures (blé – orge – avoine) à destination des bovins
80 vêlages
IVV : 376 jours
Femelles : 50 % renouvellement, 50 % viande vendue à 20 mois pour la filière Lidl
Mâles : élevage de taurillons

Lidl est 0,50 € au-dessus du prix du conventionnel

Comme les carcasses sont plus petites, elles sont aussi mieux valorisées. « On les vend environ 0,50 € au-dessus du prix du conventionnel » apprécie Guillaume. Et le prix de vente est revu tous les six mois pour coller aux fluctuations du marché. « Ça met un peu de beurre label rouge dans les épinards » résume George.

Avec ce débouché, Guillaume a peu de remords à réformer jeune. Les vaches et génisses sont échographiées 30 jours après l’IA. Toutes les vaches (ou génisses) vides, ayant perdu leur veau ou avorté sont envoyées à l’engraissement. « Il ne fait pas bon être une vache qui ne fait pas de veaux ici » insiste Guillaume, qui renouvelle 25 % de son troupeau chaque année. « Une bonne vache qui n’est pleine qu’un an sur deux, ça n’est pas une bonne vache » tranche l’agriculteur. « Elle n’est pas rentable ». 

Pour 20 génisses gardées, 15 sont écoulées via le discounter allemand. Le distributeur valorise également 50 % des vaches de réforme « Quand elles dépassent les 3 voire 4 ans, on a forcément des poids de carcasse au dessus de 440 kg, mais pour le reste, ça passe » tempère l’éleveur. Les génisses vides sont ainsi vendues à 20 mois après un été au pâturage. Elles partent à 400 kg de carcasse, classées entre R + et U – pour une valorisation qui avoisine les 5,40 € actuellement.

Booster le renouvellement avec le vêlage deux ans

Comme le renouvellement est important au sein du troupeau, Guillaume se doit d’être efficace sur la conduite des génisses. Il mise ainsi sur le vêlage deux ans. « Si mes génisses vêlaient un an plus tard, je ne pourrais pas avoir plus de 60 vêlages » constate l’éleveur qui en tient 20 de plus.

Faire vêler à deux ans permet un retour sur investissement plus rapide. « Dans un système standard, lorsqu’une vache naît, il faut compter trois ans avant qu’elle fasse son premier veau, auxquels s’ajoutent 18 mois d’élevage pour obtenir un taurillon. Bref, ils ne commencent pas à amortir leur vaches avant qu’elle ait quatre ans et demi » décrit Guillaume. « À cet âge là, les nôtres sont parfois déjà mangées » ajoute son père. Et moins d’UGB, c’est aussi moins de capital immobilisé.

Mais pour viser le vêlage deux ans, il faut s’en donner les moyens : « au total, la quantité d’aliment nécessaire à faire pour faire une génisse est la même sur deux ou trois ans ». Chez Guillaume, les veaux sont complémentés sous la mère avec de l’aliment du commerce pendant le premier mois. Ils bénéficient ensuite d’un mélange d’orge, blé et avoine produits sur l’exploitation. « Elles ont tout à volonté » précise l’éleveur, qui veut obtenir des génisses de 400 à 450 kg à 13 mois. Après le sevrage, les génisses bénéficient d’enrubannage de ray-grass et trèfle, de paille, du mélange de céréales et de minéraux. Les femelles affichent ainsi un GMQ d’environ 1 kg de la naissance à l’insémination.