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Reportage chez J-F Bellet

« J’agrandis mon étable pour garantir mon rendement en pomme de terre »


TNC le 02/10/2023 à 09:58
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Le bâtiment des vaches allaitantes est achevé. Un bâtiment attenant est en cours de construction pour héberger les réformes et taurillons. (© Terre-net Média)

Agriculteur dans le Pays de Caux, Jean-François Bellet investit dans un nouveau bâtiment de vaches allaitantes. Installé en polyculture-élevage, il mise sur la complémentarité entre les deux ateliers pour sécuriser ses rendements et transmettre un outil pérenne à ses enfants.

« J’ai 54 ans, et j’ai connu le Pays de Caux avec 50 % d’herbages » introduit Jean-François Bellet. Entouré de ses deux fils, Louis et Édouard, il est soucieux de transmettre un modèle agricole pérenne à ses enfants. Pour maintenir la fertilité de ses sols, l’agriculteur normand mise sur l’élevage. De 40 vaches allaitantes en 2016, il fait évoluer son troupeau pour atteindre les 90 vêlages.

EARL Bellet
70 vaches allaitantes charolaises — 90 à horizon 2025
Troupeau 100 % à l’IA
Vêlages groupés d’automne sur 10 semaines
GMQ mâles à 6 mois : 1,984
GMQ femelles à 6 mois : 1,722

Sa motivation : la production de matière organique — et de viande – bien entendu ! « Quand je me suis installé, on vidait les fosses des éleveurs de porcs presque pour leur rendre service. Aujourd’hui, le lisier s’achète ». Convaincu qu’un marché de l’azote, comme de la matière organique est en train de se mettre en place, l’éleveur ne veut pas être en reste. « Nous avons des terres qui supportent les cultures industrielles, mais il ne suffit pas de manger son pain blanc. Je veux transmettre ce potentiel de production à mes enfants ».

D’autant que ses garçons approuvent la démarche. « Cela fait 40 ans que l’exploitation est à l’IA, le niveau génétique est là. Autant le valoriser », estime Louis Bellet du haut de ses 19 ans. Mordu d’élevage, il voit dans ce bâtiment une opportunité pour s’installer plus tard. « Il ne faut pas raisonner à court terme, sinon l’investissement n’est pas rentable. Mais j’aurai toute ma carrière pour l’utiliser ». Si l’atelier grande culture aide aujourd’hui à financer le projet, tous pensent que l’étable sera un plus pour les productions végétales. « L’élevage, c’est peut-être ce qui nous permettra demain d’aller grappiller les derniers points de protéines en blé ou les dernières tonnes de rendement en pomme de terre », ajoute son frère Édouard, plutôt porté vers le végétal.

Un investissement de 700 000 €

Un bâtiment de 70 places pour vaches allaitantes est donc sorti de terre il y a peu. Un second, qui hébergera 50 taurillons ainsi que 30 mères allaitantes prochainement réformées, sera livré au printemps. L’objectif à terme est de fonctionner en circuit fermé, pour engraisser l’intégralité des animaux sur l’exploitation.

L’investissement reste conséquent : près de 700 000 €. Les deux projets ont bénéficié de subventions de la région à hauteur de 35 %. « Sans subventions, je pense que l’on n’aurait pas forcément fait les deux bâtiments en même temps », tempère Jean-François. Et si les chiffres peuvent donner le tournis, l’agriculteur garde les pieds sur terre : « l’investissement est important, mais j’entends bien dégager une rentabilité, et ce avant le fin du remboursement du prêt ». « Lorsqu’on achète un tracteur, on investit près de 200 000 € et le capital déprécie très vite. Le bâtiment coûte plus cher, mais il sera encore là dans 20 ans ».

En plus de la viande et de la production de matière organique, l’agrandissement de l’étable est prétexte à s’intéresser aux énergies vertes. Un projet photovoltaïque de 850 kw permet de valoriser différemment le nouveau bâtiment. « En agrandissant, on prenait près de 1 000 m² de surface agricole. On voulait la rentabiliser au maximum », ajoute Louis.

Réintroduire des prairies temporaires

Pour tirer pleinement profit du système de polyculture élevage, la famille Bellet envisage de revoir son assolement. À terme, la sole de colza, blé et orge va être revue à la baisse au profit des prairies temporaires. « L’objectif est d’avoir 5 années d’herbe sur une parcelle, puis 5 ans de cultures industrielles », détaille Jean-François. Une manière pour l’éleveur de continuer les cultures de vente, tout en travaillant ses sols.