Combien coûte un bâtiment d’élevage aujourd’hui ?

Le coût d'une stabulation en aire paillée intégrale a augmenté en moyenne de 30 % en 2022. Une hausse qui a mis un frein à bon nombre de projets de bâtiments.

Difficile de planifier un projet de construction dans le contexte inflationniste. Pour y voir plus clair, les chambres d’agriculture de l’Indre et de la Creuse se sont associées pour proposer une synthèse des coûts de construction pour les hangars à fourrages et stabulation en aire paillée.

Hausse de 30 % sur les matériaux

Après plusieurs années de hausse modérée (autour de 3 % par an entre 2017 et 2021), les prix des matériaux de construction ont explosé courant 2022. Une augmentation de 31 % a été enregistrée durant la période post-covid et le début de la guerre en Ukraine. Les premiers mois de l’année 2023 laissent cependant espérer une bouffée d’oxygène pour les éleveurs, avec une sensible orientation à la baisse sur le prix des matériaux.

« Contre toute attente, les augmentation ont touché tous les types de stabulations » explique Renaud Selles, conseiller spécialisé en bâtiment à la Chambre d’Agriculture de la Creuse. « On aurait pu croire que les structures acier seraient davantage concernées, avec le siège de l’aciérie de Marioupol, mais le prix des charpentes en bois a aussi augmenté ». Le poste charpente et couverture représente généralement la plus grosse enveloppe d’un projet de bâtiment.

3 407 € par place

D’après les travaux des chambres d’agriculture, faire construire un bâtiment vaches allaitantes en aire paillée intégrale revient à 3 407 € par vache en moyenne (données du 1^er semestre 2022). C’est 1 000 € de plus qu’en 2018. « Il y a cinq ans, on estimait le coût moyen à la place à 2 200 € » souligne Louis Thomas, conseiller à la Chambre d’Agriculture de l’Indre. À noter que le prix des bâtiments correspond à une stabulation comprenant des boxes à veaux, des cases de vêlage et une surface d’aire paillée de 13 à 14 m² par couple mère/veau.

Le principal poste permettant de réaliser des économies concerne la maçonnerie. Pour les soubassements, installer des plateaux en bois (1,60 m) sur des longrines de béton (40 cm), est moins cher que la mise en place de murs béton de 2 m. La différence de coût avoisine les 60 à 75 € par place en moyenne. L’autoconstruction est aussi une solution pour réduire les coûts. Attention toutefois à ce que le chantier ne prenne pas le dessus sur les autres travaux de l’exploitation.

« Lors de l’implantation d’un projet, le choix du site est très important car il conditionnera très fortement le prix du terrassement (déblai-remblai, matériaux, accès…) » précisent également les conseillers.

Des taux d’intérêt autour des 5 %

Mais malgré ces quelques astuces, l’inflation a coupé court aux projets de construction. « On commence tout juste à avoir de nouveaux devis », admet le conseiller de l’Indre. Même constat dans la Creuse. Un recul qui s’explique également par le gel des subventions dans les régions concernées sur la fin 2022. « Mais les aides devraient reprendre à l’été ».

« Les trois quarts des bâtiments d’élevages construits aujourd’hui comprennent des installations photovoltaïques », poursuit Louis Thomas. Une manière de réduire les annuités via la production d’énergie, mais aussi d’apporter des garanties supplémentaires aux banques. Car les taux d’intérêt sont à la hausse. « Jusque là, nous n’avons pas eu de retour d’exploitants à qui on aurait refusé un financement, mais les taux ont pris 3 à 4 points ».

138 €/m² pour un hangar

Le coût moyen d’un bâtiment de stockage est de 138 €/m². C’est 50 € de plus au mètre carré qu’en 2018. Le coût comprend le terrassement, les fondations, la charpente et la couverture, ainsi que le bardage de deux pignons et une façade.

Pour réduire les coûts, la maçonnerie et le terrassement sont une fois de plus les leviers à privilégier. Limiter la surface bardée est également une solution. À noter qu’un bardage coûte entre 30 et 40 €/m².