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Dans le Lot-et-Garonne

20 000 € pour se lancer et relancer l’élevage


TNC le 04/03/2020 à 14:41
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Afin de redynamiser l'élevage dans le Lot-et-Garonne, la Chambre d'agriculture propose une aide de 20 000 € pour financer l'achat d'animaux. D'abord dédié à la relance de la race bovine allaitante locale, la Garonnaise, le dispositif a été étendu à l'ensemble des bovins, ovins et caprins, lait comme viande. Premier bénéficiaire de l'opération, Ludovic Bulit a reçu dix génisses le 11 février dernier.

En cinq ans, de 2013 à 2018, le Lot-et-Garonne a perdu 36 % de ses bovins et 20 % de ses éleveurs. Pour freiner l’hémorragie dont est victime l’élevage départemental, la chambre d’agriculture a engagé en novembre 2019 un plan de relance de la race bovine allaitante locale, la Garonnaise. Jadis utilisée pour tirer la charrue et produire des veaux sous la mère, elle a ensuite été croisée avec la Blonde des Pyrénées Quercy. Beaucoup moins productive que la célèbre Blonde d’Aquitaine issue de ce croisement, elle s’est peu à peu effacée au profit de cette dernière.

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La chambre d’agriculture entend donc faire coup double : « redynamiser la production de bovin viande en perte de vitesse dans le département, en préservant une race ancestrale dont il est le berceau », explique l’organisme. D’autant qu’elle dispose d’atouts indéniables : rustique et facile à élever, elle s’adapte plus facilement que d’autres races aux zones de coteaux lot-et-garonnaises, et peut valoriser ces surfaces non cultivables et les nombreuses pâtures de la région. En outre, elle montre une très bonne rentabilité herbagère et une excellente fertilité. 

Valoriser les prairies et les zones difficiles

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L’opération a même un triple but : il s’agit aussi de « relancer l’installation de jeunes éleveurs » et la vie socio-économique dans les territoires autour. Ainsi, une enveloppe de 20 000 € est octroyée pour la reprise ou la création d’un atelier de vaches allaitantes garonnaises, hors cadre familial dans le premier cas et pour tout type d’exploitations dans le second. Installé depuis cinq ans sur la ferme familiale à Castella, au nord d’Agen, Ludovic Bulit est dans la deuxième situation. Producteur de céréales récemment converti à l’agriculture biologique, il possède néanmoins quelques prairies qui ne peuvent pas être cultivées. « Faire pâturer des animaux » permettrait alors de les exploiter.

Ludovic réfléchit à cette idée pendant un an avant de tomber sur un article de Campagnes 47, le magazine de la chambre départementale d’agriculture, annonçant le lancement de la démarche. Être soutenu financièrement pour acheter ses premiers animaux semble une opportunité intéressante pour le jeune producteur. Et participer à la « préservation d’une race locale ancienne » lui plaît, surtout la Garonnaise qu’il a découverte par hasard sur un marché quelques mois auparavant. « C’est une jolie vache, précise-t-il. J’apprécie sa petite taille comparé à la Blonde d’Aquitaine, ses qualités laitières pour les veaux, sa rusticité et sa facilité d’élevage. Étant double actif, ces deux derniers critères sont essentiels pour éviter une trop lourde charge de travail. »

« Des génisses prêtes à vêler pour démarrer rapidement »

Coup de fil à la chambre, visite de la ferme, constitution et examen du dossier : le projet s’est concrétisé en deux-trois mois. Le 11 février dernier exactement, une dizaine de génisses pleines sont arrivées sur l’exploitation de Ludovic Bulit, en provenance du département voisin de la Dordogne. « De la demande d’aide à la recherche et à l’acheminement des animaux, la chambre d’agriculture s’occupe de tout. J’ai simplement spécifié que je voulais des bêtes prêtes à vêler. Avec des mises bas prévues en avril, je vais pouvoir démarrer rapidement la production. »

Ludovic renoue ainsi à la fois avec l’identité d’un territoire et avec la tradition familiale, ses parents ayant arrêté l’élevage laitier et allaitant quelques années avant leur retraite. Son objectif est de développer le cheptel pour ne plus avoir besoin de sa deuxième activité dans les travaux publics et peut-être se diversifier dans la vente directe. « Comme la déprise de l’élevage en Lot-et-Garonne touche toutes les filières et pas que les bovins allaitants, nous avons vite ouvert le dispositif aux vaches laitières, puis aux ovins et caprins, lait comme viande, quelle que soit la race, puisqu’il n’en existe pas de locale dans ces productions, indique la Chambre d’agriculture. Depuis novembre, 20 agriculteurs nous ont sollicités et trois d’entre eux ont déjà obtenu l’accord de notre bureau, dont Ludovic Bulit et Benjamin Lefranc en bovins lait. »