Quel logement pour nos vaches demain ?
TNC le 27/06/2022 à 08:Jun
Avec un parc bâtiment vieillissant et un nombre d'éleveurs en baisse, quel avenir donner aux stabulations bovines ? C'est le sujet du réseau mixte technologique "Batice" animé par l'Idele et la chambre d'agriculture de Bretagne.
« Il existe une grande diversité de logements pour les vaches laitières en France. Les bovins viande sont quant à eux dans des systèmes plus simples (majoritairement en aire paillée), et les veaux de boucherie sont quasiment tous sur caillebotis. Mais il n’y a aucun standard », explique Bertrand Fagoo de l’institut de l’élevage à l’occasion d’un webinaire sur les bâtiments d’élevage.
Un parc bâtiment vieillissant
Nos stabulations sont assez vieilles, surtout en allaitant. « Selon les derniers chiffres de 2015 (avant le PCAE, ce qui signifie que les chiffres ont pu évoluer), 41 % des élevages bovins viande comptaient une dernière construction ou rénovation de bâtiment de plus de 20 ans. Et 22 % en vaches laitières. Les besoins en termes de rénovation sont donc importants. »
Équipement = investissements
Les bâtiments et équipements pèsent lourd dans les coûts de production : 63 % des annuités/EBE en vaches laitières, 57 % dans les élevages allaitants NE, et 45 % en veaux de boucherie (chiffres avant rémunération de la main d’œuvre selon les données Inosys 2019). De quoi limiter la capacité d’investissement derrière…
La modernisation engage sur le long terme : il s’agit de capitaux immobilisés en plus (desquels découle aussi une charge mentale accrue liée à l’obligation de résultat).
« C’est pour cette raison que les éleveurs tentent au maximum de réutiliser l’existant avec des extensions ou des réaménagements », détaille Bertrand Fagoo. Pourtant, la modernisation des bâtiments a permis d’améliorer la productivité de la main d’œuvre en améliorant les conditions de travail.
Des bâtiments à bien réfléchir
Le RMT « Batice », réseau d’échange multi-acteurs et inter-filières, mène plusieurs réflexions autour des bâtiments d’élevage en se projetant à l’horizon 2040. Bertrand Fagoo, qui représente la filière ruminant, liste les différents enjeux autour des constructions :
– Le bien-être animal (notamment pour améliorer le confort), avec un comparatif des différents types de logements, intégrant des nouveautés comme les litières tamisées, ainsi que la question de l’accès au pâturage toute l’année ;
– L’adaptation au changement climatique (via la ventilation, l’apport d’ombre…) ;
– La santé animale et la biosécurité, en spécialisant les bâtiments selon les catégories d’âges et les besoins, et en travaillant sur l’optimisation des circuits (avec quarantaine, vide sanitaire, etc.) ;
– L’environnement et la maitrise des émissions ;
– L’énergie (objectif : limiter l’emploi des ressources et réduire la dépendance énergétique) ;
– La durabilité : maitrise des coûts, valorisation des bâtiments anciens, être en phase avec les demandes sociétales et/ou l’aval…
De plus gros élevages très équipés et/ou embauchant de la main d’œuvre, ou des cheptels de petite taille dans des bâtiments simplifiés ?
Sur ce dernier point, le chef de projet se questionne : « Est-ce qu’on continuera à agrandir les élevages pour maintenir la production malgré la baisse du nombre d’éleveurs ? Si oui, cela se fera-t-il grâce au « high tech » ou grâce au salariat ? Ou est-ce qu’on ira plutôt vers une baisse de la production, avec des élevages aux constructions simplifiées et de plus petite taille réduisant ainsi les capitaux immobilisés ? »