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Dossier : Crise sanitaire

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Restaurants fermés et grippe aviaire

La palme du cumul pour les éleveurs de canards


AFP le 15/12/2020 à 11:Dec
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Double peine pour les éleveurs français de canards : à dix jours de Noël, il doivent non seulement écouler leurs foies gras et canettes n'ayant pu trouver le chemin des restaurants fermés pour cause de confinement, mais aussi circonscrire la grippe aviaire qui a déjà touché cinq exploitations.

« C’est une année 2020 compliquée pour la filière volailles. Je trouve que les gens réagissent de façon calme, très structurée, prenant un problème après l’autre », remarque Anne Richard, directrice de l’interprofession Anvol, qui rassemble les producteurs de poulets, dindes et canards maigres (hors foie gras). « On garde le moral », affirme-t-elle, en pleine campagne annuelle pour que les Français pensent à garnir la table du réveillon de volailles festives.

Sur le terrain pourtant, les mauvaises nouvelles s’accumulent : deux confinements décrétés pour endiguer l’épidémie de Covid-19 ont mis à l’arrêt les restaurants, grands acheteurs de produits à base de canards, et l’influenza aviaire (communément appelée grippe aviaire) a fait son retour en fin d’année dans les élevages. La France a immédiatement perdu son statut indemne vis-à-vis de la maladie, et vu les pays tiers (hors UE) que sont la Chine et la Corée du Sud fermer leurs portes à ses volailles, a rapporté à l’AFP Loïc Evain, directeur général adjoint de l’alimentation au ministère de l’Agriculture.

30 000 canards abattus

L’influenza, hautement contagieuse et mortelle pour les oiseaux, a infecté coup sur coup cinq élevages de canards, dont trois dans les Landes, un département traditionnellement producteur de canards gras, élevés pour leur foie et les confits. Les deux derniers foyers, en Vendée et Deux-Sèvres, touchent des exploitations de canards maigres, dont un élevage de reproducteurs où les mesures de protection sont logiquement plus élevées. Les animaux sont systématiquement abattus : un peu plus de 35 000 oiseaux à ce jour tous foyers confondus, dont environ 30 000 canards, selon des chiffres communiqués à l’AFP par le ministère.

« Quand il y a un cas, on se retrousse les manches et on essaie de circonscrire (la maladie). Ça se met en place très rapidement, dans le calme, parce qu’on a des procédures écrites depuis les précédentes crises » lors des hivers 2015-16 et 2016-17, poursuit Mme Richard. Même ton rassurant du côté de l’interprofession du foie gras, le Cifog. Sa directrice Marie-Pierre Pé a ainsi vanté auprès de l’AFP la réactivité et les moyens mis en oeuvre pour endiguer l’épidémie. Sans commune mesure, selon elle, avec le « fonctionnement empirique » voire « moyenâgeux » qui prévalait quelques années plus tôt.

Des coûts de production en hausse

La profession se dit davantage soucieuse de la fermeture des restaurants jusqu’au 20 janvier, au mieux. Après le premier confinement, le Cifog avait estimé à 50 millions d’euros le manque à gagner pour la filière foie gras. Concernant les répercussions du second, relève Mme Pé, « tout dépend du déroulement des achats des ménages pour les fêtes et dans quelle mesure il y aura une compensation de la perte de la restauration », qui compte d’ordinaire pour 40 % du marché français. En prévision de tablées réduites à cause du Covid, des conditionnements miniatures ont été mis en rayon.

Du côté de la filière canards maigres, qui seront consommés entiers, en aiguillettes ou manchons, il a été décidé de réduire la production de 20 % par rapport à 2019 « pour ne pas créer de stocks ». « On essaie de ne pas produire des animaux qui ne vont pas trouver preneur », résume Anne Richard. Conséquence : moins de revenu pour les éleveurs, qui comptent sur les aides publiques destinées aux fournisseurs de la restauration pour compenser partiellement ces pertes de chiffre d’affaires.

Un souci vient encore compliquer l’équation : la hausse des prix des céréales (soja, blé, maïs) entrant dans l’alimentation des volailles, du fait de la forte demande d’une Chine désireuse de reconstituer ses stocks depuis le printemps, notamment de maïs. « Une revalorisation du prix payé aux éleveurs, via une répercussion des hausses des coûts de production, est vitale », soulignait récemment dans un communiqué Jean-Michel Schaeffer, président de la Confédération française de l’aviculture (CFA), section spécialisée de la FNSEA.

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