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Semences

Vilmorin mise sur les partenariats et la recherche face à la concentration


AFP le 17/10/2019 à 15:20
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Vilmorin affiche son ambition de devenir « un acteur global en semences de maïs ». (©TNC)

Face aux concentrations récentes du secteur agro-chimique mondial, le quatrième semencier mondial Vilmorin affirme parier sur des partenariats locaux avec d'autres grands du secteur et le renforcement de sa recherche, notamment sur les biotechnologies et les OGM.

Un accord avec le Broad Institute aux Etats-Unis (MIT et Harvard), conclu en octobre 2018, a donné au groupe français l’accès « aux technologies d’édition du génome », à ce jour interdites dans l’Union européenne car associées aux OGM, a souligné mercredi Daniel Jacquemond, directeur général délégué du groupe, lors d’une rencontre avec la presse après l’annonce de ses résultats annuels mardi. « Nous sommes en train de réfléchir à élargir notre portefeuille de licences sur ces technologies d’édition du génome », a-t-il ajouté.

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40 % des activités du groupe sont réalisées hors Europe. Vilmorin, comme tous les semenciers mondiaux, est d’autant plus intéressé par les techniques de biotechnologies végétales et d’édition du génome qu’elles permettent d’accélérer le processus de création de nouvelles variétés de semences, en gagnant deux à trois ans sur les sept à dix ans nécessaires pour créer une nouvelle semence.

Sur l’exercice en cours 2019-20, les dépenses de recherche devraient ainsi être « supérieures à 255 millions d’euros » contre 241,5 millions en 2018-19, a indiqué le groupe mardi soir. La stratégie de partenariats est illustrée par les résultats de la société américaine AgReliant, spécialisée dans les semences de grandes cultures, dont Vilmorin possède 50 %, à parité avec l’Allemand KWS.

Avec Syngenta, « pas forcément d’accord structurel »

« En 2015, nous avons signé un accord avec Syngenta nous donnant accès pour 20 ans à toute la plate-forme technologique de Syngenta sur les OGM du maïs existant en 2015 et ceux à venir, sans royalties pendant 15 ans et avec des royalties réduits pour les cinq dernières années. Avec KWS, nous avons payé ensemble une somme forfaitaire de 300 millions de dollars pour cela », a expliqué Daniel Jacquemond.

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« Il est logique qu’une fois qu’on a établi une bonne collaboration, on puisse réfléchir à des accords d’échanges sur les ressources génétiques » dans l’autre sens, soit de Vilmorin vers Syngenta, a-t-il suggéré, en précisant toutefois qu’il ne s’agit « pas forcément d’accord structurel ». « Nous pouvons licencier une partie de nos ressources génétiques » a-t-il dit, en indiquant que Vilmorin avait des échanges du même type avec l’autre grand semencier mondial Monsanto (racheté en 2018 par l’allemand Bayer) notamment au Brésil.

Un tel rapprochement semble notamment possible concernant le maïs, plante stratégique aux États-Unis, où le marché est ultra-dominé par Bayer et l’Américain Corteva qui contrôlent à eux deux 65 % du marché. D’autant que Vilmorin affiche son ambition de devenir « un acteur global en semences de maïs ».

Or aux États-Unis, AgReliant a une part de marché de 7 % en maïs, et Syngenta de 5 % à 6 %, a fait remarquer Daniel Jacquemond. Selon ses propres estimations, Vilmorin est devenu lors de son dernier exercice le numéro un mondial pour les semences potagères, en pariant aussi bien sur des variétés mondiales stratégiques, comme la carotte, le poivron, le melon, le concombre et la courgette, que sur des variétés de niche régionales, comme la courge Kabocha, numéro un au Japon, le potiron de Halloween aux États-Unis ou les endives en France.

Mais sur un plan plus global, incluant les semences de grandes cultures, avec un chiffre d’affaires de 1,39 milliard d’euros, Vilmorin reste loin derrière les trois grands géants mondiaux récemment constitués : Bayer, l’Américain Corteva Agriscience issu de la fusion de Dow Chemical et Dupont, et le Suisse Syngenta racheté par le Chinois ChemChina.

Selon des estimations de Vilmorin, Bayer-Monsanto réaliserait un chiffre d’affaires semences de 9 milliards d’euros, dont environ 700 millions dans les potagères, Corteva pointe à près de 7 milliards et Syngenta à plus de 3,5 milliards. Vilmorin, filiale de la coopérative française Limagrain, cotée en Bourse, est un semencier pur, non impliqué dans les activités de chimie, à la différence des trois géants du secteur.