Accéder au contenu principal
Agriculture du vivant

Vers une labellisation de ces pratiques ?


TNC le 06/03/2019 à 18:04
fiches_Itw_Francois_Mulet

L'agriculture du vivant regroupe l'ensemble des pratiques basées sur la fertilité naturelle des sols. Selon François Mulet, le lien entre ces techniques agricoles et la valeur nutritive des produits a été démontré par différents experts. La question d'un label est donc en cours de réflexion afin d'accompagner les agriculteurs dans ces pratiques et à terme, valoriser leurs produits.

L’ agriculture du vivant, quèsaco ? « C’est une tentative de faire front commun entre le maraîchage sur sol vivant, le semis direct sous couvert, l’agriculture de conservation des sols, la permaculture, l’agroforesterie, les vers de terre et les mycorhizes…  », présente François Mulet, co-fondateur de Ver de terre production, mais aussi agronome, fondateur de  » Maraîchage sol vivant » et de l’association  » Pour une agriculture du vivant ». « L’idée est de créer un modèle agricole et des techniques agricoles qui soient basés sur les principes de la fertilité naturelle des sols ». Afin de faire connaître et avancer toutes ces démarches, les premières Rencontres internationales de l’agriculture du vivant ont été organisées fin février 2019.

Une première édition qui a porté ses fruits

Réunissant près de « 65 spécialistes du sol vivant, de la valeur nutritive, de l’agronomie, etc… » et plus de 1 700 auditeurs sur 5 jours, l’événement a connu un véritable engouement. Il a permis d’établir un consensus, entre les différents acteurs venus du monde entier, sur les principes de base de l’agriculture du vivant : « il faut couvrir les sols, faire de la photosynthèse et arrêter le travail du sol. Au contraire, il faut nourrir les vers de terre pour que ce soit l’activité biologique qui réalise ce travail », commente François Mulet.

L’autre message fort de cette première édition : des experts ont montré « la relation entre la densité nutritive des produits et les techniques agricoles en amont. […] Ce lien est clair : sol pauvre en vie, nutrition pauvre en vie… Et inversement, on obtient des aliments très nutritifs quand on reconstruit biologiquement les sols », commente l’agronome. De plus, des outils « bon marché » pour mesurer la valeur nutritive ainsi que la valeur biologique des sols pourraient être bientôt disponibles.

Vers la création d’un label « agriculture du vivant » ?

À l’heure actuelle, tous les agriculteurs engagés dans des pratiques d’agriculture du vivant n’ont aucune valorisation de leurs produits, mais c’est en train de changer ! Suite aux différentes avancées, de nombreuses réflexions sont en cours. La transition vers les sols pouvant être longue, « cela ne nous semblait pas très cohérent d’avoir un cahier des charges figé », explique l’agronome. Aujourd’hui, « on pense plutôt à une démarche d’accompagnement technique dans un premier temps, avant d’avoir un label consommateur », qui, il l’espère, verra le jour rapidement avec les outils de mesure potentiels. « La démarche se fait sur la filière longue, c’est-à-dire que l’on travaille avec des distributeurs, des coopératives, des acteurs de l’agroalimentaire… et on aide les producteurs qui ont envie de se lancer. […] Se pose également la question d’étendre cette notion de labellisation à une sécurisation des prix, une contractualisation plus longue… pour une véritable reconnaissance de la démarche par toute la filière  ». Autrement dit, « ce n’est pas juste l’agriculteur qui se lance dans ces pratiques et qui est noyé au milieu des autres, mais c’est bien l’ensemble de la filière qui bouge pour reconnaître son travail ».

Aujourd’hui, l’accompagnement technique est déjà mis en place et « les cahiers des charges qui permettent année après année de changer de pratiques sont rédigés ». Certains groupes pilotes sont aussi très avancés avec leurs partenaires sur la majeure partie des filières (grandes cultures, vigne, cultures légumières…). Pour d’autres cultures plus spécifiques où le travail du sol reste prépondérant (pomme de terre), quelques verrous techniques restent encore à lever…

À ce sujet : découvrez aussi l’initiative Sols vivants, qui accompagne des agriculteurs des Hauts-de-France vers des pratiques régénératrices dans leurs systèmes céréaliers et industriels