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Avis d'experts

Vague de froid : quels impacts pour les cultures d’hiver ?


TNC le 15/02/2021 à 08:38
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La chute significative des températures cette semaine inquiète les agriculteurs vis-à-vis de leurs cultures d'hiver. Quelles peuvent être les conséquences ? Selon les experts Arvalis et Terres Inovia, des dégâts ponctuels sont à craindre, surtout avec les sols humides. Détails.

Du côté des céréales, « les conséquences du gel sont difficiles à prévoir à grande échelle », note Jean-Charles Deswartes d’Arvalis-Institut du végétal. « D’une manière globale, les températures minimales ne seront sans doute pas assez froides pour altérer significativement les céréales d’hiver (blé tendre, orge) semées à des dates intermédiaires. Quelques dégâts foliaires seront très probables, notamment là où le vent sera très présent, et la neige trop peu épaisse pour recouvrir totalement les plantes ».

Céréales de printemps semées à l’automne : principales victimes du froid

Mais « compte-tenu de leur sensibilité intrinsèque, ce sont surtout les espèces de printemps semées en automne (orge de printemps, blé dur), qui sont exposées à des dégâts. C’est sur ces parcelles que l’attention doit se porter en priorité », précise l’expert. « Les parcelles semées très précocement (et donc aujourd’hui à des stades avancés) ou à l’inverse très tardivement (en cours de levée ou avant tallage aujourd’hui) » pourront également être exposées car « peu résistantes ».

Jean-Charles Deswartes tempère : « le retour de conditions plus douces, et sans doute ensoleillées et sèches, à partir de la semaine prochaine devrait permettre d’observer rapidement la reprise des cultures ». Néanmoins, cette vague de froid donne un coup de frein au développement des cultures. « Si la seconde moitié de février et début mars ont des températures conformes aux normales de saison, le stade épi 1 cm pourrait être retardé de près d’une semaine dans la moitié nord-est de la France.  »

Et pour les pois d’hiver ? 

Des inquiétudes remontent aussi du terrain concernant les pois d’hiver. Selon Bastien Remurier de Terres Inovia, cette espèce peut « tolérer des températures gélives pouvant aller au-delà des -15°C sous réserve qu’il se soit endurcit grâce à une baisse progressive des températures. […] Hors l’arrivée brutale du gel mi-février, après une fin janvier relativement douce, laisse présager de possibles dégâts de gel selon les prévisions météo et les régions. Les parcelles cumulant des facteurs de risques (stade avancé, note de froid de la variété inférieure à 3, absence de neige, exposition au vent, excès d’eau) sont à surveiller de près », précise l’expert.

L’excès d’eau présent sur plusieurs parcelles pourrait, si la situation perdure lors de la reprise des pois, entraîner « des problèmes d’asphyxie racinaire et de mise en place des nodosités ». Bastien Rémurier rappelle : « l’asphyxie se traduit par un jaunissement et un dépérissement des plantes en lien avec les zones hydromorphes. Un diagnostic de ces parcelles est recommandé dans les prochains jours afin de juger l’impact ou non du gel et/ou de l’excès d’eau ». Comme pour les pois d’hiver, le temps doux de la semaine passée ne semble pas avoir été propice à l’endurcissement des autres légumineuses d’hiver… « L’humidité du sol va également jouer sur l’état des cultures. À suivre d’ici deux semaines », note Agathe Penant de Terres Inovia.

Difficile donc aujourd’hui d’envisager les réelles conséquences de cette vague de froid pour toutes ces cultures d’hiver… Nous reviendrons vite sur le sujet, en espérant que l’impact ne soit pas trop grave.