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Sucre

Tereos renoue avec les bénéfices et se veut confiant, malgré la pandémie


AFP le 03/06/2020 à 11:18
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(©Michel Blossier)

Le groupe sucrier Tereos (marque Béghin Say) a renoué avec les profits en 2019/2020, tournant le dos à la crise historique qu'a connue le secteur, et affiche sa confiance, en dépit des incertitudes liées à la pandémie de Covid-19.

Le deuxième groupe sucrier mondial a réalisé un bénéfice net de 24 millions d’euros après avoir enregistré l’an passé une perte nette retentissante de 260 millions d’euros. Il voit son chiffre d’affaires progresser légèrement, de 1,2 %, à 4,5 milliards d’euros. Parmi les facteurs d’embellie, la reprise du marché européen du sucre, qui représente à lui seul 25 % du chiffre d’affaires du groupe. L’effet est flagrant sur le second semestre de l’exercice décalé du groupe, qui correspond à la nouvelle campagne betteravière.

Le résultat « est encore négatif sur le premier semestre de l’année, puisqu’on a l’ancienne campagne betteravière qui impacte encore nos résultats, avec un résultat négatif de 21 millions d’euros et il est positif sur le second semestre de 45 millions d’euros, ce qui nous amène au global à + 24 », a résumé Alexis Duval, président du directoire de Tereos, lors d’un entretien avec l’AFP. Cet « assainissement du marché européen », redevenu excédentaire, a permis aux cours du sucre de remonter de 300 euros à 370 euros la tonne à la fin de l’exercice, a souligné Alexis Duval.

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Ils ont même atteint 375 euros au mois d’avril, en dépit de la chute des cours qui a affecté en revanche le marché mondial, touché de plein fouet par la crise pétrolière et ses conséquences sur l’éthanol, autre débouché des récoltes de canne et de betteraves qui servent à produire le sucre.

Une évolution qui n’inquiète pas outre-mesure Alexis Duval, même si le chiffre d’affaires du groupe dépend à hauteur de 20 % de l’alcool, la moitié de ce dernier servant à produire de l’éthanol. « On voit bien que malgré la baisse des cours mondiaux et malgré la crise sanitaire, les cours du sucre en Europe sont restés très solides, ils ont même progressé de cinq euros », a déclaré Alexis Duval à l’AFP. « Dans les prochains mois, les cours en Europe ne baisseront pas », a-t-il insisté.

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Lourde dette

En outre, il a souligné la « mécanique de contractualisation » en vigueur en Europe : « tous nos contrats sont fixés jusqu’à la fin de l’année 2020 », a-t-il souligné, avançant que son groupe est « immunisé » aux variations jusqu’à la fin 2020. La division alcool du groupe a elle connu des évolutions très contrastées, en raison de la pandémie de Covid-19. Constituée pour moitié de l’alcool pour la pharmacie et les spiritueux, et pour l’autre moitié de l’éthanol, elle a connu une forte croissance, pour la première, du fait de la demande d’alcool pharmaceutique et une « baisse de la demande pour l’éthanol de 50 % », selon Alexis Duval. Outre cette baisse des volumes, la crise pétrolière a entraîné une baisse des prix de l’éthanol de 30 % depuis le début de l’année, a souligné Alexis Duval. Une donnée qui « a tendance à amoindrir la dynamique mais n’est pas de nature à la remettre totalement en cause ».

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Conséquence de cette chute de la demande en éthanol, le Brésil, premier pays producteur de sucre au monde, a redirigé une grande partie de sa canne vers la production de sucre, faisant plonger les cours mondiaux de 15 cents américains la livre à 8 cents, avant de remonter à 10 cents. « Le marché du sucre mondial est sain, il n’y a pas d’excédent au niveau mondial », a cependant affirmé Alexis Duval. « À partir du moment où avec le déconfinement, la consommation d’éthanol se normalise, on verra le marché se normaliser aussi », a-t-il affirmé, sans toutefois se risquer à faire des prévisions sur le prochain exercice.

Le groupe demeure lourdement endetté, à 2,5 milliards d’euros, en très légère baisse par rapport à l’an dernier. Concernant le projet d’ouverture du capital, qui avait suscité des tensions au sein de la coopérative, il est toujours à l’étude, a indiqué Alexis Duval, qui a cependant précisé, un peu moins d’un an après l’élection d’un nouveau conseil de surveillance, qu’aucun calendrier n’avait été arrêté à ce jour. L’assemblé générale des coopérateurs, qui aurait dû se tenir au mois de juin, a été reportée du fait de la pandémie et devrait se tenir à l’automne.