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Céréales à paille

Semis tardifs : opérer les bons choix


TNC le 23/10/2020 à 18:03
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Les semis tardifs de céréales à paille présentent d’indéniables bénéfices en termes d’exposition aux bioagresseurs et notamment les adventices. Qu’ils soient intentionnels, ou imposés par le précédent cultural, la météo… ils exigent quelques points d’attention primordiaux pour éviter de trop abaisser leur potentiel de rendement.

Limiter fortement les levées d’adventices automnales en cas de forte infestation, tel est le principal intérêt de retarder d’une dizaine de jours le semis d’une céréale. Cela permet également d’atténuer le risque pucerons et cicadelles à l’automne et la pression maladies des cultures (piétin échaudage notamment). De plus, les céréales d’hiver levant assez facilement, elles peuvent se satisfaire d’un lit de semences assez « sommaire ». Quelques précautions restent néanmoins nécessaires pour les semis tardifs, davantage sujets aux accidents, note Arvalis-Institut du végétal. Dans la mesure du possible, « éviter les semis dans des situations trop humides. (…) Mieux vaut sinon retarder le chantier plutôt que de pénaliser l’enracinement ».

Au 19 octobre 2020, 60 % des orges d’hiver étaient semées (48 % à la même date en 2019) et 45 % des blés (27 % en 2019), selon l’observatoire Céré’Obs de FranceAgriMer.

Adapter ses choix variétaux

Pour l’orge d’hiver, espèce sensible au froid, une chute de température avant le début du tallage s’avère très préjudiciable. Selon l’institut technique, « cette menace concerne les trois quarts de la France dès le début du mois de novembre. Pour le blé dur et le blé tendre, les semis sont envisageables fin novembre », selon les régions. Qui dit semis tardifs, dit alors choix d’une variété adéquate. Et en blé tendre, le choix est vaste ! « Les variétés Filon, Rubisko et LG Absalon sont souvent recommandées, par exemple, après des arrachages de betteraves tardifs », indique Alexis Decarrier, animateur de la filière blé tendre chez Arvalis.

« Augmenter la densité de semis est également nécessaire, ceci pour trois raisons : la qualité d’implantation est souvent moins bonne, ce qui limite le taux de levée ; les accidents climatiques surviennent sur des cultures jeunes, entraînant des disparitions de pieds ; la période de tallage est raccourcie, ce qui mène souvent à un manque de talles à épi 1 cm », rappelle Arvalis. Les préconisations sont alors « d’augmenter la densité de 10 % en situations difficiles ou en semis direct » et d’ajouter « 1 % par jour de retard par rapport à la plage optimale de la région concernée ».

Ajustement de fertilisation requis

Malgré toutes ces précautions, les céréales peuvent conserver un décalage tout au long du cycle. Il faut donc veiller à adapter l’itinéraire technique en conséquence, notamment en ce qui concerne la gestion de l’azote. Si le niveau de reliquat azoté et l’état des plantes en sortie hiver sont pris en compte dans la méthode du bilan, « l’objectif de rendement reste la grosse inconnue à cette période », précise Alexis Decarrier. L’expert insiste donc sur la nécessité d’avoir recours à un outil d’aide à la décision (N-Tester, Farmstar…) pour le pilotage de l’azote au stade dernière feuille.

Voir :  Fertilisation azotée – De nouveaux outils de pilotage en temps réel

Et bien que les semis tardifs aient un bénéfice réel dans la gestion des adventices, si les semis sont retardés à cause de conditions climatiques compliquées, il peut être utile de reconsidérer sa stratégie de désherbage des parcelles, rappelle la Chambre d’agriculture du Gers, « soit parce qu’un passage d’automne n’a pas été possible, soit à cause d’une efficacité réduite des désherbages réalisés suite aux conditions très pluvieuses (lixiviation). »

Renoncer à une culture pour une autre plus compétitive

Une fois la plage idéale des dates de semis révolue, la perte de potentiel de rendement par hectare oscille en moyenne entre 0,1 et 0,6 q par jour de retard, selon Arvalis-Institut du végétal. Cela peut néanmoins être « très variable, notamment en fonction des conditions de fin de cycle et du contexte pédoclimatique de chaque parcelle », tempère Alexis Decarrier, animateur de la filière blé tendre. De plus, cette fourchette n’intègre pas la modification de précocité variétale, propice à réduire cette pénalité.
Par exemple, selon une étude menée par l’institut technique en Champagne crayeuse, « après betteraves, la bascule en termes de choix d’un semis tardif de blé ou d’une orge de printemps se situe autour du 15 novembre ». Pour un semis entre le 15 et le 30 novembre, l’orge dégage plus de 3 années sur 4 une meilleure marge que le blé. Dans ce cas, ce dernier ne restera compétitif que dans l’éventualité où l’orge réalise un rendement de 25 à 30 q/ha inférieurs à celui du blé. Au-delà du 1er décembre, plus de tergiversation : hormis un éventuel accident de rendement comparable à celui connu en 2011, l’orge de printemps se révèle alors quasiment toujours plus avantageuse que le blé.