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GIEE Magellan (58)

Retour d’expériences sur l’association tournesol/légumineuses fourragères


TNC le 15/03/2024 à 16:30
Tournesolluzerne

Le GIEE Magellan et Terres Inovia partagent les résultats de leur plateforme dédiée à l'association entre tournesol et légumineuses fourragères. (© Terres Inovia)

Les légumineuses pérennes peuvent offrir des avantages agronomiques en association avec des grandes cultures. Leur contrôle en culture doit cependant être bien géré sous peine de fortes pertes de rendement. Retour sur la plateforme mise en place en 2023 par le GIEE Magellan, en partenariat avec Terres Inovia.

« Couverture du sol, stimulation de l’activité microbienne du sol, libération d’éléments nutritifs, stockage de matières organiques… » sont les différents bénéfices mis en avant par Terres Inovia lorsqu’on choisit d’implanter des légumineuses pérennes dans les parcelles en association avec un colza, un méteil, une orge de printemps ou un tournesol. Cette technique peut être utilisée pour la production de semences, l’implantation de luzernière/prairie ou d’un couvert permanent.

La technique soulève toutefois plusieurs points de vigilance vis-à-vis de la concurrence avec la culture principale. Le GIEE Magellan a choisi de creuser le sujet en 2023, avec la mise en place d’une plateforme dédiée à l’association entre le tournesol et des légumineuses pérennes, en partenariat avec Terres Inovia dans la Nièvre.

(© Terres Inovia)

Plusieurs modalités ont ainsi été testées :

– Différentes légumineuses : trèfle blanc (3 kg/ha), luzerne (10 kg/ha) et lotier (10 kg/ha) ;

– Deux dates de semis : avec le semis du tournesol et au stade 5-6 feuilles du tournesol, limite passage tracteur.

Qu’en est-il des résultats de l’expérimentation ?

« Les légumineuses pérennes ont-elles un impact sur le rendement ? »

Oui. Si « la partie témoin non désherbé montre une réduction de 15 % du rendement par rapport au témoin désherbé, liée à la présence de morelles et d’ambroisies. On peut voir que les légumineuses ont un impact beaucoup plus important sur le rendement : entre – 7 et – 15 q/ha », présente Mickaël Geloen de Terres Inovia.

« Y’a-t-il une époque de semis moins préjudiciable au tournesol ? »

Oui, mais…
« Le semis des légumineuses en même temps que celui du tournesol sécurise leur implantation mais contribue à accentuer la concurrence avec la culture. Le semis décalé au stade « limite passage tracteur » serait plus approprié mais les irrégularités de pluviométrie à cette période rendent la réussite de cette technique trop aléatoire depuis plusieurs années. »

(© Terres Inovia)

« Les couverts permanents ont-ils un effet sur le contrôle des adventices ? »

Oui. « Les légumineuses ont montré leur capacité à concurrencer les adventices dans la mesure où la couverture du sol est comprise entre 50 et 85 %. Cela diffère aussi selon les espèces : la luzerne est plus efficace sur ce plan. Avec un développement plus lent, le lotier aura un effet plus limité. »

Pour permettre la réussite de l’installation du couvert permanent, Mickaël Geloen recommande un broyage systématique après la récolte du tournesol, « pour broyer notamment les cannes de tournesol et permettre la prédation des possibles rongeurs présents (mulots, campagnols…) par les oiseaux. L’objectif aussi est de stimuler les bourgeons axillaires des légumineuses pour encourager leur croissance et augmenter leur couverture du sol ».

« Une pratique risquée, mais pas figée »

Sur la plateforme, le blé a été semé début octobre. « Le trèfle blanc ne montre pas d’arrêt végétatif à l’automne, il maintient une couverture tout l’hiver. La luzerne rentre en dormance en fin d’année, puis commence à reprendre sa croissance en fin d’hiver. Le lotier a une reprise beaucoup plus tardive, ce qui explique pourquoi on voit davantage le blé. La couverture devrait tout de même être identique aux deux autres espèces d’ici le mois de mai », assure le conseiller.

Pour le moment, « la pratique reste risquée au regard des conditions climatiques souvent défavorables (températures élevées et manque d’eau durant la floraison et/ou en fin de cycle). Mais la technique n’est pas figée : les expérimentations vont se poursuivre cette année en diversifiant les dates et les techniques d’implantation, ainsi qu’en testant différentes variétés de trèfle et de lotier. Plus tardives, elles pourraient retarder la concurrence vis-à-vis du tournesol ».

Retrouvez le replay du webinaire dédié à cette expérimentation (à partir de 1h09) :

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