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[Témoignage] Dans le Berry

Quentin Pointereau, céréalier, revient sur la météo de 2019 et ses conséquences


TNC le 27/12/2019 à 06:03
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La période hivernale remplit correctement son rôle de recharge des nappes phréatiques dont les niveaux étaient extrêmement bas dans certaines régions. C'est le cas du Berry, épicentre de la sécheresse estivale. Quentin Pointereau, céréalier dans le Cher, revient sur cette année météorologique marquée par la sécheresse cet été et les pluies à l'automne, et ses conséquences sur son activité d'agriculteur.

Cet été, le département du Cher n’a pas reçu une goutte de pluie entre le 21 juin et le 21 septembre. Pas, ou si peu : « Il est tombé 3 millimètres par-ci, 6 mm par-là, mais rien de significatif », se souvient Quentin Pointereau, céréalier à Lugny-Bourbonnais, commune du sud du Cher, en plein cœur du Berry.

Des plantes « en mode survie »

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la sécheresse avait commencé tôt. Très tôt même, si on en croit l’agriculteur de 32 ans : « L’hiver 2018-19 ayant été très sec, les plantes ont subi un stress hydrique dés le mois de février ce qui a fortement affaibli les colzas. Cela a eu pour effet de décupler leur sensibilité à une attaque d’altises sans précédent, probablement favorisée par un mois de février particulièrement doux et donc très favorable à leur développement. »

La situation est allée de mal en pis par la suite malgré une période plus arrosée de mi-avril à mi-juin. « Grâce à cela, les tournesols et les millets ont eu un très bon début de cycle ». La première période caniculaire de fin juin a eu pour effet de « bloquer complètement les plantes, en particulier les lentilles qui ont énormément souffert » alors que la seconde période caniculaire de fin juillet a fait mal aux cultures d’été déjà en grand stress hydrique.

« À ce moment-là, les plantes sont passées en mode survie », résume le professionnel. « Pour imager le stress qu’ont subi les plantes, on peut notamment parler du millet. Les pieds qui ont épié avant la canicule de fin juillet ont suivi leur cycle normal et été mûrs assez tôt, fin août. En revanche, dans le même champ, certaines talles n’avaient pas épié, la température les a bloquées et les pieds ne se sont mis à fructifier qu’en septembre. D’où bien des ennuis pour les récoltes, car dans le même champ, vous aviez des graines à sur-maturité et d’autres qui n’étaient pas mûres », poursuit l’agronome. Et, dans ces terres très lourdes puisque très argileuses, l’irrigation n’est, normalement, pas nécessaire et finalement peu répandue.

Quentin Pointereau s’est installé en 2017. Sur trois ans d’activité, deux ont été marqués par la sécheresse. (©Quentin Pointereau)

Des rendements très en deçà des résultats habituels

Résultat, mis à part les orges qui ont fait mieux que les années précédentes (80 quintaux/hectare), les autres rendements se passent de commentaires : 2 quintaux pour les lentilles (contre 17 en année « normale ») et 15 quintaux pour les millets.

En Auvergne aussi, les récoltes ont été fortement impactées par la sécheresse : Les agriculteurs auvergnats inquiets après une récolte catastrophique

Depuis septembre, les pluies sont revenues en abondance. Il a fallu composer avec des fenêtres de semis très réduites pour parvenir à semer.

Installé depuis 2017, il est « trop tôt » aux yeux de l’agriculteur pour remettre tout son système en cause. Les deux étés précédents ont été très secs mais « l’année de mon installation avait été plus arrosée ». Il n’empêche, il émet de sérieux doutes sur la lentille dont « les rendements ont été catastrophiques pour tout le monde avec des cours très bas eux aussi ». En revanche, son œil d’agronome a été épaté par « les capacités étonnantes du pois-chiche à résister à de tels coups de chaud ».

Et après un été si sec, « nous n’avons pas eu besoin de faire de travail profond des sols. Le sol très sec se structure de lui-même, il n’est pas nécessaire d’y toucher ». Pour ce qui est des semis, c’est avec … les pluies abondantes qu’il a fallu composer obligeant le céréalier à trouver des fenêtres de semis très réduites.

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