Accéder au contenu principal
[Témoignages] Des terres et des ailes

Mettre en avant les initiatives des agris en faveur des oiseaux


TNC le 12/06/2020 à 18:05
fiches_Andre_Peschard

Porté par la LPO, le programme "Des terres et de ailes" met en avant les initiatives en faveur des oiseaux au sein des exploitations agricoles. Pas moins de 480 agriculteurs y ont adhéré depuis son lancement en 2018. Une démarche qui démontre également le rôle de l’avifaune en tant qu’auxiliaire des cultures. Exemples dans le Loir-et-Cher et en Seine-Maritime.

Ils sont agriculteurs et partagent un même intérêt pour les oiseaux et l’environnement : Marjorie Lambert, son compagnon Joseph Bellet (Seine-Maritime) et André Peschard (Loir-et-Cher) font partie des 480 exploitants agricoles inscrits au programme « Des terres et des ailes », lancé par la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) en 2018.

Communiquer sur le rôle de l’agriculture dans la préservation des milieux naturels

Objectif, mettre en lumière les initiatives prises par les agriculteurs pour favoriser la présence d’oiseaux sur leurs terres : plantation de haies, pose de nichoirs, maintien de l’habitat ou de surfaces enherbées… « C’est un moyen de communiquer sur le rôle de l’agriculture dans la préservation des milieux naturels, pointe Marjorie Lambert. Je trouve injuste qu’on fasse porter le chapeau de la disparition des oiseaux au monde agricole alors que l’urbanisation est largement en cause. »

À la Ferme du Bocage, sur la commune de Goderville (Seine-Maritime), la jeune femme et son compagnon Joseph Bellet ont ainsi planté près de 5 000 arbres et arbustes depuis 10 ans. Installés sur 150 hectares, le couple partage son activité entre grandes cultures et production de volailles Label Rouge. « Les arbres permettent d’ombrer les parcours, offrent une protection contre le vent et isolent du voisinage, reprend Marjorie Lambert. Et ils sont très appréciés des oiseaux ! » Un comptage effectué par la LPO a permis d’identifier un trentaine d’espèces sur l’exploitation.

Des perchoirs pour favoriser la présence des prédateurs du campagnols…

L’exploitation, en agriculture de conservation de sols depuis 2001, connaît des problèmes de rongeurs. Pour y remédier, Joseph Bellet pose des perchoirs destinés aux rapaces diurnes et nocturnes. Un moyen de s’adjoindre les services d’auxiliaires des cultures redoutables : une buse variable peut en effet consommer plusieurs centaines de campagnols par an, une chouette effraie plus d’un millier.

« L’impact sur les rongeurs est avéré, confirme-t-il. Cela contient la reproduction. Attention, ce n’est pas miraculeux non plus. En non-labour, il faut apprendre à vivre avec. » Un à deux perchoirs sont disposés par hectare dans les zones de pullulation. Leur hauteur, sur les conseils de la LPO, atteint 1,60 m. Deux nichoirs conçus à faucons crécerelle ont également pris place à l’arrière d’un bâtiment.

Plus d’infos sur l’exploitation de Marjorie Lambert et Joseph Bellet : 
– Assolement : blé 66 ha, lin textile 34 ha, betteraves 15 ha, colza 30 ha et seigle 2 ha
– Atelier volaille de chair : 85 000 poulets Label rouge/an

…et des nichoirs à la ferme pour pérenniser leur installation

Lui aussi en ACS, André Peschard utilise également des perchoirs. Céréalier sur 130 hectares à La Chapelle-Vendômoise (Loir-et-Cher), il participe à un programme de lutte contre les campagnols par les rapaces : selon le suivi mené par la LPO, cette méthode permettrait de diminuer les populations de rongeurs de 20 à 40 %. Un chiffre qui reste cependant difficile à préciser, les rapaces n’étant pas leurs seuls prédateurs. Ils effraient par ailleurs les pigeons… mais pas les corvidés.

Lire aussi : « Donnons un coup de pouce aux auxiliaires des cultures ! »

Les bâtiments de la ferme abritent également trois nichoirs conçus pour la chouette effraie, le faucon crécerelle et la chouette chevêche. Tous sont occupés. Plusieurs autres doivent être mis en place prochainement. « Le programme « Des terres et des ailes » permet d’être bien conseillé pour leur installation, insiste André Peschard. Les premiers nichoirs que j’avais posés seul ne fonctionnaient pas. La LPO m’a aidé à mieux les positionner. Le résultat a été immédiat. »

Plus d’infos sur l’exploitation d’André Peschard :
Assolement : blé tendre 54 ha, blé dur 10 ha, colza 22 ha, tournesol 9 ha, millet 13 ha, maïs grain 8 ha, orge de printemps 9 ha et avoine 4 ha

Des pucerons au menu des passereaux

André Peschard prévoit également l’implantation de 250 m de haie d’essences diverses. Un habitat essentiel pour bon nombre de passereaux. Des petits auxiliaires qui consomment pourtant de grandes quantités d’insectes : « On a observé des mésanges ou des pouillots véloces se nourrissant de pucerons sur maïs, commente le céréalier. Et les hirondelles mangent les bruches, un ravageur des légumineuses. »

Intéressés pour participer à ce programme ? Rendez-vous sur le site internet du programme « Des terres et des ailes« . L’inscription est gratuite et anonyme et de nombreux conseils sont disponibles en ligne.

Lire aussi : Les abeilles, partenaires privilégiés des producteurs de colza semences