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Etat des nappes phréatiques

Malgré les pluies, les nappes phréatiques restent stables


AFP le 14/03/2024 à 12:20
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La situation est très hétérogène en France avec des pluies conséquentes dans certaines régions, et d'autres qui restent déficitaires. (© Franck Barske de Pixabay)

Les perturbations et les pluies se succèdent mais la situation des nappes phréatiques en France n'a guère évolué depuis janvier : si certains secteurs se sont bien rechargés fin 2023, d'autres restent à des niveaux bas à très bas, comme dans le Languedoc ou l'Alsace, alimentant les incertitudes pour l'été.

Au 1er mars, 46 % des nappes sont au-dessus des normales mensuelles et 36 % restent en dessous, indique jeudi le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), dont les chiffres ne prennent pas encore en compte les récents épisodes méditerranéens, dont la tempête Monica de ce week-end. C’est quasiment comme fin janvier, et largement mieux que l’an dernier à la même époque, quand 80 % des niveaux étaient situés sous les normales. Mais les recharges ont été « hétérogènes », car certaines nappes voient leur remplissage ralentir.

Etat des nappes phréatiques au 1er mars 2024.

 

Les améliorations

Après un mois de janvier « relativement sec, les pluies de février ont probablement eu des difficultés à s’infiltrer en profondeur à travers des sols peu humides » sur certains secteurs, note le BRGM.

Le mois de février a été très contrasté au niveau météorologique, oscillant entre températures printanières avant l’heure -février a été le deuxième plus chaud jamais enregistré en France- alimentant la sécheresse, et des séquences de pluie marquées et persistantes sur certaines régions tandis que d’autres restaient désespérément sèches.

Entre décembre et fin février, la France a enregistré un excédent de pluie d’environ 10 % en moyenne, selon Météo-France.

Une bonne nouvelle pour certaines nappes, de la Bretagne à l’ouest du Massif central et aux Pyrénées-Atlantiques d’une part, et de l’Artois aux vallées alpines d’autre part, qui ont pu se réalimenter avant l’arrivée du printemps, quand la majeure partie de l’eau tombée du ciel sera absorbée par la végétation.

Les points noirs

Mais le point noir reste les nappes du Languedoc et du Roussillon. Les nappes y sont plus basses que l’an dernier et ont même continué à baisser en février sur la plaine du Roussillon et du massif des Corbières, faute de pluie suffisante.

Les nappes du sud de l’Alsace, du couloir de la Saône, du sud du Massif central restent aussi à des niveaux bas à très bas.

Les pluies tombées ces derniers jours ont permis d’atteindre des « pics de crue » sur certaines nappes comme en Nouvelle-Aquitaine et sur l’Artois et « de fortes hausses » localement, par exemple en Provence, a indiqué jeudi lors d’une visioconférence Violaine Bault, hydrogéologue au BRGM.

Concernant le Languedoc, qui a connu ses premières précipitations depuis bien longtemps, « les niveaux des nappes se sont améliorés par endroits mais restent néanmoins insuffisants ».

« Les pluies violentes ne sont pas forcément les plus efficaces pour la recharge des nappes », une grande partie ayant tendance à ruisseler vers les cours d’eau puis la mer, explique Mme Bault. Si l’on ajoute à cela le fait qu’elles sont tombées sur des sols extrêmement secs, elles ont au mieux suffi à réhydrater les sols en surface mais pas les nappes en profondeur.

Prudence pour l’été

Sur le Sud-Est, il est « très difficilement envisageable » d’envisager des niveaux au-dessus des normales d’ici le printemps, estime le BRGM.

Le reste de la France est-il, lui, à l’abri d’une sécheresse estivale ? S’il y a des raisons d’être « assez optimiste » pour certaines régions « en raison d’un début de recharge satisfaisant », le BRGM reste pourtant « assez prudent » pour les prochains mois.

« En cas de précipitations insuffisantes en mars et avril, l’état des nappes pourrait se dégrader rapidement sur les nappes réactives (qui se rechargent et se vident plus vite, NDLR) et lentement sur les nappes inertielles », où l’eau a besoin de plus de temps pour s’infiltrer, prévient l’organisme.

L’incertitude est d’autant plus grande que Météo-France anticipe une tendance à des températures plus élevées pour mars, avril et mai, favorable à l’évaporation et à l’assèchement des sols.

En 2023, après un nouvel été très chaud, deux tiers des départements métropolitains connaissaient encore en octobre une alerte rouge de « crise sécheresse », entraînant d’importantes restrictions d’usage de l’eau pour l’agriculture, l’industrie et les populations.