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Protection fongicide céréales

Le T1 est-il toujours nécessaire ?


TNC le 12/12/2018 à 18:51
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L’intérêt de protéger le blé ne faisait aucun doute il y a quelques années. Les expérimentations montrent désormais que seulement 41 % des T1 réalisés s’avèrent rentables. Les agriculteurs bénéficient, en effet, de variétés plus résistantes aux maladies, permettant ainsi de limiter le recours aux produits phytosanitaires. De plus, les résultats probants de certaines solutions de biocontrôle encouragent aussi dans ce sens.

Généralement réalisé entre le stade 1 et 3 nœuds, le T1 cible dans la majeure partie des cas la septoriose et parfois la rouille jaune, pour les variétés les plus sensibles et les régions les plus océaniques. Il constitue, selon Arvalis-Institut du végétal, « la plus faible des 2 ou 3 interventions fongicides réalisées sur blé tendre […] alors qu’il peut représenter jusqu’à 45 % de l’indice de fréquence de traitement (IFT) ». Grâce à l’évolution génétique, le nombre de variétés moins sensibles à ces maladies a « fortement évolué ».

« Le T1 n’est rentable que dans 41 % des cas »

Ainsi, « s’il y a quelques années, l’intérêt de protéger tôt le blé à ce stade ne faisait pas de doute, ces dernières années ont conduit dans les essais à mesurer un bénéfice limité, sinon négligeable. Dans un contexte de réduction de la dépendance aux produits phytosanitaires, l’intérêt technique et économique de cette intervention a été réévaluée à la lumière des données disponibles ». Depuis 2013, les essais réalisés par le réseau R2E (Réseau d’excellence expérimentale) et Arvalis-Institut du végétal montrent que « les gains de rendement en q/ha permis par le T1, précédant un deuxième traitement (T2), ou deux interventions (T2+T3), varient de – 4 q/ha à + 12,5 q/ha ».

Histogramme du poids net du T1 en q/ha (©Arvalis-Institut du végétal)

En moyenne la contribution au rendement du T1 est de + 2,2 q/ha. Un calcul économique sommaire, tenant compte uniquement du coût des fongicides utilisés et du prix du blé au jour du calcul (16 €/q) montre que le T1 n’est rentable que dans 41 % des cas, et qu’il génère en moyenne une perte économique estimée à – 0,4 q/ha net ».

Plusieurs facteurs jouent sur le poids du T1

À partir des résultats d’essais, Arvalis estime qu’il est envisageable de s’affranchir plus ou moins systématiquement de ce traitement selon les régions et les années en jouant sur la date de semis et la sensibilité variétale, mais surtout en veillant à intervenir assez tôt dès le stade dernière feuille étalée.

En effet, si le T2 est réalisé après gonflement : « le poids du T1 est plus important (+ 4,4 q/ha). S’il intervient plus tôt, sur la dernière feuille étalée, « la contribution du T1 est plus limitée : + 1,6 q/ha seulement ». De plus, « le poids du T1 est estimé à 3,9 q/ha en semis précoce (avant le 16 octobre) contre 2,2 en semis tardif (après le 16 octobre) ».

Le choix des variétés n’est pas anodin non plus : « la réponse du T1 sur une variété sensible (note septoriose ou = 6) ». En fonction des régions, la réponse du T1 peut également différer : « la région où le poids du T1 est le plus important est Bretagne-Pays de Loire (+ 4,8 q/ha), le plus faible Barrois-Lorraine (+ 1,2 q/ha). Les autres régions se situent entre 2,4 q/ha et 3,7 q/ha ».

Des substitutions par des solutions de biocontrôle ?

Dans une démarche de réduction des produits phytosanitaires, plusieurs études sont en cours concernant l’usage de biocontrôle au T1. Parmi les possibilités, le réseau R2E étudie notamment l’intérêt de remplacer une partie du T1 par le soufre. « Dans 70 % des cas, la substitution partielle du T1 par du soufre s’avère techniquement avantageuse par rapport à un T1 conventionnel à sa dose usuelle », selon les essais mis en place entre 2016 et 2018, comparant des programmes de traitement avec T1 conventionnel (dose usuelle) et T1 dose réduite + soufre (la dose réduite représentant systématiquement la moitié de la dose usuelle). D’autres solutions sont en expérimentation comme la combinaison soufre et phosphonate de potassium, qui a « atteint près de 90 % d’efficacité et permet une augmentation de rendement de plus de 20 q/ha dans l’un des trois essais réalisés en 2018 ». Le phosphonate de potassium est en attente d’une autorisation de mise sur le marché. « L’année 2018/2019 devrait apporter les confirmations nécessaires, sur la place potentielle de cette solution au T1 ».

Dans le cadre du réseau Performance, la substitution totale du T1 par le biocontrôle est aussi étudiée. Les premiers résultats montrent que « la substitution totale du T1 par du soufre uniquement n’est possible techniquement, sans pénalité de rendement, que lorsque l’impact global des maladies sur le rendement est limité (< 10 q/ha) ». Des combinaisons de solutions sont aussi expérimentées. « L’option 100 % biocontrôle semble une option à première vue envisageable, lorsqu’il s’agit de lutter uniquement contre la septoriose au T1. En présence de rouille jaune, le recours à une solution conventionnelle ou éventuellement mixte reste nécessaire ». Combinés avec la sélection variétale génétique, les leviers agronomiques et les outils d’aide à la décision, les produits de biocontrôle laissent présager de vraies possibilités de réduction des IFT.