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Face au réchauffement climatique

Le sorgho va-t-il remplacer le maïs ?


TNC le 30/08/2022 à 09:46
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Sorgho ou maïs : lequel choisir en cas de sécheresse ? (©TNC)

Maïs vs sorgho. Le débat est lancé. Avec la hausse des températures, le sorgho va-t-il remplacer le maïs dans les années à venir ? Serge Zaka, agro-climatologue chez ITK, explique que le sorgho n'a pas pour vocation à remplacer le maïs mais peut être une solution dans des terres peu profondes. Sur le terrain, les éleveurs ont aussi leur avis sur la question.

Alors que le manque d’eau a fortement impacté le développement des maïs cette année, le sorgho est parfois érigé en solution miracle par certains en raison de sa meilleure tolérance au manque d’eau et aux fortes températures. Alors le sorgho va-t-il remplacer le maïs dans les années à venir ? 

Serge Zaka, agro-climatologue chez ITK, estime qu’on ne peut pas répondre de façon binaire, par oui ou non, à cette question. Il explique sur Twitter que le sorgho « ne règlera pas tous les problèmes mais fait partie des solutions » à envisager à côté du maïs, dans un contexte de réchauffement climatique. 

Pour un même sol en forte sécheresse, le sorgho produit trois fois plus que le maïs.

Graphiques à l’appui, il explique : « le #sorgho est plus résistant aux fortes températures : c’est un fait scientifique. La température optimale du sorgho est de 35°C, celle du maïs 31°C. Sa pollinisation reste cependant sensible au-dessus de 35°C tout comme le maïs ». Et de poursuivre : « Le #sorgho est moins sensible à la sécheresse : c’est un fait scientifique. Pour un MEME SOL en forte sécheresse, le sorgho produit trois fois plus que le maïs. MAIS, le maïs produit largement plus de matière sèche que le sorgho quand il n’y a pas de stress hydrique ! »

Le sorgho produit plus en cas de stress hydrique pour plusieurs raisons : son système racinaire lui permet de mieux capter l’eau en profondeur, sa durée de croissance est plus courte et il dispose d’une meilleure structure foliaire. 

« Le sorgho n’est pas une plante magique »

Mais l’agro-climatologue insiste : « le sorgho n’est pas une plante magique pour autant. Il faut savoir sortir des résultats scientifiques et regarder la rentabilité sur le terrain. Il existe différents freins à une implantation plus large du sorgho en France ». Il cite notamment des marges de progrès génétiques pour améliorer son rendement et sa valeur alimentaire ; une rentabilité plus faible face au maïs sur les terres à forte capacité de rétention d’eau ou encore une filière insuffisamment développée pour apporter les débouchés nécessaires à cette culture. 

En résumé, le maïs reste plus rentable sur les terres à forte capacité de rétention en eau, alors que le sorgho pourrait tirer son épingle du jeu sur les sols peu profonds. « En produisant du maïs et du sorgho sur les terres qui leur sont respectivement plus propices, cette diversification garantit une production quels que soient les extrêmes climatiques. Le sorgho n’a pas pour vocation de remplacer le maïs en France », conclut Serge Zaka.

Et vous qu’en pensez-vous ?

Sur le terrain, certains agriculteurs ont déjà leur avis sur la question. Farmers3b, éleveur dans le Cambrésis, témoigne en vidéo d’un essai réalisé sur son exploitation cette année : 

Benoît Rouillé de l’Institut de l’élevage lui apporte cependant une objection : « le sorgho a été semé en rattrapage par rapport à un maïs déjà implanté. Pour pouvoir conclure, idéalement, il aurait fallu que les deux soient implantés dans les mêmes conditions. »

Damien Merceron, dans les Deux-Sèvres, cultive du maïs et du sorgho. Cette année, il a ensilé son maïs au 10 août à 5 t MS et il espère atteindre les 13/14 t MS dans son sorgho implanté dans ses terres superficielles. Pour lui : « le maïs et le sorgho sont complémentaires dans une ration. Le sorgho apporte les sucres et le maïs l’amidon »