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[Moisson 2021] Céréales à paille

Grains germés et temps de chute d’Hagberg : trois questions à C. Bar, Arvalis


TNC le 26/07/2021 à 11:24
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Dans plusieurs secteurs, on observe la présence de grains germés dans les parcelles de céréales à paille cette année. Quels sont les risques en 2021 ? Quelles précautions prendre au stockage ? On fait le point avec Christine Bar, chef de service qualités et valorisations Arvalis-Institut du végétal.

1. Quel est le risque de germination des grains sur pieds cette année ?  

Avant de répondre à cette question, Christine Bar, chef du service Qualités et Valorisations chez Arvalis-Institut du végétal, rappelle : « La germination sur pied et la dégradation du temps de chute d’Hagberg (TCH) sont deux choses liées, mais différentes. En effet, quand il y a des grains germés, il y a forcément dégradation du TCH. L’inverse n’est pas vrai : il peut y avoir une dégradation du TCH sans qu’on observe de grains germés à l’œil nu. Dans la plupart des cas, comme observés en 2000, 2001 ou 2014, la dormance des grains s’est bien installée au cours du remplissage. Mais au moment de la maturité physiologique, la conjonction de deux éléments, chute des températures et pluies, entraîne un contournement de la dormance. À ce moment-là, les grains deviennent alors aptes à germer et/ou leur indice de chute d’Hagberg peut se dégrader. »

« Dans certaines régions du monde, il se peut aussi que la dormance soit faiblement ou pas du tout installée au cours du cycle du blé, à cause de fortes températures au début du remplissage (stade grain laiteux/pâteux). Dans ce cas, la moindre pluie peut éventuellement entrainer une germination des grains sur pieds ou une dégradation du TCH. Jusqu’alors ce phénomène n’a pas été observé dans l’Hexagone, mais cela est surveillé compte-tenu du réchauffement climatique. » 

Que retenir alors ? « Tout cela montre que le fait d’avoir de la germination des grains sur pied ou une dégradation du TCH est multifactoriel. Ces phénomènes sont hyper complexes. Il est donc, pour le moment, difficile de quantifier le risque de germination sur pied et de dégradation de l’indice de chute d’Hagberg, car les récoltes sont plus tardives. Oui, le risque existe aujourd’hui et il n’est pas toujours exprimé. S’il l’est, c’est de façon très hétérogène d’une région à l’autre, voire d’une parcelle à l’autre. En termes d’espèces, ce sont probablement le blé dur et le triticale, les plus touchés aujourd’hui, par rapport au blé tendre et l’orge. Les phénomènes climatiques, décrits avant, vont avoir un impact ou non sur le grain, en fonction du stade auquel ils interviennent et selon les variétés. Tous ces critères sont très surveillés notamment par les organismes stockeurs, qui ont mis en place tout ce qu’il faut pour faire de l’allotement. La verse peut également être un facteur aggravant, mais on ne dispose pas suffisamment de mesures aujourd’hui. […] On aura une vision plus précise, avec l’avancée des moissons. »

2. À quel seuil le taux de grains germés est préjudiciable ?

« Il n’y a de relation stricte établie entre le pourcentage de grains germés et le TCH. Néanmoins, la récolte 2014 nous a permis de les mettre en relation. Attention cela reste variable en fonction de ce qui a conduit à la germination. »

« En blé tendre, les acquis de 2014 ont permis de dire qu’au-delà de 2 % de grains germés, l’indice du chute d’Hagberg commence à se dégrader. Au-delà de 5 %, il passe sous un seuil de 100 secondes. Attention, comme on l’évoquait avant, il peut n’y avoir aucun signe de germination sur pied et constater tout de même, un indice de chute d’Hagberg bas. Est-ce que c’est quelque chose que l’on peut observer cette année ? Il est encore trop tôt pour le dire… »

3. Est-il possible de conserver des grains germés ? 

« Oui, c’est possible, mais pas à n’importe quelles conditions, indique Christine Bar. Il faut avoir plusieurs points en tête. Tout d’abord, à la réception, le mieux est d’identifier les lots germés et d’alloter. Cette phase est aussi conditionnée par l’humidité du grain. »

  • Si on n’a pas de grains germés et que leur humidité est inférieure à 15 %, on peut stocker directement en cellules.
  • Si on constate une présence de grains germés et une humidité inférieure à 16 %, il faut penser à un nettoyage du grain. 
  • En cas de présence de grains germés et une humidité supérieure à 16 %, il devient indispensable de sécher et nettoyer avant de passer en cellules. 

« Le nettoyage sert à terminer de séparer les germes des grains. On évite ainsi de mettre en cellules des grains, avec des points d’humidité. En termes d’efficacité, les nettoyeurs rotatifs ou les nettoyeurs plans, avec des grilles adaptées, sont suffisants. »

« Concernant le séchage, il faut viser une humidité inférieure à 14 %. La température de séchage doit être comprise entre 80 et 90°C, et le pilotage du séchage du blé est identique à celui du maïs, il faut notamment bien vérifier la température de l’air… Comme pour le maïs, le temps de pré-stockage doit être le plus limité possible, pour éviter les échauffements et prise en masse (surtout si l’humidité du blé dépasse les 18-20 %). Il faut également être très rigoureux aussi sur la ventilation de refroidissement. »

Sur le sujet, retrouvez un thread très détaillé sur la mesure de l’indice de chute d’Hagberg, réalisé par Denis Beauchamp, président de l’association FranceAgriTwittos et responsable céréales d’une coopérative de l’Allier :